26.8 C
Mamoudzou

Chido : approvisionnement, un « pont » très aéré

Si un « pont aérien » a été annoncé par le président Macron, il est vraisemblablement en gruyère car de nombreux trous sont dénoncés par la population.

Les messages qui nous arrivent, invérifiables mais nombreux, vont tous dans le même sens : « On a soif, on est obligé d’aller chercher l’eau », « je n’ai reçu qu’une petite boîte de sardine, de thon et de tomate comme apport alimentaire », « ma mère n’a plus d’eau et de nourriture, et elle n’a vu personne », les témoignages se succèdent sur la lenteur d’acheminement de l’aide à Mayotte. Si on comprend que l’Etat ait été pris de court par un cyclone dévastateur, sa menace aurait dû engranger un état d’alerte y compris en métropole pour se tenir prêt.

Dans un de nos premiers articles sur l’étendue de la catastrophe, nous demandions la mise en place d’un continuum d’avions sur la piste de Pamandzi jusqu’à atteindre un approvisionnement régulier de la population. On peut comparer l’état humanitaire et sanitaire à l’incendie qui avait touché il y a deux ans la forêt des Landes. Un ballet continu de Canadair venait récupérer l’eau dans le Bassin d’Arcachon jusqu’à ce que l’incendie soit maitrisé. Le département de Mayotte est aussi sinistré à ceci près que ce sont des vies qui sont en jeu.

Alors que la chaleur est étouffante, pendant la semaine de très nombreux habitants n’avaient pas une goutte d’eau sous la main. Un approvisionnement au compte-goutte qui a valu au président Macron de se faire huer, provoquant chez lui une réaction épidermique avec perte de sang-froid, « c’est pas moi le cyclone (…) Si c’était pas la France, vous seriez 10.000 fois plus dans la merde ! » Il s’est défendu ensuite expliquant avoir été la victime d’une instrumentalisation politique, « c’était des gens du RN », lâchait-il. Au moins reconnait-il a contrario de son Premier ministre, que nous sommes bien ici sur le territoire national.

Des renforts découvrant le territoire

Un habitant fouillant dans les poubelles

Nous avions également titré sur « à quelques jours près », pour paraphraser le ministre des Outre-mer et évoquer l’urgence de l’acheminement d’eau et de nourriture. Si ce dimanche, le gros porte-container  annoncé par le président de la République déversait ses 88 containers dont il détaillait la composition, c’est sur une capacité d’embarquement de plus de 1.000 (entre 500 et 3.000 en fonction des navires). On suppose que les autres arrivent également plein pour optimiser le transport.

Une impression d’acheminement au compte-goutte qui fait donc réagir la population, « en 1949, le ‘pont aérien’ pour sauver les Berlinois de l’encerclement (des soviétiques, ndlr), a mobilisé 1.398 vols et déplacé 12.849 tonnes en 24 heures », pointe un message sur les réseaux sociaux, laissant l’actuel dans une impression d’approvisionnement au compte-gouttes.

Désormais, ce sont 100 tonnes d’approvisionnement par jour qui arrivent, indique la préfecture, ce qui devrait, on l’espère, permettre de rattraper le retard.

Par ailleurs, on ne sait qui organise l’arrivée des renforts, mais on nous rapporte des incompréhensions, « du personnel de secours et de sécurité est envoyé à Mayotte, mais les postulants qui ont déjà travaillé sur le territoire ne sont pas systématiquement retenus. Par contre, quand ils atterrissent à Mayotte, ils nous contactent pour savoir comment faire ! », nous rapporte l’un d’entre eux.

Autre décalage avec la réalité, notre journaliste sur place a remarqué des soignants désœuvrés , « il n’y a pas assez de patients », se plaignaient-ils. A noter que le nombre de naissances a considérablement baissé, avec « 18 nouveaux-nés entre mercredi et jeudi contre 50 habituellement. »

Reconstruction des cases en cours

La chute du nombre de patients et de celui des naissances doit inquiéter sur les constats de décès à venir. Une mission est en cours d’action pour les dénombrer, mais on espère là encore qu’il n’y a pas économie de moyen et que la course contre la mort pour venir secourir les blessés se poursuit intensément.

Enfin, il va falloir rebâtir le territoire. Là encore, nous avions dès le premier jour évoqué un besoin de centaines de bétonnières. Une image pour dire qu’il faut mettre les moyens dans cette fois une course contre la montre d’érection de nouvelles et meurtrières cases en tôle. Et ce n’est plus nous qui le disons, puisque le désormais très démissionnaire ministre des Outre-mer commentait au « Grand Jury » de RTL, les dires du Premier ministre François Bayrou qui demandait une reconstruction de l’habitat en urgence, « au-delà du fait de faire le plus rapidement possible, il faut le faire de la manière la plus qualitative possible ». 

Anne Perzo-Lafond

Article précédent

Partagez l'article:

Les plus lus

Articles similaires
Similaire

Les raisons de la colère

Lors de sa prise de parole face à une...

Chido : téléphonie, « Il faudra du temps avant un retour à la normale », selon Yves Gauvin

Nous avons pu contacter Yves Gauvin le directeur de SFR Réunion/ Mayotte afin de faire un point sur la situation du réseau dans les jours et les semaines à venir.

Face à la solidarité des Départements de France, Ben Issa Ousseni dit sa « gratitude »

Dans un communiqué, Départements de France évoque des dégâts...

Chido : Pour la journée de deuil nationale, une minute de silence à 13h

Le président de la République a décrété un deuil...
WP Twitter Auto Publish Powered By : XYZScripts.com