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Toujours pas d’annonce du ministre de la Justice pour le 2ème centre pénitentiaire 

La démission de Nicolas Jauniaux n’aura-t-elle servi à rien ? On peut s’interroger à l’écoute de la réponse du ministre de la Justice au sujet des établissements qui pourtant budgétisés en septembre dernier. Mais depuis, l'austérité est de retour...

Profitant des questions au gouvernement ce mercredi, Saïd Omar Oili avait sollicité Stéphane Demilly, groupe Union centriste, corapporteur pour l’océan Indien de la mission sur l’ancrage des territoires ultramarins dans leur bassin régional. Ce dernier s’adressait au nouveau Garde des Sceaux, Didier Migaux, comptable des engagements de son prédécesseur en 2022, lorsqu’Eric Dupond-Moretti était venu à Mayotte.

Le sénateur centriste qui est venu en mai dernier sur le territoire, décrivait au ministre une situation « explosive », dans ce département « le plus jeune de France, le plus pauvre de France, le plus violente de France ». Témoignant d’une prison sursaturée, et à ce niveau, on se demande si les chiffres veulent encore dire quelque chose, « 650 détenus pour 278 places », répétait-il pour ancrer le coefficient multiplicateur dans les esprits. Il rappelait l’émeute du mois dernier, la démission du chef d’établissement Nicolas Jauniaux et remettait dans les mémoires les annonces d’Eric Dupond-Moretti qui les avait prudemment conditionnées de foncier.

Preuve que le taux de remplissage est soumis à inflation, Didier Migaux était mieux disant, « il y a même actuellement 663 détenus pour 278 places ! ». Compte tenu de cette population carcérale, des transferts sont toujours organisés vers les prisons de La Réunion et de l’Hexagone, « ils ont même doublé en 2023 et ce sont poursuivis cette année », informait le ministre. Mais en dehors de cette action, c’est le statu quo en matière de 2ème établissement. Comme nous l’avions révélé lors de l’interview de ses services à la suite de l’émeute au centre pénitentiaire, ce sera bien un établissement de 400 places, autant dire qu’avec le chiffre de 663 prisonniers actuels à répartir sur 678 places, il sera plein immédiatement, et « 15 à 20 places de semi-liberté », comme l’avait annoncé son prédécesseur.

Des budgets qui s’évanouissent

Surpopulation au quartier homme du centre pénitentiaire d’où était partie l’émeute

Depuis 2022, le site n’a toujours pas été trouvé, « des études sont menées par l’Agence pour l’immobilier de la Justice », indiquait le ministre, qui semblait même interroger le Premier ministre sur l’inscription du projet au Plan 15.000 places de prison, qui date pourtant de… 2021. Ce programme immobilier pénitentiaire de grande ampleur prévoit d’aménager 15.000 places supplémentaires dans les prisons françaises d’ici 2027. Mais depuis, l’ère est aux économies budgétaires.

Il y a quelques jours, le directeur du Centre pénitentiaire de Majikavo Nicolas Jauniaux annonçait sa démission « le cœur lourd », après 27 ans de services dans l’administration pénitentiaire, pour obtenir davantage de moyens. Lui qui disait vouloir « attirer l’attention sur cet établissement et ainsi contribuer à améliorer les conditions de travail des personnels et des conditions de vie des détenus », aura tapé dans le vide.

Commentant la réponse du ministre, Saïd Omar Oili se dit inquiet, « j’en conclus que la décision budgétaire n’a pas été prise. Cette réponse n’est pas du tout rassurante quand on connait les délais de réalisation de ce type de projet, soit 7 à 9 ans selon les spécialistes une fois la décision budgétaire effective ».

Il faudrait obtenir davantage de précisions sur cette question car l’investissement avait bien été budgétisé, avait déclaré le précédent préfet de Mayotte Thierry Suquet en septembre 2023, il y a un an, « le Garde des Sceaux vient de m’informer que les crédits pour les établissements nécessaire à Mayotte sont débloqués. Cela concerne la 2ème prison et le quartier de semi-liberté, la cité judiciaire et le Centre éducatif fermé. Ils sont inscrits à la programmation budgétaire. »

Une question que compte aborder le sénateur s’il est reçu par le ministre, une demande d’entretien dont il attend la confirmation. Pour que le soldat Jauniaux ne soit pas tombé pour rien…

Anne Perzo-Lafond

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