« Je ne peux pas rester les bras croisés sans rien faire, j’ai une sensibilité particulière pour Mayotte », explique Sebastien Fumaz, ancien habitant de l’île aux parfums qui y a vécu de 2019 jusqu’en mai 2024. Lui qui a connu les ravages de l’ouragan Irma en 2017 à Saint-Martin aux Antilles, a décidé d’apporter son aide à la population mahoraise en détresse hydrique, en proposant des générateurs d’eau atmosphérique. « Les images que l’on voit à la TV sont terribles avec toutes ces cases détruites, c’est un véritable désastre. Tous ces gens qui n’ont pas accès à l’eau potable, toutes ces communes sans eau, ni électricité… J’ai l’impression que l’on retombe dans les mêmes travers que pour le cyclone Irma quand je vivais alors à Saint-Martin. Les Hollandais avaient anticipé en envoyant l’armée et la Marine…Alors que nous, Français, nous attendions encore les secours plusieurs jours après », raconte-il (ndlr, l’île de Saint-Martin est divisée en 2 : une partie appartient à la Hollande et l’autre à la France).
« J’aimerais donner un coup de main »
Le représentant de la société Geobuilder, qui est basé maintenant à La Réunion, affirme qu’il dispose d’un stock important de générateurs d’eau permettant de palier le manque d’eau. « Nous avons une centaine de générateurs qui peuvent produire chacun jusqu’à 30 litres d’eau potable par jour. Certes ce n’est pas assez…mais cela permettrait dans un premier temps de fournir de l’eau à des familles et des enfants qui ne peuvent pas se déplacer dans les centres de distribution. Quand on voit l’insalubrité et les maladies hydriques qui risquent d’en découler comme le choléra, on l’a encore vu l’été dernier, je pense que c’est toujours mieux que rien ! ». Il y a un peu plus d’une semaine de cela le PDG de l’entreprise Osoley, la société qui fabrique les générateurs d’eau atmosphérique, a envoyé un mail à la préfecture de Mayotte pour proposer la mise à disposition de générateurs… La réponse de la préfecture aurait été très laconique : « Votre demande a été transmise au service concerné, en charge de l’approvisionnement ». Force est de constater que depuis plus d’une semaine maintenant ils n’ont eu aucun retour. « J’ai le sentiment qu’il y a un discours confus, des freins pour que les ONG arrivent sur place… Aussi j’aimerais donner un coup de main », s’impatiente Sébastien Fumaz. Il souhaiterait ainsi s’appuyer sur les communes et/ ou les associations pour son projet de création de points d’eau. « Il suffit juste d’avoir un local sécurisé pour mettre les générateurs à l’abri, indique-t-il. On pourrait créer ainsi des points de distribution d’eau dans les communes pour peu qu’il y ait de l’électricité… »
Le temps presse…
Sebastien Fumaz est prêt à fournir ses générateurs gratuitement mais pour cela il faut les acheminer à Mayotte. « On nous demande de payer 25.000 euros pour faire venir nos générateurs depuis La Réunion dont 20.000 euros rien qu’en octroi de mer. Nous sommes prêts à envoyer nos générateurs à Mayotte pour peu que le transport soit pris en charge par les autorités ou que nous soyons exemptés de frais de douane et d’octroi de mer. Les gens meurent de soif, on ne peut pas rester sans rien faire, il faut agir rapidement mais ça ne dépend pas que de nous… Je veux revenir à Mayotte pour aider, j’attends de savoir quand ».
Autre petit détail, et pas des moindres, la société Geobuilder et son fournisseur Osoley, disposent de générateurs d’eau beaucoup plus puissants permettant de produire plusieurs centaines de litres d’eau potable par jour. « Nous avons aussi des générateurs pouvant produire 100, 250, 500 et même 1.000 litres d’eau potable par jour qui sont montés sur des remorques avec un groupe électrogène, donc en totale autonomie par rapport aux besoins en électricité. Vu que nous sommes en saison des pluies il n’y aura aucun mal à produire de telles quantités d’eau. Pour cela, il faudrait que les autorités s’activent car leur acheminement vers Mayotte prendra du temps… », indique Sébastien. Enfin, ces générateurs qui reproduisent le cycle de l’eau et qui filtrent l’humidité de l’air en la transformant en eau potable s’avèreraient être une bonne réponse et une solution pertinente au problème des déchets plastiques induit par le nombre massif de bouteilles d’eau sur le territoire, sans compter le coût exorbitant de leur importation et de leur recyclage…
B.J.