C’était un aménagement très attendu par les Mahorais et surtout par les habitants de l’agglomération de Mamoudzou pour éviter les embouteillages monstres et quotidiens autour de la ville. C’est désormais officiel, des voies de circulation entièrement réservées aux bus et aux véhicules de secours sont ouvertes pour se rendre à Mamoudzou depuis Passamaïnty. Maintenant il est possible de faire Dembéni-Mamoudzou (Baobab) en un peu moins d’une heure, chrono en main, grâce aux navettes de la ligne 2 de la Cadema. En effet, comptez 45 minutes environ pour aller de Dembéni à Passamaïnty (Pôle d’échange multimodal), et seulement 10 petites minutes pour se rendre à Mamoudzou depuis Passamaïnty.

« C’est un énorme gain de temps pour les gens, avec de la sérénité en plus, et moins de pollution en termes d’émission de gaz à effet de serre, donc une bonne transition à la fois écologique et énergétique», se félicite le maire de Mamoudzou et 1er Vice-président de la Cadema, Ambdilwahedou Soumaïla. « Notre obsession, notamment à travers le projet Caribus, est de faciliter l’accès et l’entrée dans le centre-ville de Mamoudzou pour l’ensemble de la population », ajoute-t-il lors du trajet d’inauguration présenté à la presse ce lundi matin.
Faciliter les déplacements pour accéder à la commune chef-lieu
Pour rappel, la pose de la première pierre du réseau Caribus s’est faite en février 2022, au niveau de Passamaïnty justement. En 2023, fut mis en place les premières navettes gratuites de la Cadema. Et ce lundi 12 mai 2025, la phase 1 du projet Caribus, d’un coût de 80 millions d’euros, reliant Passamaïnty au centre commercial Baobab est enfin terminée et ce malgré le passage de Chido. Sept arrêts de bus sillonnent ainsi les quelques 3km du parcours (Doujani-école, mairie annexe au niveau de la DEAL, un autre à la halle de pêche et le dernier au niveau du complexe sportif de Baobab).

Aussi, afin d’inciter les automobilistes souhaitant se rendre à Mamoudzou, un parking de 250 places au niveau du Pôle d’échange multimodal à Passamaïnty a été aménagé et des navettes Cadema venant de Dembéni ainsi que des taxis de 9 places venant de Vahibé sont proposés gratuitement, pour l’instant, aux usagers. Pour gagner du temps les bus sont équipés de capteurs permettant aux feux tricolores de passer au vert en l’espace de 5 secondes. « A terme, les bus seront équipés de systèmes embarqués qui leur permettront d’être détectés de loin et de ne plus s’arrêter aux feux. On peut imaginer gagner encore un peu de temps », indique Matthieu Duru, chef de projet chez Narendre, mandataire pour la maîtrise d’ouvrage du projet Caribus.
Outre le fait de proposer un gain de temps certains, les travaux ont également permis de réhabiliter l’ensemble des réseaux (eau potable, eaux usées, trottoirs, télécommunications…). Car c’est aussi ça le projet Caribus : remettre tout aux normes et créer de nouvelles infrastructures pour faciliter la vie de la population.
Le début des travaux de la phase 2 d’ici quelques semaines
D’ici le mois de septembre, l’exploitation de ce premier tronçon devrait être complète avec une hausse des fréquences de passage des bus environ toutes les 15 ou 20 minutes, alors qu’actuellement c’est davantage autour des 30 minutes. « Les fréquences seront adaptées en fonction des besoins des usagers, explique Fabien Trifol, directeur Aménagement et Environnement à la Cadema. Il y en aura sans doute plus aux heures de pointe et un peu moins durant les heures creuses », poursuit-il.

La phase 1 terminée (il ne reste plus que quelques finitions…), les travaux de la phase 2 côté Sud reliant le Baobab à la pointe Mahabou devraient commencer dans les prochaines semaines. Ainsi du Babobab jusqu’au niveau de la rue du commerce il n’y aura pas d’aménagement. En revanche juste après la rue du commerce, une voie réservée aux bus sera insérée au milieu de la route. « Entre les deux voies existantes nous allons faire des travaux d’élargissement de la chaussée mais tout en préservant au maximum la nature et l’environnement. Les travaux devraient durer un peu moins d’un an », assure Matthieu Duru.
A noter que sur l’ensemble du trajet Caribus des trottoirs de 4 mètres de large seront aménagés pour les piétons et les cyclistes afin qu’ils puissent circuler également. Viendront ensuite, en septembre 2026, les travaux de la phase 2, mais côté Nord, avec l’aménagement de la route allant jusqu’aux Hauts Vallons. Là aussi, des trottoirs de 4 mètres seront aménagés et les différents réseaux seront redimensionnés et réhabilités.
5 millions de passagers transportés par an à l’horizon 2030

Comme nous l’a expliqué Fabien Trifol, les infrastructures de Caribus ont été dimensionnées pour transporter 10 millions de passagers par an, mais selon toute vraisemblance « on sera plutôt sur une perspective de 5 millions de passagers transportés par an d’ici 2030, date de la fin des travaux de Caribus ». La troisième et dernière phase des travaux, qui vise à aménager le front de mer de Mamoudzou, s’étendra de la pointe Mahabou jusqu’au quai de l’amphidrome. « C’est la partie la plus sensible… 4 projets sont notamment prévus, ceux du Département, de la Ville de Mamoudzou, la zone de plaisance de la CCI, et enfin le projet de la Cadema. Nous devons justement tous nous réunir dans les prochains jours afin de coordonner les différents projets ».
Enfin, concernant le coût d’exploitation de réseau Caribus, il devrait s’élever à environ 14 millions d’euros par an (10 millions pour le fonctionnement et 4 millions pour la sécurité). Selon Fabien Trifol, ce coût sera financé par le « versement mobilité » que chaque entreprise de plus de 11 salariés paie. « Cela représente 12 à 14 millions d’euros par an donc ce sera bon ».
B.J.