« J’ai connu l’abondance, aussi bien tant au niveau des végétaux que de l’halieutique… Quel va être le monde pour nos enfants ? ». C’est par cette phrase que le président de GIASM, Ourfane Ali Mari, a commencé la réunion. A la fois désolés mais résilients, les agriculteurs mahorais attendent des aides pour se relever après Chido. « Nous avons décidé de réunir différents partenaires potentiels afin qu’ils nous écoutent sur nos besoins car ils ont des choses à apporter, notamment en termes de logistique de matériels ou même d’accompagnement », nous explique Ourfane.
Une agriculture mahoraise exsangue
Selon le président de GIASM, il ne reste rien ou pas grande chose de l’agriculture mahoraise, même si certains ont été un peu plus épargnés que d’autres. « Sur les 3 secteurs que sont l’élevage, les végétaux (ndlr, les arbres fruitiers notamment) et le maraîchage, aucun secteur ne s’en sort, tout est vraiment détruit. Ce sont les éleveurs qui ont le plus souffert, notamment ceux qui avaient des volailles, leurs bâtiments ont volé en éclats », se désole Ourfane. Les agriculteurs, bien que dépités, sont toujours motivés pour remettre debout leurs exploitations mais pour cela ils ont besoin de fonds et d’aides. En attendant, c’est la solidarité mahoraise qui leur a permis d’entrevoir le bout du tunnel. « 80 % n’ont pas de subventions, ils se débrouillent avec leurs moyens personnels, les amis, la famille, la solidarité villageoise… C’est un retour au dynamisme d’antan, on a donc trouvé des mécanismes pour repartir vu que les aides ne sont toujours pas là », nous confie le président du GIASM.
C’est ce que raconte en substance Abdou Mohamed, vice-président du GIASM, qui a quasi tout perdu. « Je suis né dans l’agriculture… J’ai perdu mes 4 bâtiments de poulets et mes zébus. Tout a été rasé, je ne pourrai pas retrouver ce que j’avais ». Depuis maintenant 1 mois il se débrouille tout seul pour accéder à ses champs dont le chemin est obstrué par des arbres. « Je n’ai vu personne pendant 2 semaines, j’attends des scies et je n’ai toujours pas reçu d’aide ». Daniel, lui, élevait notamment une douzaine de vaches et constate qu’il n’y a pas de suivi de la part des autorités et des organismes agricoles. « On a besoin d’être épaulés, d’être accompagnés, d’avoir des tronçonneuses pour élaguer… Je n’ai même pas pu encore faire ma déclaration de pertes car je ne peux toujours pas accéder à mon champ. Nous n’avons eu aucune information de la part des syndicats, déplore-t-il. On ne peut pas se contenter uniquement de subventions. Nous sommes motivés mais on a besoin d’aide pour repartir ».
Les différents partenaires présents ont été attentifs aux doléances des agriculteurs du Sud car l’objectif pour eux est bel et bien de construire l’après Chido. « Il y a urgence ! Au-delà des apports logistiques (broyeurs, scies, tronçonneuses, etc.), nous avons besoins de spécialistes en agronomie avec des outils adaptés, mais aussi de la ressource humaine pour nous accompagner dans toutes nos démarches si l’on veut faire que le système puisse repartir », clame Ourfane Ali mari.
B.J.