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Clown Mashababi : l’art au service de la jeunesse mahoraise

Le projet Clown Mashababi revient pour une deuxième édition ambitieuse. Cette initiative artistique, dédiée aux jeunes en situation de grande vulnérabilité, utilise le théâtre clownesque, la danse et la musique comme outils d'expression et de transformation sociale

Un projet fruit d’une grande collaboration

Clown Mashababi est né d’une collaboration entre Clowns Sans Frontières (CSF), Apprentis d’Auteuil Mayotte (AAM) et la Communauté de Communes de Petite Terre (CCPT). Ce projet s’inscrit dans une démarche initiée par les CSF en 2020 pour renforcer ses actions en France. « Il nous a semblé important, si nous intervenions auprès des personnes les plus précaires, de ne pas oublier le département le plus pauvre de France : Mayotte », explique Cécile Hambye, responsable des projets des CSF. L’association a donc cherché des partenaires locaux et a trouvé un écho favorable auprès d’AAM et de la CCPT.

Après une première édition réussie, le projet revient pour permettre à des jeunes, souvent non scolarisés et marginalisés, de se réinsérer socialement et culturellement.

Pourquoi le choix du théâtre clownesque, de la danse et de la musique ?

Pour leur universalité et leur capacité à toucher toutes les sensibilités. « Le clown est un personnage universel, sans frontières, sans besoin de compréhension de texte ou de mots. Jacques Lecoq disait que le nez rouge était le plus petit masque du monde ». Ces disciplines permettent de susciter des émotions profondes et de créer des liens authentiques entre les participants et le public.

Pour les jeunes, souvent habitués à la danse et à la musique dans leur quotidien, ces médiums artistiques offrent des outils concrets pour s’exprimer et valoriser leurs talents.

Des objectifs ambitieux pour la jeunesse mahoraise

L’objectif principal est de redonner confiance aux jeunes participants, souvent confrontés à l’isolement et à des carences éducatives. En les mettant en lumière, le projet leur offre une opportunité rare de devenir acteurs de leur avenir.

Mais l’ambition ne s’arrête pas là. En sélectionnant des jeunes issus de différents villages, le projet vise également à promouvoir le vivre-ensemble et à dépasser les rivalités locales.

Enfin, les organisateurs espèrent changer le regard du public sur cette jeunesse souvent stigmatisée, en valorisant leur potentiel à travers un spectacle gratuit, ouvert à tous.

Une expérience transformatrice pour les participants

Les Clowns Mashababi réunis tous ensemble pour le grand final !

Pendant trois semaines, 16 jeunes, âgés de 14 à 18 ans, participent à des ateliers intensifs encadrés par des artistes professionnels. Ce programme immersif leur permet de développer des compétences essentielles, comme la concentration, la rigueur et l’adaptabilité. « Vivre, travailler et manger ensemble est une aventure humaine qui demande solidarité, patience et énergie. », souligne l’équipe. Les éducateurs et médiateurs jouent un rôle clé en accompagnant les jeunes dans cette expérience unique.

Interview des jeunes participants

JDM : Qu’est-ce qui vous a donné envie de participer à « Clown Mashababi » ?

Karim Faïze : « J’aime la musique, la danse, le chant, découvrir de nouvelles choses, faire le clown, me déguiser et faire rire. Mon rêve serait de devenir plus tard un grand chanteur. »

Fouad Abou : « Je me suis intéressé à Clown Mashababi car j’aime beaucoup découvrir de nouvelles choses. Je remercie les encadrants qui ont été avec nous pour nous suivre tout au long de cette aventure et qui nous ont donné cette belle opportunité. »

JDM : Quelles activités (théâtre clownesque, danse, musique) vous attirent le plus et pourquoi ?

