Violence à Kahani : Le collectif des personnels du lycée plus que jamais mobilisé

Face à une escalade de violences répétées, le collectif des personnels du lycée de Kahani organise une manifestation ce mercredi 26 février pour exiger des mesures concrètes et durables afin de sécuriser l’établissement et protéger élèves et enseignants.

Kahani, le 26 février 2025 – Le lycée de Kahani, situé au cœur de l’archipel, est une nouvelle fois au centre de la mobilisation des personnels éducatifs qui dénoncent une violence de plus en plus préoccupante et persistante au sein de l’établissement. En effet, le collectif des personnels du lycée, comprenant enseignants, CPE, AED, EMS et autres membres de la communauté éducative, a décidé de réagir face à l’escalade des violences qui affecte tant les élèves que les personnels.

Depuis la rentrée scolaire du 27 janvier 2025, les incidents se sont multipliés, notamment des bagarres, des agressions physiques, des caillassages, et des menaces directes visant les membres du personnel. L’établissement a connu des moments de tension extrême, comme l’affirme le collectif dans son communiqué : « La situation est devenue intenable. Nous avons déjà alerté à plusieurs reprises, mais les mesures n’ont pas été prises pour nous protéger. »

Une violence de plus en plus ciblée

Mayotte, gendarmerie, violence,
Lundi, Kahani a été à nouveau le théâtre d’affrontements entre bandes rivales. Bilan : deux personnes légèrement blessées, plusieurs bus caillassés et des dizaines d’élèves choqués

Ces dernières semaines, ce phénomène de violence a franchi un nouveau cap, avec des agressions particulièrement graves. Vendredi 21 février, une évacuation d’urgence du lycée a dégénéré en affrontements violents. Plusieurs élèves ont été blessés et plusieurs services, dont l’infirmerie, ont été débordés par le nombre de traumatismes et de chocs psychologiques. Le lundi 24 février, des violences ont repris dès le matin, et un conseiller principal d’éducation (CPE) a été blessé par un jet de pierre, après plusieurs menaces et agressions antérieures. Les récits sont glaçants : un élève a été gravement blessé par un jet de pierre, des enseignants ont été menacés par des individus armés de couteaux, et plusieurs personnels ont été pris pour cible. « Cette violence est non seulement physique, mais aussi psychologique« , déplore un membre du collectif. « Les personnels sont de plus en plus exposés, et les élèves vivent un climat de peur constant. »

Des demandes urgentes face à une situation « intenable »

Mayotte, Kahani, manifestation, violence, insécurité, Lycée,
« Éduquer, pas subir, stop à la violence », peut-on lire sur les pancartes des manifestations

Face à cette situation de plus en plus insoutenable, le collectif des personnels du lycée de Kahani formule plusieurs revendications afin de sécuriser l’établissement et de protéger les élèves et les enseignants. Parmi les mesures demandées, le collectif demande l’organisation d’une « journée banalisée » de concertation pour réunir l’ensemble de la communauté éducative, échanger et réfléchir aux solutions à mettre en place face à la violence. Par ailleurs, le personnel du lycée exige l’instauration d’une jauge réduite en fonction de l’estimation de l’ensemble des collègues, pour garantir la sécurité de tous en cas de tensions. Mais aussi, des travaux d’aménagement pour sécuriser l’établissement scolaire, comme l’installation de caméras de surveillance, de grilles, et de brise-vue. D’autre part, le collectif plaide pour la création de postes supplémentaires en administration, vie scolaire, santé et services sociaux, pour gérer la situation de manière plus efficace. Le collectif souhaite également qu’un « statut spécifique » pour l’établissement assimilable à celui des REP+, soit mis en oeuvre, pour bénéficier de moyens supplémentaires permettant d’améliorer le climat scolaire. Parallèlement, le collectif estime que ce contexte d’ultra-violence nécessite la réalisation d’une enquête sur le climat scolaire dans tous les établissements de Mayotte afin de mieux comprendre la réalité vécue par les élèves, en particulier vis-à-vis des violences auxquelles ils sont confrontés.

Une situation qui touche d’autres établissements

À Dembéni, vendredi 21 février, lors d’affrontements entre jeunes, la nouvelle école primaire T19 a été incendiée (photo d’illustration)

Le collectif précise que ces demandes s’inscrivent dans un mouvement plus large de protestation contre la violence scolaire qui touche également d’autres établissements à Mayotte, comme par exemple, le lycée de Tsararano, le collège de Dembeni, et le collège Dzoumogné, où des événements similaires ont eu lieu. « Nous savons que nous ne sommes pas seuls« , indique un membre du collectif. « D’autres établissements, comme celui de Tsararano, connaissent également des violences similaires. Le climat de peur touche tous les établissements de l’île, et il est temps que les autorités prennent des mesures fermes et durables. » Les personnels du lycée de Kahani soulignent que ces événements ne sont pas des cas isolés, mais font partie d’un problème beaucoup plus vaste et systémique, qu’il est urgent de traiter pour éviter des drames encore plus graves. « Si nous ne faisons rien, cette violence ne s’arrêtera jamais« , avertit le collectif. « Il est grand temps d’agir pour la sécurité des élèves et des personnels, avant qu’il ne soit trop tard. »

Rendez-vous mercredi 26 février dès 7h

Pour exprimer leur mécontentement et leur volonté de changement, le collectif a appelé à une manifestation devant le lycée de Kahani ce mercredi 26 février à partir de 7h du matin. Les personnels et les élèves sont invités à se rassembler pour faire entendre leurs revendications et exiger des mesures immédiates pour mettre fin à la violence dans l’établissement.

Mathilde Hangard

Partagez l'article :

Subscribe

spot_imgspot_img

Les plus lus

More like this
Related

Aide à l’encadrement administratif dans les structures collectives agricoles de Mayotte

La Direction de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la...

Coupure urgente de la distribution d’eau à Majicavo-Koropa et Mtsapéré

SMAE (Mahoraise des Eaux) informe les usagers que les...

« La rentrée va se passer dans de bonnes conditions », assure Élisabeth Borne en conclusion de sa visite

Après s’être rendue dans une école maternelle, une école élémentaire et un lycée, dans la matinée de ce lundi 18 août, la ministre de l'éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, Élisabeth Borne, a conclu sa journée à Mayotte par la visite du collège Halidi-Selemani de M’Gombani. L’occasion pour elle de découvrir le dispositif "vacances apprenantes" et de faire le point sur sa visite devant la presse.

Plus de 3.000 élèves ne pourront pas avoir une rentrée scolaire « normale » à Mamoudzou

La ministre de l’Éducation nationale est arrivée ce lundi à Mayotte en vue de la préparation d’une bonne tenue de la prochaine rentrée scolaire. Durant la matinée elle a eu l’occasion de visiter 3 établissements.