La commission des Affaires Etrangères de l’Assemblée nationale s’est réunie dernièrement pour analyser le rapport de la dernière commission publique d’évaluation de l’aide au développement. A cette occasion, la députée de la première circonscription de Mayotte, Estelle Youssouffa, a fermement fustigé l’inefficacité des accords de coopération signés entre la France et les Comores en 2019. « En 2019, la France a engagé avec les Comores un accord de coopération de 150 millions d’euros afin que les autorités comoriennes empêchent leurs ressortissants d’émigrer clandestinement vers Mayotte. Depuis, cette aide au développement a encore augmenté pour atteindre 250 millions d’euros, même si les objectifs de la LIC ne sont pas atteints », a-t-elle déploré.
Cette somme comprend notamment 26 millions d’euros pour le financement de la Banque centrale des Comores, celui des étudiants comoriens ainsi que celui de la coopération culturelle et sportive. « Les contribuables mahorais, comme les autres contribuables français, financent donc un pays qui revendique et déstabilise le département de Mayotte, qui conteste nos frontières ! », s’est encore exclamée la députée, ajoutant que « nous payons pour une coopération régionale dont Mayotte est exclue par véto ».
Dans son argumentaire, elle a rappelé que la commission d’évaluation de l’aide au développement avait pu constater que les écoles et hôpitaux financés par l’aide française aux Comores étaient totalement vides. « L’argent de la France est jeté par les fenêtres et ne contribue absolument pas à aider la population. A l’heure où l’austérité nous oblige à faire des choix budgétaires, il est évident que cette aide doit être revue drastiquement à la baisse au vu de son inefficacité », a-t-elle conclu.
La corruption : cause majeure de l’inefficacité de l’aide selon le rapporteur
Le rapporteur de la commission des Affaires Etrangères, Guillaume Bigot, n’a pu que confirmer les propos d’Estelle Youssouffa. « La commission a effectivement établi que cette aide au développement était inefficace et, pire, qu’elle se retournait même contre nous puisque les autorités comoriennes se livrent à une sorte de « chantage à l’aide », nous menaçant de « lâcher les freins » (NDLR : sur les départs vers Mayotte) si nous retirons l’aide », a-t-il déclaré. Il a toutefois nuancé très légèrement les propos de la députée en indiquant « qu’au terme d’une coopération, certes très limitée, les autorités sur place empêchaient le départ d’environ 8.000 personnes par an vers Mayotte ». Guillaume Bigot confirme cependant la faiblesse de ce chiffre au vu des 40 points de départ présents sur l’île d’Anjouan.
Il a expliqué que l’échec de cette coopération était majoritairement dû à la corruption sévissant massivement aux Comores. « Dès qu’on arrête un passeur, il est relâché quelques semaines plus tard, c’est aussi ce que j’ai pu constater sur place. L’aide n’a donc rien changé en termes de volumétrie et c’est d’autant plus choquant au vu des besoins criant de Mayotte, dont l’eau potable que nous distribuons aussi aux Comores », a-t-il conclu.
N.G