Lors de cet événement qui a réuni des représentants des intercommunalités de Mayotte, plusieurs thématiques liées à la gestion des déchets ont été abordées au travers d’ateliers collectifs. Les différents participants ont ainsi pu échanger et partager leur expérience sur des sujets comme « le contrôle des flux pour favoriser une gestion vertueuse des déchets » ; « les biodéchets : enjeux de gestion et opportunité de développement » ; « les perspectives des installations de traitement de déchet » ; et enfin « les modèles de collecte dans les quartiers inaccessibles et informels ». Pour Chanoor Cassam, DGS du Sidevam, cette journée avec les partenaires et les élus est avant tout l’occasion d’aborder certains projets et certaines problématiques autour de la gestion des déchets. « Nous devons poser à plat certains sujets afin de dépasser le dialogue du quotidien et partir sur de bonnes bases… c’est aussi l’occasion d’apaiser certaines tensions, d’améliorer nos relations dans un dialogue franc, ouvert, afin d’être constructifs ».
Responsabiliser l’ensemble des acteurs sur la gestion des déchets
Si le Sidevam a organisé ce séminaire c’est parce que la gestion des déchets dans l’île commence à devenir problématique et ne va cesser de se compliquer si nous n’agissons pas collectivement. En effet, l’ISDND (installation de stockage des déchets non dangereux) de Dzoumogné prévu pour enfouir les déchets pendant 30 ans sera saturé bien avant. « Si les choses continuent à ce rythme dans moins de 20 ans il ne sera plus opérationnel, il faut agir pour anticiper sur l’avenir », indique le directeur général des services. Malgré les nombreux investissements du Sidevam ces dernières années, la demande est telle qu’il n’arrive pas à freiner l’accumulation des déchets. « Grâce aux fonds européens nous avons quasi doublé notre flotte de camions depuis 2020 et commandé 21.000 bacs de poubelles, c’est inédit. Nous avons aussi augmenté le nombre de nos agents et malgré cela, si les choses continuent à évoluer de la sorte, nous ne serons plus en mesure d’absorber le flux de déchets dans moins de deux décennies », poursuit le DGS.
Pour lui il est donc nécessaire de sensibiliser les différents acteurs que sont en premier lieu les usagers, les entreprises et les services de l’État sur la gestion de nos déchets. « Ils ont tous un rôle à jouer avec des gestes simples comme le tri, et éviter de jeter les déchets n’importe où. Les services de l’État doivent également améliorer la réglementation et renforcer les contrôles. Chacun à un rôle à jouer que ce soit les intercommunalités et même le Conseil départemental ». Selon Chanoor Cassam, le Département, à travers son Plan régional de prévention de gestion des déchets, pourrait limiter certaines importations de déchets néfastes pour l’environnement, comme le plastique notamment, en augmentant l’octroi de mer sur certains produits. « On achète, on consomme, et on jette souvent n’importe où et n’importe comment sans penser au tri. Il faut éviter de surcharger le centre d’enfouissement de Dzoumogné car il se remplit rapidement… Le Sidevam est dépassé par la gestion des déchets malgré le doublement de ses moyens depuis 2020 », avertit le directeur général des services.
Poser les bases d’une réflexion commune
C’est également tout l’enjeu de ce séminaire et de ses ateliers : sortir du quotidien et réfléchir collectivement pour améliorer la gestion de nos déchets. « Il faut qu’on s’appuie sur nos partenaires en termes d’enjeux et poser le postulat de départ afin d’être tous d’accord et travailler sur les mêmes bases. Vu la croissance démographique de l’île, les déchets vont croître de manière exponentielle. Nous devons poser les bases d’une réflexion permettant de trouver des solutions, car malgré les moyens colossaux déployés il y a des trous dans la raquette ». Chanoor Cassam compte ainsi aborder tous les sujets et dialoguer avec tout le monde afin « de se mettre collectivement d’accord ». A l’issue de ce séminaire, un compte-rendu sera fait suite à la tenue des différents ateliers, une feuille de route sera établie puis transmise aux communes et intercommunalités.
En outre, les actions du Sidevam ne s’arrêtent pas là puisque le mois prochain sera inauguré à Dzoumogné un nouveau casier d’enfouissement « qui a nécessité 18 millions d’euros d’investissement ! ». Le Sidevam compte aussi faire davantage de prévention sur les bons gestes à adopter pour le tri et enfin travailler avec les éco organismes afin de les impliquer un peu plus. « 30% des déchets sont des bio déchets, des restes alimentaires…, si on les enlevait complètement on pourrait gagner 6 ans au niveau de l’ISDND et ainsi prolonger sa durée de vie au lieu de la raccourcir ».
B.J.