Mayotte, premier désert médical de France : l’ARS accélère pour recruter

À Mayotte, la santé elle-même souffre de plusieurs maux. Essentiellement articulé autour du Centre hospitalier de Mayotte, à Mamoudzou, le secteur de santé souffre d'un grand manque d'effectifs. Pour y répondre, l'ARS s'est lancée dans une course aux recrutements, en participant à près de sept salons sur la santé par an, en quête de nouvelles recrues.

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<p style="text-align: center;"><strong>Mayotte est le plus grand désert médical de France </strong></p>
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<p style="text-align: justify;">Il manque cruellement de forces médicales à Mayotte. Si les autres départements souffrent également d’un déficit de professionnels de santé sur leur territoire, le 101ème département français est loin derrière les autres en matière d’accès aux soins. En 2024, seulement 33 médecins généralistes étaient recensés à Mayotte, contre 1.195 médecins généralistes en activité à La Réunion. L’accès aux soins est logiquement limité puisqu’il n’existe à ce jour, qu’un seul centre hospitalier (CHM) pour les 321.000 habitants comptabilisés sur l’île hippocampe, tandis que La Réunion dispose de neuf hôpitaux, pour 885.700 habitants.</p>

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<p style="text-align: center;"><strong>Près de 77% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté</strong></p>
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<a href="https://lejournaldemayotte.yt/wp-content/uploads/2022/09/Bidonville-Talus-Majikavo.jpg"><img class="size-medium wp-image-3968" src="https://lejournaldemayotte.yt/wp-content/uploads/2022/09/Bidonville-Talus-Majikavo-300×249.jpg" alt="Tuberculose, Santé Publique France" width="300" height="249" /></a> Les personnes vivant dans des situations de grande précarité sont plus susceptibles de tomber malades
<p style="text-align: justify;">À ce constat, s’ajoutent les innombrables spécificités du territoire qui complexifient d’autant plus sa gestion. Près de 66% de la population vit dans des quartiers défavorisés, de nombreux habitants de l’île ne disposent pas d’accès à l’eau et à l’électricité au sein de leur foyer. Rapporté au revenu médian calculé sur le 101ème département français, le seuil de pauvreté se situe à 160 euros par mois à Mayotte. Par ailleurs, l’île de Mayotte détient le taux de natalité le plus fort de France, près de quatre fois plus important qu’en métropole, où la moyenne d’enfants par femme est de 4,7 contre 1,9 en métropole. À Mamoudzou, en moyenne, près de trente enfants naissent chaque jour.</p>

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<p style="text-align: center;"><strong>"Il faut être solide"</strong></p>
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<a href="https://lejournaldemayotte.yt/wp-content/uploads/2024/10/Mayotte-eau-enfant.jpg"><img class="size-medium wp-image-49841" src="https://lejournaldemayotte.yt/wp-content/uploads/2024/10/Mayotte-eau-enfant-300×198.jpg" alt="Mayotte, enfant, eau, accès à l’eau," width="300" height="198" /></a> D’après un rapport de l’Unicef, huit enfants sur dix à Mayotte vivent dans la pauvreté
<p style="text-align: justify;">Ces problématiques se répercutent sur le système de soins qui doit chaque jour répondre à d’innombrables défis, mais qui souvent, se bat dans l’urgence, tant les effectifs peuvent être difficiles à trouver et à garder, notamment dans le secteur libéral : "C’est souvent plus compliqué de recruter dans notre secteur puisqu’on est implanté dans une commune spécifique, on va se déplacer au domicile des patients, il faut rapidement s’imprégner du territoire, on a un vrai métier de santé et de terrain, sur un territoire, avec d’énormes difficultés, il faut vraiment être solide", confie une infirmière libérale.</p>

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<p style="text-align: center;"><strong>L’ARS fait la course aux "salons santé" pour recruter</strong></p>
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<a href="https://lejournaldemayotte.yt/wp-content/uploads/2024/10/ARS-Mayotte-.jpg"><img class="size-medium wp-image-49825" src="https://lejournaldemayotte.yt/wp-content/uploads/2024/10/ARS-Mayotte–300×225.jpg" alt="" width="300" height="225" /></a> Stand de l’ARS lors des journées nationales de la médecine générale à La Défense, Paris, les 10 et 11 octobre 2024
<p style="text-align: justify;">Dans ce contexte, l’ARS se lance dans une vaste course pour recruter des forces vives de la santé. Le but : être remarqué lors des salons. En misant sur une scénographie attirante, l’agence sanitaire de Mayotte ne passe pas inaperçue. "On est présent sur six à sept salons par an. C’est un stand qui a été identifié non pas ARS mais sous le nom <em>Mayotte recrute en santé</em> pour recruter dans tous les domaines de la santé, pour représenter tous les professionnels du secteur et présenter l’ensemble de nos projets sanitaires." Lors d’un salon sur la médecine générale les 10 et 11 octobre derniers à Paris, l’ARS a insisté sur des besoins spécifiques pour des secteurs en tension, tels que les urgences du CHM, la pédiatrie, la santé-mentale, le secteur mère-enfant, mais également sur divers métiers de la santé, notamment des médecins spécialistes, des orthoptistes, des kinésithérapeutes, des psychomotriciens, ainsi que des professionnels des métiers du social. Associés au Centre hospitalier de Mayotte et aux représentants des PMI de l’île, les premiers retours sont positifs. "Cela marche bien ! Même si on n’a pas encore les chiffres, on est très content du résultat. L’objectif après c’est de lancer un vrai suivi de ces initiatives et les fruits portés, avec une newsletter sur l’attractivité éventuellement."</p>

