Cette semaine, l’actualité dans l’océan Indien a été marquée par des sujets tels que : la baisse continue de l’épidémie de chikungunya à La Réunion, la relance du projet gazier au Mozambique, des initiatives diplomatiques à Madagascar et des succès sportifs à Maurice. Une région qui, tout en faisant face à des crises, met en avant ses ambitions de relance économique et de coopération stratégique.
La Réunion, une résilience culturelle malgré l’épidémie de chikungunya

Depuis la fin du mois d’avril 2025, La Réunion a vu une diminution continue des indicateurs liés à l’épidémie de chikungunya, après cinq semaines d’intense activité épidémique. Bien que la situation s’améliore depuis la fin avril, avec une baisse des consultations et des hospitalisations, le niveau épidémique reste élevé et la vigilance demeure cruciale, surtout après douze décès confirmés et trente-huit autres en cours d’investigation. Le nombre total de cas atteint 51.000, et 212 cas importés de La Réunion ont été recensés en métropole entre le 1er et le 20 mai, sans transmission secondaire identifiée pour l’instant.
Toutefois, au-delà de cette crise sanitaire, l’île Bourbon a su maintenir un dynamisme culturel exemplaire, avec le Réunion Food Festival 2025 et le Festival du Film d’Aventure qui ont attiré des milliers de visiteurs. Ces événements, mettant en valeur la cuisine locale et la production cinématographique, ont permis de renforcer l’identité culturelle et de témoigner de la résilience de l’île face aux défis multiples.
Au Mozambique, l’espoir d’une relance énergétique

Du côté du Mozambique, les grandes ambitions énergétiques reprennent du terrain après une période d’incertitude. Le 20 mai 2025, TotalEnergies a annoncé son intention de relancer son gigantesque projet gazier au large de la province de Cabo Delgado. Après quatre ans d’arrêt dû à de multiples attaques djihadistes, le géant français envisage désormais de lever la force majeure qui avait suspendu ses travaux en 2021. Ce projet, d’une valeur de 20 milliards de dollars, pourrait transformer l’économie du pays et en faire un acteur majeur sur le marché mondial de l’énergie.
Néanmoins, la situation sécuritaire reste fragile. Le 18 mai 2025, des attaques ont encore frappé la réserve de Niassa, dans le Nord du pays, tuant au moins dix personnes, dont des gardes forestiers. Ce drame montre que les zones de production de ressources naturelles restent vulnérables, malgré des avancées sécuritaires, encore limitées. Le Mozambique est ainsi tiraillé entre l’espoir d’une relance économique majeure et les réalités intérieures d’un contexte politique et sécuritaire complexe.
À Madagascar, la diplomatie au cœur des ambitions régionales

Le Vème sommet des Chefs d’État de la Commission de l’Océan Indien (COI), organisé à Ivato le 24 avril 2025, a placé la nutrition au cœur des débats régionaux. Cette rencontre, marquée par la présence du Président français, Emmanuel Macron, a souligné l’importance d’une approche concertée face aux défis de la sécurité alimentaire dans la zone. Madagascar a également accueilli l’exercice militaire régional « Tulipe 2025 » à Mahajanga, impliquant plusieurs pays de l’océan Indien dans une dynamique de coopération sécuritaire. Ces événements traduisent une volonté claire du gouvernement malgache de s’affirmer comme un acteur central dans les enjeux stratégiques de la région.
Parallèlement à cette activité diplomatique soutenue, Madagascar fait face à des défis économiques persistants. Le premier trimestre 2025 a vu un recul de 1,7 % de l’activité économique, selon la Banque centrale, dans un contexte de fragilité structurelle. Pour relancer la croissance, le président Andry Rajoelina mise sur le tourisme : lors du World Governments Summit à Dubaï, il a vanté les atouts uniques de la grande île pour attirer les investissements. Le pays prévoit aussi une participation accrue aux grands salons internationaux du secteur. Enfin, la nutrition demeure une priorité nationale, avec des objectifs ambitieux de réduction de la malnutrition chronique d’ici 2030, traduisant une volonté d’intégrer pleinement les enjeux sociaux dans les politiques de développement.
L’île Maurice, entre excellence sportive et diversification économique
Maurice a brillé sur la scène continentale en accueillant du 20 au 28 avril 2025 le Championnat d’Afrique d’Haltérophilie à Moka. Avec 24 médailles, dont neuf en or, cet événement a renforcé l’image de Maurice comme acteur sportif majeur en Afrique, au-delà de ses réussites économiques habituelles. Portée par un tourisme florissant, l’île cherche désormais à s’imposer comme un hub moderne pour les services financiers et les nomades digitaux, illustrant sa volonté de diversification et d’adaptation face aux mutations économiques mondiales. Cette stratégie s’inscrit dans un effort global de positionnement international plus affirmé.
Les Seychelles : une ambition économique « verte »

En février 2025, les Seychelles avaient obtenu le statut de pays « conforme » à la norme de la Fisheries Transparency Initiative (FiTI), renforçant leur image de modèle en gouvernance marine. L’archipel poursuit en parallèle sa stratégie de tourisme durable, mettant en avant une gestion responsable de ses écosystèmes et participant activement aux grands salons internationaux du tourisme.
Le label « Sustainable Seychelles » gagne du terrain, avec de nouveaux établissements certifiés, tandis qu’une politique nationale de tourisme durable vient d’être adoptée. Le président Ramkalawan a aussi réaffirmé l’engagement du pays envers les Objectifs de Développement Durable, misant sur l’économie bleue et verte. Malgré ces avancées, des projets comme le développement hôtelier à Assomption soulèvent des inquiétudes environnementales. Les Seychelles cherchent ainsi à maintenir un équilibre délicat entre croissance économique et préservation de leur biodiversité unique.
Cette semaine, l’océan Indien affiche une résilience notable, entre la gestion d’une épidémie majeure, les espoirs économiques et une diplomatie active, illustrant la dynamique de transformation en cours dans la région.
Mathilde Hangard