Sous une chaleur accablante et la poussière soulevée par les rafales de vent, Manuel Valls, ministre des Outre-mer, est arrivé à La Réunion ce jeudi 6 mars, cinq jours après le passage dévastateur du cyclone Garance, qui a frappé l’île le 28 février dernier. Ce cyclone de catégorie 3 a causé des vents violents et des pluies torrentielles, détruisant plusieurs quartiers, notamment au Nord de l’île.
Les témoignages poignants des habitants de Saint-Denis

La journée du ministre des Outre-mer a commencé par un point opérationnel à la sous-préfecture de Saint-Benoît, suivi d’une présentation sur la gestion des réseaux d’eau et d’électricité. Si la vie commence à reprendre son cours, de nombreux Réunionnais sont toujours sans eau ni électricité. À Saint-Denis, le quartier Butor a subi des inondations historiques lorsque la ravine a débordé, emportant voitures et appartements au rez-de-chaussée de l’immeuble Caricubes II.
Venissa, une jeune femme de 19 ans, témoigne : « Mes frères regardaient un film. Quand soudain, ils ont aperçu que la voiture flottait. Ils n’ont pas eu le temps de réagir que l’eau est arrivée rapidement. Ils avaient de l’eau jusqu’à la taille. Nos voisins étaient coincés. On a cassé une fenêtre pour les faire sortir. » D’autres habitants partagent ce même traumatisme : « Cela fait vingt-trois qu’on est là, on n’avait jamais vu cela. » Depuis le passage du cyclone, Venissa, ses frères et sa mère, ont trouvé refuge au stade de Champ Fleuri, où il y dorment toujours. Ils espèrent revenir chez eux lorsque tout aura été nettoyé et réparé.
Un quartier dévasté par la violence du cyclone

L’immeuble Caricubes de huit étages, coloré et bordé par la ravine, est encore marqué par les dégâts. Des morceaux de verre, des voitures renversées et des déchets qui volent au gré du vent témoignent de la violence de l’événement. Les odeurs d’eau stagnante persistent dans l’air, et l’humidité imprègne encore les lieux.

Présente sur place aux côtés du ministre des Outre-mer, la maire de Saint-Denis, Ericka Bareigts, déclare : « On n’a jamais vécu cela. Une catastrophe d’une telle violence. Tout est arrivé si vite. L’eau est arrivée et a tout détruit. » Manuel Valls, visiblement impressionné, a salué le travail accompli des habitants pour nettoyer les logements en seulement quelques jours : « Vous avez fait un travail incroyable ! » Cependant, la dureté de l’événement est encore palpable dans les récits des habitants, comme cette femme émue qui a cru mourir, coincée dans son appartement inondé : « On était à l’article de la mort. »
« On ne se rend pas compte de la puissance de l’eau«

Le ministre des Outre-mer a réagi, stupéfait par la force de la nature : « On ne se rend pas compte de la puissance de l’eau. C’est terrible, comment tout cela est venu. » En dépit des terribles pertes humaines et matérielles, La Réunion commence lentement à se relever de cette catastrophe. Mais la reconstruction sera longue et difficile. Manuel Valls a souligné l’importance de reconstruire les infrastructures de manière plus résiliente après une catastrophe comme celle de Garance. L’ancien Premier ministre a insisté sur le fait que cette reconstruction ne sera ni rapide ni facile, mais qu’elle est indispensable pour faire face à l’intensification de ces phénomènes climatiques, désormais de plus en plus fréquents.

En fin de journée, le ministre des Outre-mer a poursuivi son déplacement en rencontrant un détachement du Régiment du Service Militaire Adapté (RSMA) ainsi qu’un groupe de sapeurs-pompiers, tous mobilisés pour la remise en état d’un chantier sur l’allée Avia Maria, à Saint-Denis. Il a ensuite rencontré les habitants d’une habitation emportée par la ravine, écoutant leurs récits poignants et leurs besoins pour la reconstruction. La journée s’est conclue par une réunion de travail avec les élus de La Réunion à l’hôtel de la Préfecture, où ont été abordées les prochaines étapes pour faire face à la crise et accélérer la reconstruction.
Mathilde Hangard