La crise de l’eau à Moroni et de l’électricité dans tout le pays connait des proportions inquiétantes ces derniers mois. Commerces, petites et moyennes entreprises (Pme), sociétés de production et citoyens lambda vivent des semaines difficiles à cause du manque de ces services de première nécessité. La grande ville du pays peut passer une semaine sans la moindre goutte d’eau et avec en moyenne 8h de fourniture d’électricité dans une journée.
Un réseau d’eau vétuste datant des années 1970
Des opérateurs économiques expriment leur ras-le-bol face à une situation qui perdure. «C’est une situation intenable. Nous faisons des semaines sans électricité, comment pouvons-nous travailler», s’est désolé Hamidou Mhoma, patron de Graphica Imprimerie. «La Sonelec nous pousse à la faillite, cette crise de l’électricité signe notre arrêt de mort économique», ajoute Abouthaine Mahamoud, propriétaire d’une épicerie située au sud de Moroni.
En vérité, la crise de l’eau se ressent particulièrement à Moroni où l’on note l’inexistence de citernes dans les foyers. Les habitants dépendent à 100% du réseau d’approvisionnement en eau qui date des années 1970. «Tant que l’Etat ne trouve pas une solution à refaire un autre réseau, le problème d’eau persistera toujours à Moroni», nous explique un technicien de la Société nationale d’exploitation des eaux (Sonede). «Le réseau est inadapté, la population a augmenté, les besoins de consommation ont été multiplié par 30», a-t-il ajouté.
La crise de l’eau s’est accentuée ces derniers jours à cause des travaux en cours dans l’un des réservoirs d’eau de Moroni dénommé RB2000 sous financement de l’Arabie Saoudite. Une entreprise mauricienne, chargée des travaux, n’a toujours pas livré l’ouvrage censée être opérationnel en décembre dernier. «Le retard des travaux explique les difficultés actuelles d’approvisionnement de l’eau dans la capitale», a expliqué le directeur général de la Sonede, Soundi Goulam. Les zones des stations de pompage manquent de courant, causant des soucis d’approvisionnement au niveau des autres châteaux d’eau.
Un retour à la normale à la fin de l’année
S’agissant de l’électricité, le pays est suspendu aux travaux de maintenance des groupes électrogènes en cours dans les deux principales centrales électriques. De nombreux moteurs n’ont pas bénéficié de révisions techniques depuis des années. Mais un retour à la normale est prévu «dans les prochains jours», d’après une haute autorité qui a refusé de donner une date précise.
Si le pays n’est pas dans le noir total, c’est grâce aux deux nouvelles centrales solaires qui permettent d’approvisionner les zones fortement impactées par les délestages. Les Comores ont engagé une politique de mix énergétique depuis 2018 avec la construction de trois centrales solaires pour réduire les coûts d’exploitation onéreux des centrales thermiques. Au sujet de l’eau, un projet est engagé dans l’agglomération de Moroni et pourrait mettre un terme aux crises cycliques à partir de la fin de l’année 2025.
A.S.Kemba, Moroni