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Choléra aux Comores : la pression monte dans l’océan Indien

On se croirait au temps du Covid-19, bien avant que ce virus ait un nom, où la Chine étouffait le nombre de personnes contaminées, en janvier 2020, sous les yeux ébahis de la scène internationale. 

À la suite d’une confusion sur le nombre de cas de choléra recensés aux Comores, faisant craindre une omission volontaire de la part du gouvernement comorien sur le nombre potentiellement élevé de personnes contaminées au choléra, en passant arbitrairement de 16 à 180 cas recensés sur la même période, depuis une semaine, Madagascar a fermé ses frontières maritimes avec l’archipel des Comores, provoquant une vive indignation du gouvernement comorien. 

Plus de 8 cas par jour en un mois 

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Aux Comores, du 2 février 2024 et jusqu’au 30 juin 2024, 10.142 cas suspects de choléra et 147 décès avaient été recensés sur l’archipel (source/SITREP/DR)

Dans un dernier rapport épidémiologique du ministère de la Santé, de la Solidarité, de la Protection Sociale et de la Promotion du Genre des Comores, le nombre de cas de choléra est passé de 180 cas à 240 cas recensés entre le 14 septembre et le 16 octobre au nord de la Grande Comore. Les autorités déplorent déjà le décès de trois personnes et affirment qu’une « résurgence du choléra au nord de la Grande Comore » est bel et bien en cours.

« Un retard dans le démarrage de la campagne de vaccination »

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Répartition des cas par région sanitaire aux Comores (source/SITREP/DR)

À ce stade, le ministère de la Santé comorien affirme qu’un plan de vaccination de riposte a été élaboré et soumis aux autorités compétentes. Les autorités sanitaires de l’archipel comorien parlent d’un « retard dans le démarrage de la campagne de vaccination », mais aussi de « manque » et de « rupture de certains intrants sur les sites de prise en charge, tels que des cathéters, solutés », ainsi qu’un « manque de prise en charge alimentaire des patients hospitalisés, comme des agents de santé ». Au sujet des investigations sanitaires et épidémiologiques, les autorités sanitaires estiment être en retard de 20% pour chaque cas recensé. Par ailleurs, un important manque d’eau est signalé sur les sites de Ntsaoueni et Samba.

l’ARS Mayotte retrousse ses manches 

Fortes des derniers mois dédiés à une lutte contre le choléra sur le territoire de Mayotte, l’ARS et Santé publique France-Mayotte sont en « constante vigilance ». « Nous suivons attentivement la situation sanitaire aux Comores et adoptons notre réponse en conséquence. Nous travaillons en étroite collaboration avec les autorités locales et nos partenaires de santé dans la région pour surveiller toute augmentation de cas. Cette vigilance constante nous permet de réagir rapidement si nécessaire et de prendre les mesures appropriées pour protéger la population mahoraise. », déclare le directeur de l’ARS, Sergio Albarello.

Les passagers aériens passés au peigne fin

D’après l’ARS de Mayotte, près de 35.000 vaccinations ont été réalisées sur le territoire pour lutter contre le choléra

Mieux vaut prévenir que guérir. L’agence sanitaire mahoraise n’a pas attendu que le nombre de cas explose aux Comores pour réagir sur l’île hippocampe. Un contrôle sanitaire aux frontières renforcé est d’ores-et-déjà opérationnel. Concrètement, tous les passagers en provenance des Comores reçoivent un message téléphonique systématique à leur arrivée à Mayotte. Ce message rappelle les symptômes du choléra et les réflexes à adopter en cas de signes de la maladie. En cas de symptômes ou de suspicion de symptômes, l’ARS invite l’ensemble de la population à appeler le 15.

L’accès à l’eau, le nerf de la guerre

Sur le terrain, les agents sanitaires, en lien avec les associations qui interviennent dans le domaine de la santé, sillonnent les quartiers pour « détecter et repérer précocement tout symptôme du choléra » et « sensibiliser la population à ses risques ». Le choléra est une maladie diarrhéique épidémique, qui se transmet par l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés par des bactéries Vibrio cholerae. Pour lutter contre sa propagation, la bataille de l’eau est essentielle. « Nous continuons nos efforts pour sécuriser l’accès à l’eau potable dans les quartiers sensibles, car cela reste un facteur clé dans la prévention des maladies. Jusqu’à présent, nous avons vacciné 35.000 personnes (ndlr : contre le choléra) dans les quartiers sensibles, ce qui contribue à limiter la propagation de certaines maladies. Nous avons positionné six infirmiers réservistes au CHM pour prendre en charge les cas suspects et réaliser des tests rapides. De plus, nous sommes prêts à réactiver rapidement nos capacités d’investigation, de vaccination, de traitement et de désinfection si des cas importés venaient à se déclarer à Mayotte. »

Madagascar fait bloc contre les Comores

Parti peu de temps avant l’annonce de la fermeture des frontières maritimes entre Madagascar et l’archipel des Comores, un navire comorien, l’Acadie, avait été interdit d’accoster à Majunga. Face à ce refus, Moroni avait joué des coudes pour que les 195 passagers puissent entrer sur le territoire malgache, en affirmant que les passagers étaient tous munis d’une carte de vaccination contre le choléra, ce que Madagascar refusa immédiatement.

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Pour le gouvernement comorien, les passagers de l’Acadie auraient pu débarquer à Majunga, en les soumettant à des examens médicaux

Dans un communiqué du ministère comorien des Affaires étrangères diffusé lundi 21 octobre, le gouvernement comorien avait indiqué “déplorer la décision des autorités de Madagascar de suspendre unilatéralement les liaisons maritimes entre les deux pays” et s’est interrogé sur « le bien-fondé d’une telle décision » alors que l’Organisation Mondiale de la Santé n’avait pas déclenché d’alerte pouvant “justifier des mesures aussi drastiques et restrictives”. Le gouvernement comorien avait ainsi appelé Madagascar « à donner une chance au dialogue.” Mais la proposition avait été « immédiatement rejetée » par le gouvernement malgache, d’après le ministre comorien des Affaires étrangères, Dhoihir Dhoulkamal. 

Dans un contexte géopolitique sensible, le 101ème département français se tient près aux éventuels impacts sanitaires de cette recrudescence du choléra aux Comores, sur son île tant convoitée.

Mathilde Hangard

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