Interview exclusive de Laurent Wauquiez sur le durcissement du droit du sol à Mayotte : « Il fallait passer des paroles aux actes »

Suite à l’adoption de la proposition de loi concernant la restriction du droit du sol à Mayotte ce jeudi à l’Assemblée nationale, le chef de file du groupe la Droite républicaine, Laurent Wauquiez, a réagi dans nos colonnes. Entretien.

JdM : Après plusieurs heures de débats et d’échanges souvent houleux au sein de l’hémicycle de l’Assemblée nationale, votre proposition de loi pour la restriction du droit du sol à Mayotte a finalement été adoptée ce jeudi soir. Quelle est votre réaction ?

Laurent Wauquiez : Nous voulions passer des paroles aux actes. Cela fait des années que l’on parle de la restriction du droit du sol à Mayotte. Des années que les Mahorais appellent à l’aide face aux conséquences d’une immigration illégale hors de contrôle. Mais des années que la situation n’évolue pas ou trop peu. Le projet de loi d’urgence voté il y a quelques semaines pour reconstruire Mayotte à la suite du cyclone éludait totalement la question de l’immigration, alors même que chacun connaît le poids de cette pression démographique dans la fragilisation de tous les services publics de l’archipel. Dont acte. Nous avons décidé d’agir concrètement en proposant la restriction du droit du sol à Mayotte lors de notre journée d’initiative parlementaire. C’est chose faite.

Quelle va être la suite maintenant ?

Le texte va poursuivre le processus législatif au Sénat avec comme objectif, nous y serons vigilants, une adoption définitive dans les meilleurs délais.

Vos opposants politiques ont critiqué cette proposition de loi, notamment la Gauche accusant votre groupe de nourrir « une idéologie raciste », un discours populiste favorable à l’extrême-droite allant même jusqu’à parler de « suprémacistes blancs » et de « logique coloniale ». Que répondez-vous ?

Elections législatives 2024 à Mayotte
L’hémicycle de l’Assemblée nationale (Crédits photo : AN)

Le comportement de l’extrême-gauche lors des débats a été particulièrement indigne. Ils ont utilisé tous les mécanismes d’obstruction possibles avec un seul objectif : empêcher l’adoption de ce texte. Leurs excès et leurs diatribes ont révélé le fond de leur idéologie. Nous parlons d’élus de la République française qui préfèrent défendre le droit des immigrés illégaux et les prétentions territoriales des Comores au détriment de nos compatriotes et de l’intégrité du territoire national à Mayotte. Je le dis comme je le pense : ils sont le plus grand danger politique dans notre pays aujourd’hui.

Marine Le Pen, de son côté, a estimé que c’était une mesure nécessaire mais encore « trop timide », « un signal pas suffisant » pour « faire cesser cet appel d’air de l’immigration clandestine », et voudrait supprimer le droit du sol à Mayotte et sur l’ensemble du territoire national. Seriez-vous prêt à abonder dans son sens ?

Heureusement que nous n’avons pas attendu Marine Le Pen pour traiter de la question de l’immigration à Mayotte. Derrière les grands discours, qu’a-t-elle fait ? A-t-elle déposé une proposition de loi sur ce sujet lors de sa journée d’initiative parlementaire ? La réponse est non. Bien sûr, chacun est conscient qu’il faudra aller plus loin dans la lutte contre l’immigration illégale à Mayotte comme sur le reste du territoire national. Ce texte est une première avancée et c’est la Droite Républicaine qui l’a porté.

A terme si votre loi est votée par le Parlement qu’est-ce que cela changera concrètement pour les Mahorais ? Ne faudrait-il pas supprimer le titre de séjour territorialisé ?

Défenseure des droits, Mayotte
Le service des étrangers à la préfecture de Mayotte

L’objectif de cette loi est de contribuer à casser l’appel d’air de l’acquisition de la nationalité en indiquant clairement que l’on ne pourra pas bénéficier du droit du sol si on est en situation irrégulière à Mayotte. Nous instaurons une nouvelle condition : dorénavant il faudra, pour devenir Français, que les deux parents résident de manière régulière. Cela revient à supprimer le droit du sol pour les immigrés illégaux. C’est une première étape. Nous sommes lucides sur le fait qu’il reste encore beaucoup à faire et notre famille politique continuera d’être en première ligne avec une boussole : passer des paroles aux actes.

Propos recueillis par Benoît Jaëglé

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