Composée d’acteurs majeurs du secteur privé et de représentants institutionnels, la venue de la délégation kenyane à Mayotte s’inscrit dans la dynamique de coopération régionale engagée depuis la signature, en novembre 2024 à Nairobi, d’un accord entre l’ADIM et la Chambre de Commerce et d’Industrie du Kenya (KNCCI). Baptisée DARAJA – mot swahili signifiant « pont » – cette coopération vise à renforcer les liens économiques, humains et stratégiques entre Mayotte et le Kenya.
« Une diplomatie en actes »
C’est dans la perspective du Sommet Afrique/ France, organisé au Kenya en 2026, que le déplacement d’une délégation kenyane a eu lieu. Ce fut ainsi l’occasion d’échanger avec le Secrétaire général kenyan du Sommet, Benson Ogutu, ainsi qu’avec le Secrétaire d’Etat des Affaires étrangères, Korir Sing’Oei. « Parmi les objectifs de notre venue commune sur l’île figure le souhait de donner à Korir Sing’Oei et à la délégation d’acteurs économiques qui l’accompagne, une vision du potentiel que recèle Mayotte pour des investissements futurs et une intégration régionale renforcée. C’est la première fois qu’un représentant officiel étranger de niveau ministériel se rend sur le sol mahorais », a ainsi indiqué le ministre Thani Mohamed Soilihi.

Au programme de cette visite donc : survol de l’île en ULM pour donner à voir les opportunités sur le plan touristique (océan, biodiversité, infrastructures à développer). Également une séquence agricole dans deux installations du groupe Ekwali pour identifier les perspectives de coopération et présenter plus largement les enjeux pour la filière en cette phase de reconstruction. Ou encore la visite du 1er data center de l’océan Indien à Mamoudzou. « C’est une diplomatie en actes, s’est félicité le ministre français. C’est une collaboration sans précédent avec le Kenya, nous avons eu des discussions poussées avec Korir Sing’Oei ».
Plusieurs conventions de partenariat signées
Il y a environ un mois de cela, Thani Mohamed Soilihi était déjà venu et en tant que ministre de la Francophonie et des Partenariats internationaux il avait insisté sur l’importance des collectivités d’Outre-mer de s’insérer dans leurs environnements géopolitique et géostratégique. A cette occasion, une première convention avec le Kenya sur la formation avait été signée. Samedi dernier, un pas de plus a été franchi avec la mise en place d’un arrêté préfectoral concernant la sécurité alimentaire, ainsi que la signature de plusieurs conventions de partenariat. « L’arrêté préfectoral va faciliter l’importation de denrées alimentaires tout en garantissant la sécurité des produits. Mais ce n’est pas tout puisque d’autres partenariats vont avoir lieu dans les domaines du numérique ou encore des services afin de faire baisser les coûts pour les consommateurs mahorais », a expliqué Thani.
Pour le Secrétaire d’Etat des Affaires étrangères, ces partenariats sont également une formidable opportunité pour ces deux territoires, « C’est une reconnaissance des relations entre le Kenya et la France mais aussi de l’ensemble de ses territoires et de Mayotte en particulier. Nairobi est à seulement 2h30 de Mayotte en avion… Des opportunités existent grâce à cette proximité et celle de nos ports respectifs. Nous avons un savoir-faire en matière d’agriculture, d’alimentation, de technologie, etc. que nous allons pouvoir exporter vers Mayotte afin de satisfaire le marché. Grâce à ces accords, il y aura moins de restrictions à l’importation mais aussi une collaboration plus grande entre nos deux territoires. Mayotte et le Kenya ont beaucoup de points communs, ne serait-ce que la langue swahili… Nous voulons ainsi construire un échange durable », a déclaré Korir Sing’Oei.

Enfin du côté du Medef de Mayotte, là aussi l’heure est aux réjouissances. « Le problème c’est la vie chère, il faut faire baisser les prix… Grâce à ces différents partenariats les échanges vont se développer et s’accroître, les freins vont être levés, c’est un pont qui vient de s’ouvrir entre Mayotte et le Kenya. Après le passage de Chido et ses conséquences désastreuses, le monde économique ne peut que se satisfaire de ces accords afin que Mayotte puisse se relever. A lui maintenant d’effectuer le travail nécessaire et ainsi faire en sorte que ça soit tout Mayotte qui y gagne », nous a confié Fahardine Mohamed.
B.J.