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Mayotte « Territoire d’industrie » : une volonté politique en recherche de financement

Une délégation mahoraise a profité de la 34ème Convention nationale des intercommunalités de France pour faire entendre sa voix en termes d’accès aux financements. A l'heure de la 1ère bougie de la labellisation, ils ont fait part de leurs difficultés au président d’Intercommunalités de France

A l’occasion de la 34ème  Convention nationale des intercommunalités de France qui s’est tenue au Havre du 16 au 18 octobre 2024, les élus intercommunaux de Mayotte ont été reçus par Sébastien Martin, Président d’Intercommunalités de France, en présence de Lyliane Piquion-Salome, Présidente d’Interco’ Outre-mer. La délégation était conduite par Ali Moussa Moussa Ben, maire de Bandrélé et Président de la Communauté de Communes du Sud (CCSud) et Archadi Abassi, Président de la Communauté de Communes de Petite-Terre (CCPT).

Il ne faut pas s’attendre à voir jaillir du sol mahorais des usines fumantes, mais plutôt des projets pas fumeux du tout. Selon le communiqué des intercommunalités de Mayotte, il s’agit de faire enfin émerger un abattoir bovin, qui nous permettrait de ne pas être dépendant que des importations, mais aussi les cuisines centrales, dont une cuisine de méthanisation. Cette dernière permet de transformer les déchets organiques qui partent à la poubelle, en méthane. Ce processus, créant du biogaz, permet par la suite de produire de l’électricité.

La production énergétique d’une unité de méthanisation traitant 15.000 tonnes de déchets par an permettrait d’assurer la consommation de carburant de 60 bus urbains ou l’eau chaude sanitaire de 3.500 maisons. Il va en falloir des cuisines centrales ! Mais les restaurants pourront également y envoyer leurs déchets organiques.

Des appels à projets décalés

Lors de la 34ème Convention, les Intercommunalités de France ont adopté à l’unanimité une motion contre les restrictions budgétaires

Le label Territoire d’industrie qu’a décroché Mayotte l’année dernière aurait dû lui permettre de créer un environnement favorable au développement de l’industrie en mobilisant tous les acteurs, élus, industriels, Etat, Conseil départemental au titre de la Région.

Cependant, Mayotte peine à faire atteindre cet objectif, nous rapportent les intercos. Au cours des 11 premiers mois suivant la labellisation de Mayotte, plusieurs actions ont été menées pour « ancrer cette labellisation » : fédérer les partenaires, dont les bailleurs de fonds, l’organisation d’une semaine de l’industrie à venir, du 18 au 23 novembre 2024, la diffusion d’une lettre d’information sur les appels à projets, la réalisation en cours d’une plateforme en collaboration avec CARIF OREF pour informer sur les métiers industriels « afin de susciter des vocations auprès des jeunes », des réunions avec les partenaires financiers pour sensibiliser sur l’accompagnement des projets industriels (BPI/ Banque des territoires), ou encore un accompagnement des entreprises à lever le frein lié au foncier

Pour autant, il semble que la mise en place des projets bute sur l’accompagnement financier. Pour les élus, le système des appels à projets (AAP) n’est « pas adapté » : « L’état d’avancement des projets ne permet pas de répondre aux exigences des AAP au moment de leur publication ». D’autre part, le budget alloué lors de la labellisation n’a pas permis un effet levier, faute de développement structurel suffisant du département. « Force est de constater que malgré une réelle mobilisation des acteurs en faveur des projets industriels porteurs pour l’économie locale, le financement reste, en dépit des annonces, un véritable obstacle à leur mise en œuvre. »

Les financements nationaux, une fausse bonne idée

Les équipes mahoraises se sont donc tournées vers les territoires où ça marche. Ils ont demandé le soutien du président d’agglomération du Grand Chalon, qui a « brillamment réussi cette mission en devenant le premier pôle industriel du pays, entre Paris et Lyon ». D’autre part, ils souhaitaient émarger sur des projets nationaux, estimant que les financements déployés à Mayotte sont insuffisants.

En réponse, et au regard des projets, Sébastien Martin a préconisé d’orienter Mayotte vers le label « Territoires d’industrie agricole », en raison notamment des projets alimentaires territoriaux portés par la CCSud et la 3CO.

Sur le problème des coûts supportés à Mayotte dans la construction, le partage des données de l’Observatoire de la construction conduit par la Banque des territoires, devrait permettre de poser un diagnostic précis des écarts de prix avec le reste du pays, quant aux solutions, elles n’ont pas été proposées, mais on sait que l’apport de concurrence ne peut pas nuire…

Fronde des intercos de France contre le gouvernement

Mayotte, abattoir, poulet, volailles, agroalimentaire, usine, agriculture, élevage,
Pour l’instant Mayotte ne dispose que d’un abattoir de volaille

Sur la question cruciale des financements des projets inscrits dans Territoires d’industrie, Sébastien Martin n’est pas des plus rassurants au regard du budget contraint proposé par le Premier ministre, et orientent ses interlocuteurs vers les financements européens. Mais dont on sait qu’ils requièrent un cofinancement que les intercos ont manifestement du mal à dégager.

Apparemment les élus ont obtenu que les services d’Intercommunalités de France soient mobilisés « afin qu’ils puissent accompagner Mayotte dans la réussite de son projet industriel ».

Lors de ce congrès au Havre, et à l’unanimité, les intercommunalités de France ont voté une motion pour refuser les restrictions budgétaires imposés par l’Etat dans un contexte de budget resserré. Déplorant être trop facilement accusées d’être dépensières, elles ont « à maintes reprises » tenté d’engager « un dialogue franc » avec l’Etat, elles décrètent « refuser les mesures budgétaires que l’État entend leur imposer dans le projet de loi de finances pour 2025 ».

Elles demandent au Premier ministre de « construire ensemble une décentralisation à la hauteur des attentes de nos concitoyens ».

A.P-L.

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