Catastrophe Chido : « On compte beaucoup sur l’armée », indique Bruno Retailleau

C'est à propos d'un territoire dévasté que s'est penchée une première cellule de crise interministérielle ce samedi soir, présidée par le tout nouveau Premier ministre. Elle se tiendra deux fois par jour, 800 renforts en homme et en matériel vont être envoyés pour pallier les multiples urgences

Le cataclysme qui vient de toucher Mayotte sonne comme un baptême du feu pour le tout nouveau Premier ministre. Une première cellule de crise présidée par François Bayrou s’est réunie ce samedi entouré de 13 ministres, dont Bruno Retailleau à l’Intérieur et Thani Mohamed Soilihi, originaire de Mayotte.

Tout d’abord, impossible de dresser un bilan humain rapportait Bruno Retailleau : « Il est hors de question de dresser un bilan car il faut notamment inspecter les gravats sur place. Mais on craint qu’il soit lourd. » Il faut dire que l’absence de réseau ne permet pas de contacter les habitants, pour lesquels il est déjà très compliqué de joindre des secours. Les coupures d’électricité se rajoutent aux difficultés de liaisons. D’autre part, et selon la religion musulmane, les corps doivent être enterrés rapidement, il semble que cela soit déjà le cas. Ce qui va tronquer le bilan humain.

La maternité du CHM fortement impactée par le cyclone

Pour le Premier ministre, un premier prévisionnel permet de dégager « plusieurs facteurs de risques, immédiats et de moyen terme ». Dès maintenant, il s’agit de recenser et de réparer les équipements publics détruits, pour permettre d’actionner les secours à la population, « la préfecture, l’hôpital, l’aéroport pour rétablir les liaisons aériennes ». Quasiment toutes les habitations ont connu au mieux, des dégâts, au pire ont été rasées. « Le bilan n’est pas facile (…) là nous sommes préoccupés par la sécurité immédiate des personnes ».

Ensuite, une fois ces infrastructures réparées comme la tour de contrôle de l’aéroport, il s’agit d’acheminer « la nourriture, de l’eau », notamment « pour les équipements sensibles comme la prison ou le centre de rétention administratif ». En conclusion, s’il saluait sur place « des services de l’État présents et organisés », il manque des « moyens logistiques qui ne sont pas immédiatement disponibles mais qu’on va mobiliser ».

Un hôpital de campagne dans les prochains jours

Bruno Retailleau rapportait une « situation exceptionnelle », avec des conditions de vents, de pluie et de houle qui ont « entièrement détruit » l’habitat précaire. La cellule de crise mise en place se réunira deux fois par jour. Dans un premier temps, le ministre de l’Intérieur indiquait avoir sollicité les forces de l’ordre « les 1.600 gendarmes et policiers sur place » pour lutter contre « des débuts de pillage ». Pourtant, les habitants continuent à communiquer sur des pillages de grandes ampleurs, « ils ne se sont pas contentés de voler, ils ont également cassé les meubles », nous rapporte l’un d’entre eux habitant pointe de Koungou. Les bâtiments existants risquent donc d’être encore plus dégradés par ces pillages.

Un appareil A400M attendu dans le cadre d’un pont aérien (Photo : JDM)

L’urgence de secourir les habitants est empêchée par de nombreux arbres couchés sur les routes. Or, les services de l’État comme la DEAL, ont vu également une partie de leurs bâtiments dégradée. Il faut donc acheminer depuis l’extérieur. Malgré la destruction de la tour de contrôle, la piste est « praticable » pour les avions militaires, selon le ministre, qui annonce un « pont aérien depuis La Réunion », au moyen de deux Dash, deux avions de type CASA, et un gros 400M. L’urgence est à l’acpprovisionnement de nourriture et d’eau. La marine nationale est aussi mobilisée, avec la desserte du Champlain pour acheminer des containers et le Marion Dufresne. « On compte beaucoup sur l’armée », appuie le ministre, qui en réponse aux dégâts sur l’hôpital, et notamment du service de réanimation, annonce l’installation d’un hôpital de campagne « dans les prochains jours ».

D’ici mercredi, cinq vagues de renfort sont annoncées, « 800 personnes avec du matériel » dont 210 personnel médical.

Au regard des dégâts sur l’habitat, sur l’acheminement de l’eau potable et d’assainissement, l’enjeu est la mise à l’abri des populations, « qu’elles soient en situation régulière ou irrégulière », précise Bruno Retailleau, « au sein des bâtiments publics ». Mais ces établissements sont pour la plupart endommagés également donc la question de l’hébergement reste cruciale. « Des campements de renfort » seront mis en place.

Une situation « dramatique et exceptionnelle », soulignait le ministre dont la venue est attendue ce lundi à Mayotte.

A.P-L.

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