Chikungunya : malgré le nombre de cas en hausse, Mayotte reste moins touchée que La Réunion

Alors que le département de La Réunion est toujours très impacté par l'épidémie qui a fait 12 morts, et qu'un deuxième décès attribué à la vaccination est signalé ce vendredi, Mayotte reste relativement épargnée pour l'instant. En dépit de facteurs de risque conséquents, indique SPF.

Au total 116 cas confirmés de chikungunya ont été enregistrés en deux mois à Mayotte, du 3 mars au 3 mai 2025, dont 57 autochtones, 29 importés et 30 dont le statut est inconnu, informe Santé Publique France dans son dernier bulletin.

Le premier cas confirmé de Chikungunya à Mayotte a en effet été détecté la semaine du 3 mars 2025, importé de l’île de la Réunion où sévit une forte épidémie. Au 4 mai 2025, 116 cas avaient été confirmés biologiquement au total à Mayotte dont 29 importés, 57 autochtones et 30 pour lesquels le statut était inconnu.

Depuis, on observe une augmentation régulière du nombre de cas détectés sur notre département, avec une forte hausse sur la semaine du 21 avril, suivie d’une stabilisation la semaine suivante (Figure 2) sous réserve de consolider ces dernières données, « le nombre de cas confirmés pourraient être amené à augmenter pour cette semaine ».

Le premier cas autochtone dans le département a été détecté fin mars. Les premières semaines les cas détectés concernaient plutôt des importations, exclusivement de l’île de la Réunion. Sur la semaine du 28 avril, la totalité des cas pour lesquels le statut était connu étaient des cas d’acquisition autochtone.

Davantage de cas sur Pamandzi et Mamoudzou

Selon l’Agence nationale de santé publique, il est possible que les vacances scolaires et la présence du jeudi férié aient impacté le recours aux soins.

Des cas de Chikungunya ont été détectés dans 15 des 17 communes de Mayotte, avec une concentration plus importante dans les communes de Pamandzi et de Mamoudzou.

La très grande majorité des cas (84%) a entre 15 et 64 ans, 2 cas ont moins d’un an et 8 ont 65 ans et plus, et 54% sont des femmes.

Depuis la détection du premier cas confirmé, cinq cas ont été hospitalisés. Il s’agissait de femmes enceintes, admises pour surveillance en raison du risque accru lié à l’infection. Aucune admission en réanimation n’a été enregistrée et aucun décès n’est à déplorer, contrairement à La Réunion où l’épidémie a causé trois morts supplémentaires il y a deux jours, portant à 12 le nombre de décès liés à cette maladie, et qu’un nouveau décès attribué au vaccin est enregistré sur un patient atteint de la maladie de Parkinson.

Selon SPF, la probabilité de transmission secondaire à Mayotte est élevée « en raison de la faible proportion de la population immunisée, estimée aujourd’hui à 20 %, et des multiples facteurs favorisant la prolifération du vecteur et l’exposition aux piqûres ». Les conditions socio-économiques, ajoutées à l’impact du cyclone Chido, aggravent la situation avec notamment la présence de déchets en grand nombre et de stockage d’eau en lien avec les coupures d’eau permanentes pouvant constituer de potentiels gites larvaires.

Les bons gestes pour ne pas se faire piquer et éviter la prolifération des moustiques

Le faible recours aux soins de la population et le faible recours au diagnostic biologique par les professionnels de santé retardent la mise en place de mesures curatives et préventives par l’ARS sur les zones à risque identifiées.

De plus, alors que les indicateurs de surveillance des syndromes dengue-like aux urgences du CHM et le nombre de cas confirmés étaient en hausse jusqu’à fin avril, la baisse observée dans les passages aux urgences et la stabilisation du nombre de cas la semaine suivante pourraient s’expliquer par un retard de diagnostic lié aux vacances scolaires et au jour férié. « Cette évolution dans la tendance doit donc être interprétée avec prudence, il est possible que le nombre de cas ayant déclaré des symptômes en S18 (du 28 avril) soit amené à augmenter.

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