31.8 C
Mamoudzou
dimanche 26 janvier 2025

Un ancien responsable du Conseil départemental mis en cause dans une affaire d’homicide involontaire

Le Conseil départemental de Mayotte était cité à comparaître ce mardi matin en tant que « prévenu » dans une affaire d’homicide et de blessures involontaires. Il y a 10 ans, deux agents du Département étaient tombés d’un échafaudage faisant une personne blessée et une autre décédée.

Il était reproché au Conseil départemental, ou plutôt au Directeur Logistique et des Moyens (DLM) à l’époque, par ailleurs absent à l’audience, « d’homicide et blessures involontaires par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence » vis à vis de deux agents employés du Département, électriciens de métier. Les faits remontent au mois de mai 2014, alors qu’une compétition doit avoir lieu au gymnase de Cavani, deux électriciens sont sollicités par leur hiérarchie, la veille en urgence, afin de changer les éclairages en vue d’un match important de basket. Les deux agents se rendent le lendemain matin tôt au gymnase pour procéder au changement des néons. Et c’est là que les faits commencent à être accablants pour le responsable des équipements sportifs et le DLM du Conseil départemental de l’époque.

Des conditions de sécurité totalement inexistantes et du matériel défectueux

Les agents ont fait une chute de près de 10m (illustration)

Arrivés au gymnase, les deux agents sont montés sur un échafaudage à près de 10m de haut pour procéder au changement d’éclairage. Pendant qu’ils étaient en haut deux autres personnes poussaient l’échafaudage afin d’aller de lampe en lampe. Le drame arriva lorsque l’échafaudage a soudainement basculé. La police et les pompiers arrivés rapidement sur place n’ont pu que constater l’accident qui s’est transformé par la suite en drame. En effet, un des deux agents a été transporté en urgence au CHM au service réanimation avec de multiples fractures faciales ainsi que sur le corps, il décèdera quatre jours plus tard. Le deuxième plus « chanceux » aura « seulement » des hématomes et des contusions, et se verra prescrire 8 jours d’ITT.

Ce que l’on peut déplorer dans cette affaire c’est le manque de sécurité et l’incompétence du responsable des équipements sportifs du Conseil départemental qui a commis de multiples erreurs en demandant aux deux électriciens de changer des ampoules à 10 m de haut sur un échafaudage roulant et, au vu des éléments de l’enquête, en très mauvais état ! En effet, les deux agents n’avaient pas de casque, ni de harnais de sécurité et n’avaient reçu aucune formation pour utiliser un échaudage, a fortiori roulant et sans aucune vérification de son bon état. Et c’est là que le bât blesse, car selon l’expert en sécurité qui a rendu ses conclusions pour les besoins de l’enquête, le constat est accablant : « le manque de stabilité transversale de l’échafaudage est effrayant ! » a-t-il écrit dans son rapport. En outre, « l’absence de stabilisateurs transversaux, qui sont obligatoires sur un échafaudage roulant, offre une stabilité précaire, dangereuse, … ils n’auraient pas dû l’utiliser ».

départementales, Mayotte
L’ancien Directeur Logistique et Moyens du Département a été mis en cause dans cette affaire

De plus, il a mentionné que « les freins étaient en mauvais état » et a fermement souligné qu’« il est interdit de déplacer un échafaudage avec des gens dessus ! C’est dans la notice… ». Bref, toutes les conditions étaient réunies pour qu’un accident survienne. Aussi, selon les éléments de l’enquête, alors qu’il était en train d’être déplacé, l’échafaudage aurait rencontré un obstacle en hauteur tandis que les deux hommes du bas continuaient de le pousser, provoquant ainsi son basculement.

Ce que l’on apprend par un membre de la famille de la victime décédée, venue témoigner à la barre du tribunal, c’est que cette dernière aurait été menacée par sa hiérarchie, son chef, s’il ne venait pas travailler le samedi matin pour changer les luminaires, « sinon on te vire », lui aurait-il dit. Le substitut du procureur dans son réquisitoire n’a pas omis de relever des « manquements graves » dans ce dossier. « Le responsable des équipements sportifs, c’était à lui de vérifier le bon fonctionnement des équipements avant toute intervention, notamment de l’échafaudage, or cela n’a pas été fait ».

Le ministère public a par ailleurs pointé du doigt les manquements inacceptables que sont l’absence de formation pour les deux agents concernant l’utilisation d’un échafaudage, ou encore des équipements de sécurité inexistants et l’absence de précautions pour ce genre d’intervention. Le substitut a donc requis une peine d’affichage de la décision de justice, une amende de 50.000 euros, ainsi que l’obligation d’indemniser les victimes et leur famille.

Le jugement a été mis en délibéré au 12 novembre prochain.

B.J.

Partagez l'article:

Société

NEWSLETTER

Recevez gratuitement les articles

du Journal De Mayotte

Nous ne vous enverrons jamais de spam ni ne partagerons votre adresse électronique.
Consultez notre [link]politique de confidentialité[/link].

Les plus lus

Articles similaires
Similaire

Le ministre des Outre-mer attendu à Mayotte jeudi prochain

Selon le ministère des Outre-mer, Manuel Valls devrait se...

Bien trier ses déchets après Chido

Le passage du cyclone Chido a produit énormément de...

L’université de Mayotte organise des journées d’accueil social & solidaire la semaine prochaine

Suite au passage du cyclone Chido et la tempête Dikeledi, l’université de Mayotte met en place des journées d’accueil social et solidaire à partir du lundi 27 janvier, sur le campus de l’université de 8h à 16h. Ces journées sont conçues pour offrir un soutien individuel à la communauté universitaire.

Action Logement se mobilise pour soutenir les salariés et auto-entrepreneurs après Chido

Le groupe Action Logement déploie une aide financière pour les salariés et les auto-entrepreneurs de l'île après le passage du cyclone.
WP Twitter Auto Publish Powered By : XYZScripts.com