« Bonjour les enfants, vous avez des crayons ? », demande aux élèves Sana* une membre du personnel de l’école maternelle du groupe scolaire Foundi Adé de Tsoundzou, dans la cour de l’établissement. Les enfants approuvent timidement, avant d’aller prendre leur petit-déjeuner, accompagnés de leur professeur.

Trois mois après Chido, l’école maternelle et l’école élémentaire du groupe ont pu rouvrir leurs portes, ce lundi 17 mars, pour accueillir plus de 800 élèves après de nombreux travaux. Les vitres des salles de classe ont toutes été réparées, l’étanchéité a été remise à jour, la toiture également et pour assurer la sécurité du site, les murs d’enceinte ont été reconstruits.
A Foundi Adé, après les réparations, le défi des fournitures
« Il faut encore régler quelques détails mais le gros du travail a été fait par les services de la mairie pour rouvrir les écoles. Dorénavant on a besoin de plus de fournitures scolaires », continue Sana en ouvrant des cartons contenant la première livraison de cahiers, stylos, gommes ou encore craies, envoyés par le rectorat. L’objectif est que chaque élève reçoive dans les prochains jours le contenu d’une trousse de travail et de cahiers.
Dans la réserve de l’établissement, de nombreux cahiers sont entreposés sur les étagères, mais sans crayons ou stylos pour dessiner et écrire dessus, ils ne sont pour le moment pas très utiles. Après Chido, les ordinateurs, les tablettes, les imprimantes et autres équipements de valeur ont été pillés et il va falloir les remplacer pour permettre d’accompagner au mieux les élèves.

Malgré ce manque de matériel, ces derniers ont pu bénéficier d’une certaine continuité pédagogique. Depuis le 27 janvier dernier, date de la rentrée scolaire après Chido, ils étaient accueillis à l’école primaire de Tsoundzou 2, ce qui a limité leur retard sur le programme scolaire. « A Tsoundzou 2 ils avaient cours l’après-midi et ils étaient fatigués, ici ils retrouvent un rythme scolaire normal”, nuance néanmoins Sada. « Notre objectif maintenant est de mettre le paquet sur la lecture ».
Autre défi pour le groupe, la remise en état du périscolaire. Ce lundi, plusieurs agents communaux ont nettoyé les locaux, qui ont été complètement pillés, souillés et dégradés après Chido. Les micro-ondes ont disparu, comme les chaises et les nattes. Un lieu essentiel qu’il faut ouvrir rapidement pour soulager les familles.
« Je suis contente de retrouver l’établissement. On fait ça avant tout pour les élèves, c’est notre avenir et plus ils restent dehors, plus ils accumulent des lacunes », conclut Sana alors que les enfants jouent dans la cour.
Travaux, rotations et professeurs confus, les rentrées repoussées à Vahibé
A Vahibé, les élèves de l’école maternelle et de l’école élémentaire Vahibé 2 devront patienter encore quelques jours pour retourner sur le banc de l’école, alors que la rentrée était prévue ce lundi 17 mars.

A l’école maternelle, tandis que les parents tentent de comprendre le système de rotations des classes affiché sur le mur à l’entrée, les électriciens sont sur le toit pour opérer des travaux. Les 555 élèves de l’établissement ont eu le droit à une collation avant d’être renvoyés chez eux, l’école n’étant pas prête à les accueillir. « C’est dommage ma fille voulait retrouver ses amies, mais bon on va attendre deux jours de plus », remarque Malide Younmati, aux côtés de sa fille de 4 ans, un jus de fruit dans la main. Le temps de finaliser les derniers travaux, la rentrée a été repoussée au mercredi 19 mars.
Un besoin urgent de retrouver l’école
Un peu plus bas, devant l’école élémentaire Vahibé 2, l’engouement des enfants et des parents, heureux de retrouver l’école pouvait se lire sur les visages. Contrairement aux écoliers de Tsoundzou, les enfants de Vahibé n’ont pas été accueillis par une autre structure pour assurer la continuité pédagogique. Des cours ont été donnés dans la mairie annexe, et les professeurs ont gardé des liens avec les enfants, mais cela ne suffit pas et trois mois après le cyclone les familles s’impatientent.

« Mes enfants me demandent sans cesse quand est-ce qu’ils pourront aller à l’école », confie Mounaya, ses deux fils, Elnayam et Elfrayam, 9 et 8 ans, auprès d’elle devant l’établissement. « Ça va leur faire du bien d’aller à l’école, à cause du cyclone quand il pleut ils ont peur. S’ils vont à l’école et qu’ils retrouvent leurs amis, cela peut les aider à surmonter cette crainte », ajoute Soraya, mère de deux enfants.
Après plusieurs minutes devant le portail, la direction de l’établissement est venue informer les parents que la rentrée se fera demain, mardi 18 mars. Un jour de délai supplémentaire pour que les enseignants se préparent à travailler dans des conditions encore difficiles, alors que toute une partie de l’établissement est toujours fermée suite au cyclone.
1.200 élèves, 7 salles de classe opérationnelles
Avec la destruction par Chido de l’école voisine Vahibé 1, tous les élèves vont désormais avoir cours à Vahibé 2. En combinant les deux écoles plus de 1.200 élèves sont attendus sur le site qui ne comporte pour le moment que 7 salles de classes opérationnelles et 16 professeurs. Avec un tel effectif à gérer, l’école a mis en place un système de 5 rotations par jour. Les premières classes seront en cours de 6h50 à 9h, et pour compléter leur temps scolaire, elles seront ensuite accueillies par le périscolaire.

« On a aucune information, on était censé avoir 10 salles de classes, on en a que 7 au final, on est dans le flou », déplore un enseignant. « Il y a beaucoup de retard sur le programme donc on va privilégier les fondamentaux, les maths et le français. L’objectif premier est que les bons élèves avant Chido ne perdent pas leur niveau, et que les autres puissent s’y retrouver ».
En attendant, les familles retournent chez elles, après avoir récupéré le petit-déjeuner prévu pour ce jour de rentrée. « Je ne sais pas quoi vous dire », témoigne dans un léger soupir, une mère, ses deux enfants à la main.
Victor Diwisch