Le communiqué transmis par Carla Baltus en cette fin de mois de janvier est un peu une lettre de passation de la présidente sortante du Medef Mayotte à l’adresse de son successeur. Rappelons que les élections pour choisir son successeur se sont terminées par un match nul le 24 octobre 2024. Elles opposaient son adjoint, Fahardine Mohamed et Nizar Assani Hanaffi, notamment président du Comité Territorial d’Action Logement à Mayotte. On ne connait pas encore la date des futures élections.
Avant de souhaiter « force et courage » à la prochaine équipe, Carla Baltus dresse un bilan des premiers accompagnements économiques post-Chido, notamment à la suite de ses rencontres à Paris, et rappelle ses attentes et celles des adhérents du Medef Mayotte.
Tout d’abord, c’est un « merci », adressé à tous ceux* qui se mobilisent pour redresser Mayotte, département « longtemps exposé à des crises complexes et successives freinant son développement à tout point de vue, et par voie de conséquence, l’épanouissement des acteurs de production, la création de richesse et la sérénité de ses habitants. »
Parmi les mesures réactives du gouvernement, l’organisation patronale souligne l’arrêt des recouvrements forcés, la suspension des charges sociales durant 3 mois, le déploiement de l’activité partielle, l’aide d’urgence aux entrepreneurs indépendants et un fonds de solidarité pour soutenir les entreprises. Et parmi celles annoncées par le Conseil départemental, « les aides à destination des auto-entrepreneurs et travailleurs indépendants, le prêt initiative Mayotte à taux zéro, le prêt d’honneur et l’aide à l’investissement ».
Discussions en cours pour monter le plafond d’aide
Pour autant, l’Etat et les collectivités doivent aller plus loin, juge toujours la chef d’entreprise. Qui demande une nouvelle fois que la suspension des cotisations sociales se mue en exonération « de décembre 2024 au 31 décembre 2025 », que les pénalités et majorations des périodes antérieures à Chido soient également annulées, que l’activité partielle soit prise en charge non pas à 70% comme c’est le cas actuellement et pour 1,5 mois, mais à 100%, et que l’aide aux entreprises à hauteur de 20% de leur chiffre d’affaires plafonné à 20.000 euros mensuels, soit calquée sur les 37,5% du CA octroyés en Nouvelle Calédonie avec un plafond à 500.000 euros, « propositions en cours de discussion portées par le MEDEF Mayotte auprès des institutions ». Le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a toujours indiqué qu’il sera fait « plus » pour le milieu économique.
Il est également demandé une nouvelle fois que les services de l’Etat et du Conseil départemental règlent leurs factures, « les collectivités doivent en faire autant », que les « attestations de vigilance » (preuve d’acquittement des cotisations sociales) soient délivrées « au plus vite » pour accéder aux dispositifs de défiscalisation, que le nombre d’emplois francs soit porté à 1.000, le CICE maintenu à 9%, que les aides soient renforcés pour les apprentis, la construction de logements en nombre et répondant aux normes cycloniques, maintenir la réflexion sur la zone franche globale, etc.
Comme en écho à la tribune de l’ancien député Ibrahim Aboubacar dans nos colonnes, Carla Baltus demande qu’« une ingénierie de la performance humaine » soit mise en place sous la forme de « TASK force » pour « la (re)construction de Mayotte (…) en réunissant les sachants et les compétences » qui pourront « générer de la performance durable et profitable aussi bien à la population du territoire qu’au pays, la France ».
A.P-L.
*Le Président de la République et ses Ministres, l’Assemblée nationale et le Sénat, notamment les parlementaires de Mayotte, le Président et son Conseil Départemental, le Préfet et ses agents , le MEDEF national, la FEDOM, la CSSM et l’ACOSS, la DEETS, la DRFIP, France travail, AKTO, l’ASP, le Rectorat , les banques, le Groupe Action Logement, l’IEDOM, les Maires de Mayotte et notamment le Maire de Mamoudzou, les EPCI, les syndicats patronaux et salariés, les Chambres consulaires, l’ARS et le CHM