Le 18 février 2025, Manuel Valls, ministre des Outre-mer, a confié au général Thierry Facon la direction d’une mission d’une ampleur exceptionnelle : la reconstruction de Mayotte, dévastée par le cyclone Chido qui a frappé l’île le 14 décembre 2024. Cette tâche, considérée comme cruciale pour l’avenir de l’île et de ses habitants, est un défi stratégique majeur face à des destructions d’une ampleur sans précédent et des difficultés structurelles qui préexistaient bien avant la catastrophe.
Une mission d’urgence face à une crise multidimensionnelle
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Le cyclone Chido a non seulement provoqué des dégâts matériels importants, mais a également exacerbé les difficultés économiques et sociales déjà présentes à Mayotte. Dans sa sa lettre de mission, Manuel Valls évoque une « situation sans précédent » et souligne que « les efforts des services de l’Etat, à commencer par le Préfet de Mayotte et ses équipes, ont porté leurs fruits et la stabilisation post-Chido est en cours« . Cependant, le ministre d’Etat insiste sur la nécessité de dépasser la phase de stabilisation et de passer à une réflexion stratégique à long terme pour restaurer durablement les fonctions vitales de l’île. Il ajoute que « les conséquences financières et les besoins associés [au cyclone] sont en cours d’évaluation« , soulignant la dimension complexe de la reconstruction. La crise de Mayotte, déjà marquée par une insécurité grandissante, des difficultés économiques et une pression migratoire, réclame une réponse intégrée, prenant en compte l’ensemble de ces facteurs.
Un défi politique et stratégique pour repenser l’avenir de Mayotte
En charge de la reconstruction, la mission imputée au général Facon, dépasse le simple cadre de la reconstruction matérielle. Il est question de repenser l’action de l’Etat afin de traiter de manière durable les problèmes structurels de l’île. « Chido nous oblige et nous invite à faire d’une contrainte hors norme, une opportunité pour entamer une refondation de Mayotte », affirme Manuel Valls dans sa lettre. Cette refondation doit se traduire par une « stratégie intégrale« , un projet ambitieux à long terme qui ne se limite pas à la remise en état des infrastructures, mais qui implique aussi de définir une nouvelle vision pour le territoire, tant au niveau économique que social. Le ministre des Outre-mer précise également que l’objectif est de garantir à la population mahoraise des « conditions de vie dignes de la France » et de renforcer « durablement notre souveraineté » sur ce territoire stratégique. Il insiste sur le fait que cette refondation doit permettre de répondre aux « enjeux de sécurité nationale » tout en apportant des solutions à la « crise systémique » que traverse l’île.
Vers un nouveau modèle de gouvernance ?
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Le général Facon sera chargé d’élaborer une stratégie pour Mayotte couvrant la période 2025-2027. Manuel Valls lui demande de développer cette stratégie en prenant en compte une dimension quadripartite : « sécurité, développement, coopération régionale, gouvernance ». Cette vision stratégique devra se traduire dans le cadre du plan « Mayotte debout ». La première étape de ce projet ambitieux sera la création d’un établissement public dédié à la reconstruction. Ce nouvel organisme devra avoir des missions précises, un périmètre d’exercice clair et une organisation de travail transparente avec les autorités locales, notamment le préfet du département, les élus locaux et l’Établissement Public Foncier de Mayotte (EPFAM). Le ministre précise qu’il revient au général Facon de « caractériser le périmètre, les missions et l’organisation » de cet établissement public, en lien étroit avec les responsables mahorais et nationaux.
Un défi pour regagner la confiance de la population
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Mais la réussite de cette mission de reconstruction repose également sur l’adhésion des habitants de Mayotte et de leurs élus à la stratégie proposée. « L’adhésion des Mahorais et de leurs représentants à l’élaboration de ce plan constituera un impératif« , précise Manuel Valls. Cela implique de maintenir un lien constant avec la population, non seulement pour élaborer des solutions, mais aussi pour évaluer et ajuster la stratégie en fonction des retours du terrain. Le général Facon devra s’assurer que la population se sente impliquée et actrice de sa propre reconstruction, car « la participation active des acteurs, en premier lieu des élus, constituera la clé du succès de l’opération », mentionne le ministre des Outre-mer. Les visites régulières du général Facon à Mayotte seront essentielles pour garantir la synchronisation des actions entre l’administration centrale et le niveau local.
Enfin, le ministre d’Etat a rappelé que la mission du général Facon comporte « une obligation de résultat dans un contexte financier national contraint« . Cette mission, qui s’étendra sur deux ans, est décisive pour l’avenir de Mayotte, où le général devra faire preuve de pragmatisme face à un programme de reconstruction ambitieux. Mais surtout, l’engagement des élus locaux, des services publics et de la population elle-même, est indispensable pour réussir la reconstruction stable et prospère de l’archipel.
Mathilde Hangard