Le tribunal était bien vide ce mercredi 23 avril lors de l’audience du tribunal correctionnel de Mamoudzou présidé par le juge Clément Le Bideau. « C’est probablement parce que la bonne réception des convocations a été perturbée à cause de Chido », nous a précisé Charlène Delmoitié, la substitute du procureur présente à l’audience. Qu’à cela ne tienne, les prévenus convoqués ont été jugés quand même.
Un prévenu expulsé risque 8 mois de prison ferme en cas de retour
L’un des prévenus jugés, que nous nommerons DD, était quant à lui absent car expulsé vers les Comores début avril 2025. L’homme n’en était effectivement pas à son « coup d’essai » en matière de délit puisqu’il avait déjà été condamné en 2024 pour violences avec arme. Des faits pour lesquels il avait écopé de 8 mois de prison dont 4 avec sursis et liberté conditionnelle. Condition qu’il n’a évidemment pas remplie puisqu’il a « rempilé » dans son activité de malfaiteur le 8 novembre dernier avec un vol en réunion sur deux victimes, suivi de violences verbales sur un gendarme lors de sa garde-à-vue.
S’il a finalement été expulsé, car en situation irrégulière sur le territoire, il n’en a pas moins été jugé ce mardi 23 novembre. L’une de ses victimes, mineure au moment des faits, était présente et tenait à « donner une leçon » à son agresseur, même si le montant du « butin », ne s’élevait finalement qu’à une paire d’écouteurs (son vélo a été retrouvé par les gendarmes et restitué). « J’ai voulu porter plainte pour qu’il ne recommence pas ! », a déclaré le jeune homme lésé qui a formellement reconnu son agresseur sur les planches photo présentées par la gendarmerie. Si ce dernier s’est obstiné à nier lors de sa garde à vue, il a finalement été confondu par un enregistrement de vidéo-surveillance de la ville. Lors de son entrée en cellule, il a encore aggravé son cas en déversant une floppée d’insultes sur le gendarme qui lui demandait simplement d’enlever ses lacets (la procédure règlementaire).
DD a également délesté ce jour-là un autre mineur de son téléphone portable et d’un peu de monnaie. « Sa culpabilité ne fait aucun doute. Ses deux victimes l’ont formellement reconnu et les images de vidéo-surveillance prouvent leurs dires. Lorsqu’on examine les faits, on s’aperçoit qu’il s’agit d’un procédé de vol en réunion assez classique : DD et son complice ont encerclé deux victimes mineures afin de leur dérober tout ce qu’ils avaient sur eux », a analysé Charlène Delmoitié, la substitute du procureur. Elle a donc condamné le prévenu qui risque de passer encore 8 mois derrière les barreaux, sans aménagement de peine possible cette fois-ci, s’il s’avisait de revenir à Mayotte.
Un florilège d’infractions au code de la route

Ce mardi matin, le tribunal correctionnel a eu à juger pas moins de 8 affaires impliquant des manquements à la sécurité routière. Conduite sans permis, sans assurance, sous l’empire d’un état alcoolique, sous stupéfiants ou refus d’obtempérer lors d’un contrôle routier, nous avions là un beau florilège des infractions possibles de commettre sur la route. Si beaucoup de prévenus étaient absents, IM était quant à lui bien présent au tribunal. Le 9 novembre 2024, il a été surpris lors d’un contrôle routier à conduire un véhicule normalement immobilisé par les gendarmes, sans assurance et sous l’emprise d’un état alcoolique. « La totale » pourrait-on dire vulgairement !
Heureusement pour lui, IM n’avait jamais été condamné par la justice auparavant, ce qui ne lui a fait écoper que d’une peine d’amende de 450 euros ainsi que d’un stage de sensibilisation à la sécurité routière. Ses justifications étaient en effet peu convaincantes : « J’allais juste à côté », « normalement un ami aurait dû venir me chercher, mais il n’est pas venu donc je n’avais pas le choix », et surtout l’ironique « Plus aucun assureur ne veut m’assurer », qui a fait bondir le juge. « Si plus aucun assureur ne veut vous assurer, il y a sans doute des raisons ! », s’est-il exclamé. Le prévenu a, quant à lui, minimisé les faits en déclarant qu’il n’avait eu jusqu’à présent que « de petits accrochages, mais qu’il n’avait « jamais conduit en état d’ivresse jusqu’à présent ».
C’est peu de dire que sa défense n’a convaincu ni la substitute du procureur, ni le juge qui a suivi ses réquisitions. « Là, vous n’avez pas eu d’accident, mais imaginez qu’un enfant ait traversé la route à ce moment-là ! Sous l’emprise de l’alcool, vous n’auriez sans doute pas eu les bons réflexes et vous auriez pu blesser voire tuer quelqu’un ! », a rappelé Clément Le Bideau. Des éventualités que l’on a déjà vu plusieurs fois se réaliser sur l’île, mais que les usagers de la route prennent pourtant beaucoup trop souvent à la légère.
Nora Godeau