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Comores/ Elections : l’opposition sort ses griffes et pose ses conditions

Les partis et groupements opposés au régime d’Azali Assoumani ont, pour la première fois, suggéré l’idée d’un dialogue national avec un recyclage des revendications, adaptées désormais aux données factuelles et qui s’éloignent des principales doléances de ces cinq dernières années. Le pouvoir, lui, maintient le cap et vient d’échanger avec la communauté internationale sur le double scrutin législatif et communal de janvier et février 2025.

L’opposition qui prend la dénomination d’Opposition unie des Comores (OUC) a vertement critiqué, ce samedi 26 octobre, le processus engagé par le gouvernement visant à renouveler les mandats des 33 députés de l’Assemblée nationale et des maires des 54 communes du pays.

Le président Azali Assoumani a déjà lancé la machine électorale en convoquant, le 1er octobre dernier, le corps électoral pour les élections législatives et communes les mois de janvier et février 2025. La période de dépôts des candidatures court du 1er au 10 novembre. Les Comoriens sont appelés aux urnes le 12 janvier pour le premier tour et le 16 février 2025 pour le deuxième tour et l’élection des maires dans un scrutin uninominal à un seul tour.

Un dialogue national

Mais l’Opposition unie des Comores dénonce « des procédures organisationnelles biaisées du Colonel Azali sur les prochains scrutins », estimant que l’initiative engagée est « une volonté délibérément affichée de rééditer les opérations de hold-up électoral du 14 janvier 2024 », selon un communiqué publié ce samedi 26 octobre et signé par l’un des candidats à la dernière présidentielle, Abodo Soefo, ancien bras droit du chef de l’Etat actuel.

Se disant opposé à tout processus qui aboutirait à la mise en place « d’une législature illégitime », elle appelle à un dialogue national sous l’égide de la Communauté internationale. « L’on rappelle que l’Opposition, sous l’exhortation de la Communauté internationale qui a jugé également incontournable la tenue d’un dialogue national, continue à réitérer sa disponibilité d’y prendre part, à la seule et unique condition qu’elle se tiendrait sous le parrainage de cette Communauté internationale », indique le communiqué qui déplore l’absence de mesures pour permettre à la Diaspora de pouvoir « jouir de ses droits constitutionnels » en élisant ses deux représentants comme cela a été prévu dans la Constitution adoptée en 2018.

L’opposition multiplie les concertations en interne pour définir la conduite à tenir

Les groupements et personnalités de l’opposition ont posé sept conditions, à commencer par « l’organisation d’un dialogue national souverain et parrainé par la Communauté internationale devant se tenir dans les plus brefs délais », et surtout « la désignation de nouveaux membres de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) et de tous ses démembrements, et composée à parité entre I’opposition, la société civile et le pouvoir de fait en place ».

La non-implication de l’armée

Dans sa troisième condition, l’opposition demande « la désignation de juges électoraux indépendants de la Cour Suprême à parité entre l’opposition, la société civile et le pouvoir de fait en place et sous la présidence d’un juge désigné par la Communauté internationale », et en quatrième lieu « l’abrogation du décret N° 24-163 / PR du 1er octobre 2024, portant convocation du corps électoral. D’autant plus que la loi électorale rend obligatoire un recensement et une révision du fichier électoral avant toute élection ».

Autre condition posée : la révision de certains termes du texte de « loi N° 23- 002- AU du 6 février 2023, fixant le nombre des circonscriptions électorales des représentants de la Nation ». L’opposition veut aussi « la nullité » des procédures ayant abouti à ce découpage car « plusieurs électeurs sont obligés de faire des transferts vers d’autres localités afin de pouvoir candidater ou de voter dans leurs circonscriptions ».  En sixième condition, elle demande « la libre consultation de la liste électorale par la société civile, les partis, les groupements politiques et les candidats, avec possibilité de faire des recours pour d’éventuels amendements. La liste électorale définitive doit être rendue publique et affichée après son arrêtage ».

Enfin, dans sa septième condition, l’opposition souhaite que « la non implication de l’armée dans le processus électoral, sous quelque prétexte que ce soit, reste une absolue exigence ». Elle ajoute que « la sécurisation des élections doit être assurée par les forces des polices municipales, la police nationale et les unités de maintien de l’ordre non armées, mais pas par la garde présidentielle, et le PIGN (Peloton d’intervention de la Gendarmerie nationale).

Une opposition en ordre dispersé

Le communiqué indique que « l’Opposition Unie des Comores ne cautionnera pas l’organisation de ces élections telles que les veut le Colonel Azali Assoumani pour leurs tenues, tant que ses conditions irrégulières ne soient pas résolues » et que « dans le cas contraire, elle se verra dans le devoir légitime de s’opposer avec détermination à ce qu’il conviendra d’appeler un nouvel hold-up électoral en perspective ».

Les conditions posées s’éloignent des préalables jusqu’ici défendus par les opposants au régime du président Azali Assoumani, notamment la remise à plat du système pour permettre à un ressortissant de l’île d’Anjouan de pouvoir gouverner le pays ou encore la libération de l’ancien président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi.

Si l’opposition affiche une ligne commune anti-régime, des frictions perceptibles et des luttes internes de leadership fragilisent la coalition des groupements et factions avec des tendances en ordre dispersé. La coalition est divisée sur la méthode et la posture à adopter face au président Azali Assoumani. Côté gouvernement, le cap est maintenu. Le gouvernement a rencontré la Communauté internationale pour annoncer la tenue du double scrutin. Et celle-ci a exprimé sa disponibilité à accompagner le processus, demandant toutefois que celui-ci soit inclusif « pour garantir des élections libres et transparentes ».

A.S.Kemba, Moroni

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