JDM : Un projet de loi d’urgence pour Mayotte a été fait par le Gouvernement et voté en première lecture la semaine dernière à l’Assemblée nationale. Est-ce qu’en l’état actuel ce projet de loi va assez loin ? Est-il suffisant pour répondre aux défis, mais surtout à l’urgence dans laquelle se trouve Mayotte actuellement ?
Laurent Wauquiez : Cette loi est imparfaite mais nécessaire, il y avait urgence, il fallait une reprise pour reconstruire au plus vite, soutenir les entreprises afin que leurs charges n’explosent pas notamment. Il vaut mieux une chose imparfaite que rien du tout. La Droite Républicaine s’est battue pour que les choses avancent rapidement car les propositions n’étaient pas à la hauteur. Pour cela nous avons travaillé avec les élus mahorais afin que soit privilégier la construction, la baisse des impôts ou encore le report des échéances pour les entreprises. On a tout fait pour améliorer ce projet de loi. Est-ce que c’était utile ? Oui. Nécessaire ? Oui. Suffisant ? Non. On voulait notamment plus de fermeté contre la (re)construction des bidonvilles, mais la Gauche n’en voulait pas. De plus, il n’y a rien dans ce projet de loi sur l’immigration illégale.
Justement…Vous avez annoncé dernièrement que votre groupe allait déposer une proposition de loi à l’Assemblée nationale concernant le droit du sol dans le cadre de votre niche parlementaire. Pourquoi ce choix et quel va être le contenu de cette proposition de loi ?
Beaucoup parlent mais il y en a peu qui agissent… C’est la première fois depuis des années qu’un groupe politique s’engage pour obtenir des avancées concrètes dans la restriction de l’immigration illégale à Mayotte. L’objectif est de limiter l’attractivité à cause du droit du sol. Actuellement, il suffit qu’un seul parent soit en situation régulière et présent à Mayotte depuis 3 mois pour pouvoir acquérir la nationalité. Nous voulons durcir le droit du sol en passant à 2 parents en situation régulière et présents sur le sol depuis au moins un an, ce qui permettra de durcir l’accès à la nationalité française. Une fois de plus est-ce suffisant ? Non, mais c’est nécessaire. Nous voulons avancer plutôt que de parler, et faire des choses concrètes pour les Mahorais. Cela montre l’engagement de notre famille politique pour les Mahorais, c’est un message d’espoir que nous leur envoyons. Ce qui ronge Mayotte c’est l’immigration irrégulière incontrôlée. La Droite Républicaine agit pour les Mahorais et c’est pour cela que nous déposerons une proposition de loi pour restreindre le droit du sol à Mayotte jeudi prochain à l’Assemblée nationale. Il faut casser l’appel d’air pour l’acquisition de la nationalité.
C’est la rentrée scolaire à Mayotte cette semaine, elle se fait en mode dégradé…On connaissait déjà l’écart de niveau entre les élèves mahorais et ceux de l’Hexagone, cela risque malheureusement de s’aggraver depuis le passage de Chido. Que faudrait-il faire d’après vous pour freiner cet écart et pour qu’enfin les élèves mahorais aient le même accès à l’éducation que dans les autres territoires de la République ?
Les Mahorais sont les victimes d’une immigration irrégulière massive. Les classes sont surchargées, les conditions des services publics sont dégradées à cause du poids de l’immigration qui pèse sur le système scolaire. La loi d’urgence va donner des moyens supplémentaires en permettant de reconstruire plus vite, avec plus de places dans les classes. Tout ça c’est très important mais cela ne permettra pas à Mayotte de rattraper son retard. Il est quand même injuste que les Mahorais, qui ont choisi d’être Français, soient victimes d’une immigration par des gens qui eux ont refusé de l’être !
Vous avez récemment rencontré une délégation mahoraise et notamment le président du Conseil départemental, Ben Issa Ousseni. Quel a été la teneur de vos échanges ?
Nous avons échangé avec le président Ousseni mais aussi avec Mansour Kamardine et le maire de Mamoudzou afin que nous comprenions la situation et comment reconstruire. Nous considérons que les élus mahorais doivent participer pleinement à la reconstruction de Mayotte. En l’occurrence l’EPFAM ne marchait pas bien. Il faut panser les plaies après le passage du cyclone mais aussi organiser la reconstruction avec les différents projets que sont la piste longue de l’aéroport, le boulevard urbain, l’aménagement du front de mer, ou encore le 2e hôpital. Nous devons éclairer l’horizon des Mahorais en leur proposant des projets d’avenir car Mayotte est une perle de l’océan Indien.
Marine Le Pen a fait près de 60% des voix à Mayotte au second tour de la dernière élection présidentielle. Comment interprétez-vous ce résultat ?
Face à une immigration hors de contrôle, les Mahorais poussent un cri d’alerte. Qu’a fait Marine Le Pen pour les Mahorais ? Elle a fait une proposition de loi ? Elle a utilisé sa niche parlementaire ? Non, elle n’a rien fait pour Mayotte. Elle fait de beaux discours, mais il n’y a eu aucun acte de sa part pour ce territoire alors que nous, la Droite Républicaine, on se bat pour les Mahorais, les autres non. Il y a ceux qui parlent et ceux qui agissent.
Depuis le passage de Chido de nombreuses personnalités politiques sont venues ici pour constater les dégâts et rencontrer la population. Comptez-vous venir prochainement à Mayotte ?
Je viendrai au cours de cette année, quand on aura mené notre travail.
Propos recueillis par Benoît Jaëglé