La plus petite des deux îles urbanisées de Mayotte est la plus menacée par la proximité de la mer. Car au phénomène mondial de montée des eaux s’ajoute l’effet de subsidence, un enfoncement soudain de 18 cm de l’île lié à la vidange de la chambre magmatique du volcan sous-marin en 2018.
Plusieurs constats ont été faits dont le dernier en date du 14 novembre dernier par une visite de terrain d’une délégation d’inspecteurs des ministères de l’Intérieur et de l’Écologie, accompagnés par un conseiller intercommunal, par le chef de service Prévention des risques de la DEALM et la chargée d’études GeMAPI et biodiversité de la Communauté de Communes de Petite-Terre (CCPT). Ils ont visité deux des zones les plus touchées par le recul du trait de côte de Petite-Terre : Petit Moya, où l’érosion menace directement l’usine de dessalement, « réduisant l’échéance critique à seulement 5 à 10 ans sans intervention urgente », indique la CCPT, et le littoral ouest de Pamandzi, particulièrement exposé aux grandes marées et aux submersions marines, tout comme le quartier Manga Magari.
Exerçant la compétence GeMAPI (Gestion des Milieux Aquatiques et la Prévention des Inondations) depuis 2018, la CCPT indique avoir engagé des démarches pour mieux comprendre et anticiper les risques littoraux, notamment en lançant l’année suivante un diagnostic GeMAPI avec BRL Ingénierie, associée au CEREMA à travers leur appel à projet sur la gestion intégrée du littoral.
Le CEREMA a analysé la falaise de Petit Moya et présenté ses conclusions aux nombreux acteurs locaux, soulignant l’urgence d’intervenir. Des études supplémentaires sont menées.
A contrario du trait de côte, les délais s’allongent
Lors de la dernière réunion du 18 novembre, plusieurs décisions importantes ont été prises, notamment grâce à un engagement sans faille de la Direction de l’Aménagement (DEALM), tient à souligner la CCPT : le Fonds Barnier est enfin mobilisé, des études géotechniques et environnementales sont lancées et des comités techniques (CoTech) sont mis en place. « Une réunion de cadrage est d’ores et déjà programmée pour le 4 décembre dans les locaux de la CCPT. »
Mais pendant le temps des diagnostics, la situation continue de se dégrader, pointe Chamssia Mohamed, 1ère Vice-Présidente de la CCPT, lors de la réunion du 18 novembre : « Les enjeux sont bien identifiés, mais le manque de moyens pour agir concrètement reste une frustration. Nous sommes prêts à avancer, mais les délais s’allongent. »
De son côté, la CCPT élabore un Programme d’Actions de Prévention des Inondations (PAPI). Ce dispositif inclut une analyse approfondie de la vulnérabilité du territoire, la recherche de solutions innovantes et adaptées, notamment des solutions fondées sur la nature et une concertation publique, prévue prochainement, pour intégrer les habitants au projet.
La population n’est donc pas oubliée, avec des alertes régulières lors des épisodes de grandes marées, avec rappel des consignes de sécurité.
Territoire aux infrastructures stratégiques, l’aéroport et l’usine de dessalement, la CCPT mobilise ses partenaires locaux et nationaux tout en appelant l’État à transformer les constats en actions concrètes.
A.P-L.