« Cette nuit toutes les maisons du Belvédère à la pointe de Koungou ont été dépouillées. Les bandes arrivent en nombre, et ils sont restés de minuit à 4 heures du matin. Nous étions effrayés en les entendant démonter les tôles et le fenêtres. Ils prennent tout ce qu’ils peuvent. Les deux gardiens ont été attaqués dès 20h. Et ils ont déjà annoncé qu’ils allaient revenir cette nuit. Ils arrivent d’en haut de la pointe, d’en bas, les bandes sont très organisées », nous rapporte une habitante ce mardi matin, qui est restée alors que sa maison a été dévastée par le cyclone. Celles qui ont été les moins endommagées et qui pourrait abriter des habitants, sont pillées.
Des scènes qui se reproduisent ailleurs et qui ont incité le ministère de l’Intérieur à instaurer un couvre-feu dès ce mardi 17 décembre 2024, de 22h à 4 h du matin. L’article 27 de la loi d’orientation et de programmation du ministère de l’intérieur (LOPMI) permet ainsi au représentant de l’Etat dans le département de prendre les décisions visant à assurer le rétablissement de l’ordre public. L’horaire est jugé très tardif par beaucoup, alors qu’à Mayotte la nuit tombe vers 18h30 à cette saison.
Les forces de l’ordre elles-mêmes touchées
Ce n’est pas la première fois loin s’en faut qu’un couvre-feu est mis en place à Mayotte. En dehors du Covid où tout le territoire était concerné, il portait sur des communes où les agressions nocturnes devenaient répétitives. Avec toujours la même condition de succès ou d’échec : la mise à disposition de forces de l’ordre en nombre conséquent pour le faire respecter. Or, elles sont actuellement sur tous les fronts, et notamment la logique sécurisation des personnes en danger prioritaire sur le matériel.
Les gendarmes et policiers « locaux » ont été impactés par le cyclone et n’ont plus d’endroit pour abriter leur famille, les rendant inopérant. Il faut donc faire venir des renforts sécuritaires en nombre conséquent pour s’assurer de la réussite de la mesure et éviter d’abandonner un territoire déjà très dégradé, aux pilleurs.
Anne Perzo-Lafond