Karim Faïze : « Le chant et la danse. Je me sens comme une star devant la scène ! »

Fouad Abou : « Les activités qui m’intéressent le plus sont le théâtre clownesque et le chant. Grâce à ses activités nous pouvons nous exprimer et interagir avec le grand public. »

JDM : Qu’avez-vous appris sur vous-même ou sur les autres pendant ces deux semaines de préparation ?

Karim Faïze : « Je ne connaissais pas mes coéquipiers mais nous avons appris à faire connaissance autour de discussions et de rigolades. Nous venons de différents villages de l’île mais malgré tout il n’y a jamais eu de conflits entre nous. Désormais nous sommes comme des frères et sœurs. »

JDM : Y a-t-il un moment fort, quelque chose qui vous a marqué pendant cette aventure que vous souhaitez raconter ?

Fouad Abou : « Les moments que j’ai aimés le plus ont été de voir les spectateurs rire lors notre performance. Cela était très motivant ! »

Jeune participant de Clown Mashababi jouant du Dzendze instrument traditionnel mahorais

JDM : Pensez-vous continuer à pratiquer ces activités après cet événement ?

Fouad Abou : « Nous souhaiterions continuer ces activités en espérant que l’on pourra aller plus loin et proposer plus de spectacle »

JDM : Que diriez-vous à un jeune qui hésite à se lancer dans une aventure comme celle-ci ?

Karim Faïze : « Pour les jeunes qui souhaiteraient se lancer, je leur donnerai le conseil de

ne pas hésiter et à rendre leur rêve réalité. »

Fouad Abou : « Je les encourage à essayer et ne pas rester sans rien faire. C’est une chance unique qui nous permet de beaucoup nous aider dans notre vie, d’acquérir de nouvelles connaissances et de vivre une belle expérience. »

Soifane Ahamadi, éducateur de prévention spécialisé chez Apprentis d’Auteuil

Mayotte s’exprime sur l’organisation du spectacle : « Cette année il n’y a pas eu beaucoup de préparation pour les répétitions, en 1 semaine et demi seulement. Les jeunes ont fait un énorme travail pour réaliser ce spectacle en si peu de temps. » Il précise aussi que « les jeunes participants repartent avec un diplôme à l’issue de cette aventure, ce qui permettra de leur offrir de nouvelles opportunités dans le milieu professionnel. »

Les défis d’un projet d’envergure

Si le projet peut compter sur des partenaires mobilisés à Mayotte, le financement reste un défi majeur. « Il faut convaincre les financeurs de l’importance de la culture comme outil de lien social », soulignent les organisateurs. Des institutions comme la DRAJES, la Fondation Foujita, ou encore l’association Georges Hourdin ont permis à Clown Mashababi de voir le jour.

Un spectacle dans des lieux symboliques

Les représentations, gratuites et ouvertes à tous, se dérouleront dans l’espace public pour atteindre les populations qui ont peu accès à l’art. « Nous voulons que leurs proches soient fiers d’eux et que cela donne envie à d’autres jeunes de se lancer dans des activités artistiques », précisent les CSF. Certaines performances auront également lieu dans des espaces institutionnels comme l’Université de Dembeni, pour sensibiliser les jeunes à leur légitimité dans des lieux culturels.

Un potentiel durable pour Mayotte

Clown Mashababi ne se limite pas à un spectacle ponctuel. Les organisateurs envisagent déjà des ateliers réguliers à partir de 2025 pour ancrer ce projet dans la durée. Ils souhaitent également développer des collaborations avec les artistes locaux, afin de rendre l’initiative plus pérenne et adaptée au territoire.

Un projet à suivre

Avec Clown Mashababi, CSF et ses partenaires démontrent l’impact que peuvent avoir les arts sur la jeunesse. Ce projet, qui mêle expression artistique et cohésion sociale, redonne espoir et confiance à des jeunes souvent en marge de la société. Il offre également une opportunité unique au public de découvrir une autre facette de la jeunesse mahoraise, porteuse de créativité et d’ambition. Un rendez-vous à ne pas manquer.

Nayar SAID OMAR

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