Nous avons rapporté dans notre édition de ce lundi l’agacement du président de l’association Solidarité Saint-Martin Moselle qui ne parvient pas à acheminer deux containers de dons auprès de la population mahoraise. Bloqués au port de Longoni, car « dans l’incapacité la plus totale de s’acquitter des sommes colossales » demandées, déplore Arnaud Gufflet, son président.
L’association est ainsi nommée car créée suite au passage de l’ouragan Irma qui avait frappé l’île de Saint-Martin dans les Antilles Françaises en 2017, et pour lequel, aucun frais d’acheminement humanitaire n’avait été prélevé, rapporte le sénateur Saïd Omar Oili qui se fait le relais de l’association dans un courrier adressé au préfet de Mayotte le 28 février dernier.
Il est demandé à l’Etat de réquisitionner « l’ensemble des containers de dons humanitaires arrivant à Mayotte ». C’est-à-dire que les frais « colossaux » pour reprendre la terminologie de l’association, seront réglés par l’Etat. Une aubaine pour la gestionnaire du port de Longoni, qui pourrait encore une fois engranger des bénéfices dans les périodes de crise.
Quelques semaines après le passage de Chido, les rayons étaient toujours vides, les importateurs ne parvenant pas à faire sortir leurs containers du port. Une détérioration d’une grue était évoquée, mais ne relevant pas de leurs responsabilités. Ils se voyaient pourtant facturer des stationnements prohibitifs à quai.
« Un des ports les plus chers du monde »

Même jackpot cette fois, comme nous le rapporte un transitaire du port que nous avons contacté, « pendant que le président de cette association s’agite, les frais de stationnement continuent à grimper ». Des transitaires pointés du doigt car ils auraient initialement assuré qu’il n’y aurait pas de frais. « C’est impossible ! Alors que nous sommes facturés des milliers d’euros pour le stationnement des containers par Ida Nel et par le manutentionnaire SMART, comment ne pas les répercuter ?! Nous savons qu’avec cette gestionnaire nous sommes un des ports les plus chers du monde, mais nous n’y pouvons rien ! » Voilà qui ne va pas encourager les acheminements d’aides.
Il précise que l’octroi de mer n’est pas perçu par le Conseil départemental pour les containers humanitaires.
Le président de l’association demande que les deux containers soient convoyés par l’Armée à l’aide de camions VTL-R, ou de GBC 180 ou de TRM 2000 pour leur contenu « jusqu’au siège social des deux associations ».
Outre la demande d’un arrêté de réquisition adressée au préfet Bieuville, le sénateur Omar Oili rappelle avoir interpellé le Premier ministre le 17 février sur les difficultés d’acheminement des aides matérielles collectées par les associations dans l’Hexagone et à La Réunion à destination de Mayotte. « Une copie de ce courrier avait été adressée à Monsieur le Ministre d’État, Ministre des Outre-mer et au général FACON. »
A.P-L.