Le maire de Mamoudzou se défend sur le détournement des aides alimentaires

Le maire de Mamoudzou réaffirme son engagement à la transparence et à la rigueur dans la gestion des aides d'urgence, tout en condamnant les allégations de détournement de fonds, qu'il qualifie de « profondément injurieuses » pour les agents municipaux.

Suite à la publication d’un article intitulé « À Mayotte, les détournements de l’aide alimentaire exaspèrent la population et mobilisent les autorités » du journal Le Monde, le 14 février 2025, le maire de Mamoudzou a exprimé sa position et clarifié la situation sur les accusations portées contre la gestion de la crise humanitaire liée au cyclone Chido. Dans son droit de réponse, Ambdilwahedou Soumaila dénonce des accusations « infondées et injustes » qui mettent en cause la municipalité, ses élus et agents municipaux, qui, selon lui, se sont mobilisés de manière exemplaire pour venir en aide aux sinistrés. En réaction à l’article, il rappelle les efforts de la ville dans le cadre de cette crise exceptionnelle et les défis logistiques rencontrés.

« Une mobilisation sans précédent »

Le maire de la ville a souligné que dès le 13 décembre 2024, à la veille du cyclone, la Ville de Mamoudzou a pris des mesures immédiates en ouvrant 22 centres d’hébergement d’urgence, accueillant jusqu’à 11.277 personnes. Ces centres ont été maintenus ouverts jusqu’au 1er janvier 2025, malgré la levée de l’alerte rouge dès le 15 décembre. En plus de cet accueil, des milliers de repas et de bouteilles d’eau ont été distribués à la population, bien avant l’arrivée de l’aide officielle de l’État. La ville de Mamoudzou a également pris l’initiative de distribuer près de 50.000 encas et 30.000 bouteilles d’eau sur ses fonds propres, démontrant une réactivité face à l’urgence. Mais le maire déplore que l’aide fournie par l’État ait été insuffisante par rapport aux besoins réels.

« Des moyens largement insuffisants » 

L’un des principaux axes de réponse du maire est le manque d’aide alimentaire et la lenteur des approvisionnements face aux besoins de la population. Les besoins de la population de Mamoudzou, qui compte plus de 80.000 habitants, étaient estimés à 160 tonnes de nourriture par jour. D’après lui, seulement 27 tonnes ont été envoyées depuis le début de la crise, soit à peine 17% des besoins journaliers. « Contrairement à ce que laisse entendre votre article, la véritable problématique de cette crise ne réside pas dans la gestion locale des aides, mais bien dans l’insuffisance des volumes d’aide fournis par l’État ainsi que dans l’incroyable lenteur des délais d’approvisionnement« , exprime-t-il au sujet de l’article du Monde. Le maire dénonce également des livraisons incomplètes et de mauvaise qualité, et l’arrêt brutal de la distribution d’eau en bouteille à partir du 25 décembre 2024, laissant les sinistrés dans une situation de précarité.

Une gestion municipale transparente et équitable

En dépit de ces difficultés, le maire de Mamoudzou explique avoir mis en place une gestion « rigoureuse et transparente de l’aide« . Le maire précise que les aides ont été distribuées de manière équitable, sans distinction de statut administratif, et que des systèmes d’enregistrement stricts ont été instaurés, tant en ligne qu’en présentiel. Chaque colis distribué était accompagné d’un accusé de réception signé par les bénéficiaires, garantissant la traçabilité des actions. De plus, un tirage au sort informatique a été utilisé pour attribuer les bâches destinées à abriter les foyers sinistrés, en veillant à ce que les critères de distribution soient objectifs et justes.

Une enquête parlementaire exigée

Enfin, Ambdilwahedou Soumaila a exprimé son regret face à l’absence d' »enquête sérieuse » avant la publication de l’article et a appelé à une investigation parlementaire sur la gestion de la crise. « C’est plus globalement une défaillance institutionnelle à organiser une réponse
humanitaire adaptée à l’ampleur de la catastrophe qu’il convient d’investiguer« , estime-t-il. Cette enquête, selon lui, pourrait permettre de clarifier les responsabilités et de formuler des recommandations pour mieux gérer les crises futures.

Mathilde Hangard

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