Les annonces du chef du gouvernement étaient très attendues. Dès le début de son discours, le Premier ministre a insisté sur l’ampleur d’une catastrophe sans précédent sur le territoire national depuis la seconde guerre mondiale.
L’électricité rétablie fin janvier ?
Actuellement, alors que la moitié de la population vit toujours dans l’obscurité, entre bougies et lampes torches, le Premier ministre a insisté sur la nécessité de rétablir l’électricité au plus tôt sur l’ensemble de l’archipel. « L’électricité doit être rétablie dans chaque foyer fin janvier. » Pour ce faire, le chef du gouvernement a annoncé un renfort de 200 agents auprès de l’entreprise Electricité de Mayotte (EDM) et a insisté sur l’intérêt d’associer les agents locaux, « il convient que la main d’oeuvre locale soit engagée dans cette entreprise. » Par ailleurs, « 200 groupes électrogènes, une dizaine par commune » seront fournis. Le Premier ministre a précisé que « plusieurs dizaines » étaient d’ores-et-déjà arrivés et que « les autres vont suivre ». De plus « 20 techniciens électriciens vont arriver en renfort dans la semaine pour organiser ces commandos » et intervenir sur « les ruptures » au sein du « réseau de basse tension. » Le plan « Mayotte debout » prévoit également le déploiement de 200 antennes « Starlink » pour rétablir les télécommunications urgentes. « Les réseaux fixes ont été largement détruits », a déclaré le Premier ministre, en précisant qu’ « une solution 5G sera déployée sur le territoire d’ici fin juin 2025, définie avec les élus dans le cadre de la loi Mayotte » et qu’un réseau de fibre optique sera déployé dans deux ans, « avec un appui financier public de 50 M€ dans le cadre du plan France Très Haut Débit. Une délégation constituée d’élus sera établie pour contrôler le déploiement. Mais deux questions précises doivent encore être réglées : la dérogation à la loi Littoral pour l’implantation de pylônes, et la libération des fréquences », a précisé le chef du gouvernement.
Les vols commerciaux reprendront le 1er janvier
Pour permettre aux mahorais d’aller et venir, l’aéroport Marcel Henry va être réouvert progressivement aux vols commerciaux dès le 1er janvier 2025. Si la tour de contrôle n’est pas encore réparée, l’État organisera dès mardi 31 décembre le rapatriement des mahorais bloqués à l’étranger.
L’eau reviendra cette semaine
Au sujet de l’accès à l’eau, le chef du gouvernement a déclaré qu' »avant la fin de la semaine », la production d’eau potable serait de 38.000 mètres cube, soit la quantité produite d’eau avant le passage du cyclone. Par ailleurs, tout au long de cette nouvelle année, « le gouvernement va augmenter les moyens pour l’eau », a déclaré le premier ministre, en promettant qu’au mois de mars prochain, des travaux seraient réengagés pour accélérer la création de la troisième retenue colinéaire de l’île et le deuxième projet d’usine de dessalement, et que 40.000 mètres cube d’eau potable seraient produits « avant le 30 juin 2025 ».
13 janvier : une rentrée en mode dégradée
Au sujet de la rentrée scolaire, la date du 13 janvier 2025 a été confirmée, mais le chef du gouvernement a nuancé ce propos en précisant « ce sera au cas par cas selon les établissements, avec une attention particulière pour les élèves qui ont un examen comme le bac, le brevet ou le CAP ». D’autre part, les élèves qui le souhaiteraient pourront être scolarisés temporairement dans des établissements scolaires de l’Hexagone. « On l’a fait pour l’Ukraine, on peut le faire pour les élèves mahorais », a mentionné François Bayrou. Un plan « Volontaires Écoles Mayotte » de fidélisation des enseignants a également été annoncé « pour qu’il y ait des enseignants devant les élèves », en permettant à « des étudiants, des retraités et des volontaires d’enseigner », moyennant une rémunération. Alors qu’il présentait ces engagements, l’école maternelle T6 de Kawéni était en proie aux flammes. À ce sujet, le Premier ministre a déclaré : « On ne peut pas laisser les écoles, les collèges et les lycées, être pillés ou brûlés. Je proposerai un plan « vigilance » au Président de la République pour associer des unités de l’armée et de gendarmerie afin de surveiller ces établissements scolaires. » Le maire de Mamoudzou a déclaré que l’ensemble des écoles réquisitionnées comme centre d’hébergement d’urgence étaient évacuées.
140 tonnes de bâches supplémentaires
Pour s’atteler au fastidieux chantier des infrastructures, François Bayrou a annoncé l’arrivée prochaine de 140 tonnes de bâches représentant une surface de 700 000 m2, qui « seront livrées dans la semaine », s’ajoutant ainsi aux 100 tonnes de bâches déjà distribuées sur le territoire. Concernant la réparation des toitures, le Premier ministre a annoncé que « des éléments de charpentes métalliques et des tôles bac acier seront acheminés en urgence en fonction des besoins de la population » et « seront inclus dans la liste de produits à prix bloqués ».
La trésorerie des libéraux va être « sécurisée »
Lors de sa visite du CHM plus tôt dans la journée, le ministre chargé de la Santé et l’Accès aux soins, Yannick Neuder assurait que « tout est mis en place pour éviter la propagation des épidémies », telles que le choléra, qui avait fragilisé l’archipel depuis le 14 mars dernier. Le Premier ministre a rappelé que la réserve sanitaire, pilotée par Santé publique France, était pleinement mobilisée pour soutenir les professionnels de santé du 101ème département français. Par ailleurs, des parrainages entre le CHM et d’autres établissements hexagonaux ont été mis en place, pour permettre à des patients, « qui ont tout perdu pendant le cyclone », de continuer d’être pris en charge et de maintenir leur traitement, « même sans ordonnance ». Aussi, François Bayrou a annoncé que l’Etat soutiendrait la trésorerie des 300 professionnels de santé libéraux de l’île, en leur accordant notamment une « avance de leur trésorerie pendant trois mois ».
Suspension des cotisations sociales des entreprises jusqu’au 31 mars
Pour soutenir l’économie locale, et notamment les entreprises du territoire, précisant que cette filière « se sent souvent oubliée », le Premier ministre a affirmé qu’une suspension des cotisations sociales pour toutes les entreprises avait été arbitrée jusqu’au 31 mars 2025. Par ailleurs, des aides financières d’urgence pour toutes les entreprises ont été admises pour compenser la perte de chiffre d’affaires à hauteur de 20 % du chiffre d’affaires moyen (plafond de 20.000 euros). Aussi, un dispositif exceptionnel d’activité partielle pour préserver les emplois a été acté. D’autre part, les droits des bénéficiaires des allocations chômage seront prolongées jusqu’au 31 mars 2025. Les filières de l’agriculture et de la pêche vont également recevoir des aides matérielles, notamment des bâches pour la protection des installations agricoles, des denrées pour nourrir le bétail, mais aussi une simplification administrative de l’entrée des semences et une mobilisation de fonds européens pour la reconstruction des installations agricoles vont être engagées.
Les bidonvilles « dans le viseur »
Au sujet des bidonvilles, le chef du gouvernement a déclaré que l’Etat et les pouvoir publics locaux se sont accordés à empêcher la reconstruction des bidonvilles à Mayotte, précisant que ces dispositions pourront être « inscrites dans la loi. » Le 3 janvier prochain, une loi d’urgence sera présentée en Conseil des ministres, puis soumise au Parlement sous 15 jours.
Mathilde Hangard