« Plusieurs projets fléchés et chiffrés, suite à la crise sociale de 2018 (Plan Annick Girardin), n’ont pas vu le jour, comme la rénovation et l’extension du CHM, la création de la cité judiciaire et du centre éducatif fermé, entre autres exemples », a lancé Anchya Bamana à François-Noël Buffet, le nouveau ministre délégué aux Outre-mer lors de leur rencontre du 30 octobre dernier. Le ton a été donné d’entrée de jeu : la députée de la première circonscription souhaite que les choses avancent, et vite ! Il faut dire que toutes les mesures élaborées pour la « loi Mayotte » en juin dernier ont été mises en suspens du fait de la dissolution surprise de l’Assemblée nationale, suivie des J.O dans la foulée. Maintenant que le nouveau gouvernement est enfin en place, les députées de Mayotte « repartent au combat ». « Même quand le Département délibère pour octroyer le foncier à l’Etat, rien ne se fait ! Ce n’est pas normal que l’Etat fasse des économies sur Mayotte ! », a encore dit Anchya Bamana au ministre.
Lors de la dernière réunion de la commission des lois, notre députée avait déjà dénoncé la baisse de 250 millions d’euros du budget des Outre-mer. Au cours de sa rencontre avec le ministre, elle a une fois de plus insisté sur la situation complexe de Mayotte qu’elle estime due en majeure partie à l’immigration clandestine massive que subit notre territoire. Elle a donc demandé à François-Noël Buffet de soutenir les pistes de solutions qu’elle a adressé au sein d’un courrier au ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Elle souhaite notamment que Mayotte devienne « un territoire d’expérimentation de la politique de lutte contre l’immigration clandestine »
Concrétiser enfin « le rideau de fer »
Au sein de son courrier, Anchya Bamana propose au ministre de l’Intérieur de mettre en œuvre divers dispositifs afin de concrétiser « le rideau de fer maritime », promis par son prédécesseur Gérald Darmanin à la suite du mouvement social de janvier 2024. Elle propose notamment de mettre en place des drones et des radars récents pour surveiller les frontières maritimes, solutions qui avaient déjà été évoquées à de nombreuses reprises par le passé sans encore avoir vu le jour. « Il faudrait également déployer un patrouilleur de la Marine Nationale équipé du personnel nécessaire afin de faire face aux divers trafics perpétrés par les passeurs », ajoute-elle dans son courrier. Une autre piste déjà évoquée à plusieurs reprises par les divers politiciens de Mayotte, mais qui s’est toujours heurtée à une réponse négative de l’Etat, ce dernier estimant que ce n’était pas là « le rôle de la Marine nationale ».
La députée propose également au ministre « d’externaliser les demandes d’asile » en créant des centres de rétention administrative (CRA) dans les pays voisins, notamment à Madagascar et en Tanzanie. « Le coût de la vie dans ces pays est très bas, respectivement 10 fois et 20 fois inférieurs à celui de Mayotte selon les institutions internationales compétentes. Le budget consacré à la construction et au fonctionnement des centres de rétention administrative dans ces pays serait donc moins lourd que sur le sol français », estime la députée.
Il faudra sans doute attendre quelques temps avant d’obtenir la réponse du ministre de l’Intérieur aux propositions d’Anchya Bamana, qui ne sont en réalité qu’un résumé des idées déjà évoquées auparavant, mais jamais mises en œuvre.
N.G