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<p style="text-align: center;"><strong>Une santé "plus intéressante" à Mayotte qu’ailleurs pour les professionnels ? </strong></p>
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<a href="https://lejournaldemayotte.yt/wp-content/uploads/2024/05/WhatsApp-Image-2024-05-24-at-15.26.05-_1_.jpg"><img class="size-medium wp-image-43377" src="https://lejournaldemayotte.yt/wp-content/uploads/2024/05/WhatsApp-Image-2024-05-24-at-15.26.05-_1_-300×169.jpg" alt="Mayotte, CHM, ARS, salon, santexpo, Paris, porte, versailles" width="300" height="169" /></a> Lors du salon SantExpo en mai 2024, la délégation mahoraise s’était fixée comme objectif de convaincre un maximum de professionnels de santé de s’installer à Mayotte pour répondre à la pénurie de professionnels de santé, qui plus est, dans un territoire complexe
<p style="text-align: justify;">Pour convaincre, l’agence sanitaire et ses partenaires misent sur l’intérêt de travailler à Mayotte, département aux défis hors-normes mais passionnants. "Si les maladies ou les problématiques de santé publique sont ennuyeuses pour le commun des mortels, elles représentent un vrai intérêt pour les professionnels de santé", ironise l’ARS. "On est un territoire hyper attractif en matière de santé, notamment sur les maladies infectieuses, et tropicales, la traumatologie, la psychiatrie, la protection maternelle et infantile. On est un territoire hyper formateur, ce qui n’est pas le cas de tous les départements."</p>

<section class="article__wrapper article__content–restricted-media article__wrapper–premium"><article class="article__content old__article-content-single"></article></section>
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<p dir="auto" style="text-align: center;"><strong>Une pérennisation difficile des effectifs </strong></p>
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<a href="https://lejournaldemayotte.yt/wp-content/uploads/2022/11/Sénateurs-réserve-sanitaire.jpg"><img class="size-medium wp-image-5411" src="https://lejournaldemayotte.yt/wp-content/uploads/2022/11/Sénateurs-réserve-sanitaire-300×234.jpg" alt="Mayotte, réserve sanitaire, effectifs, santé, tension, recrutements, " width="300" height="234" /></a> Depuis plusieurs années, des professionnels de la réserve sanitaire sont présents et se relaient presque quotidiennement pour pallier au manque d’effectifs sur le territoire
<p style="text-align: justify;">Si l’ARS se prépare déjà aux futurs salons consacrés aux sages-femmes, aux infirmiers ou encore aux internes, elle reste lucide sur la difficulté de pérenniser des effectifs qui viendraient pour la première fois sur l’île et qui ne connaissent pas encore le territoire. "C’est difficile de convaincre des professionnels de s’installer quand ils ne savent même pas où se situe Mayotte." Pour s’adapter aux réalités des professionnels de santé du territoire, l’agence sanitaire déploie une vaste campagne de communication ciblée pour les recrutements. Plusieurs clips vidéo vont être prochainement diffusés sur les réseaux sociaux pour convaincre des professionnels venus de métropole, mais aussi des jeunes mahorais partis faire leurs études dans l’Hexagone ou des acteurs engagés pour la protection maternelle et infantile (PMI), de venir ou de revenir travailler à Mayotte.</p>

<a href="https://lejournaldemayotte.yt/wp-content/uploads/2024/10/CARTE_ODS_A0-page-001-scaled.jpg"><img class="size-medium wp-image-49886" src="https://lejournaldemayotte.yt/wp-content/uploads/2024/10/CARTE_ODS_A0-page-001-214×300.jpg" alt="Mayotte, ARS, CHM, Congrès, Salon, recrutement, effectifs, offre de soins" width="214" height="300" /></a> Cartographie de l’offre de soins à Mayotte (source : ARS Mayotte)
<p style="text-align: justify;">"Aux journées nationales de la médecine générale, on a vu des personnes qui étaient déjà venues nous rencontrer en 2023, elles ont pris le temps de réfléchir aux projets et demandent à venir à Mayotte, pour s’installer ou faire des missions courtes, des remplacements." En effet, un des principaux enjeux de ces recrutements consiste à fidéliser les professionnels de santé en poste sur l’île pour lutter contre un turn-over chronophage pour les équipes investies sur un plus long terme. Bien qu’indispensable en situation de forte tension sur les ressources humaines, le roulement permanent des arrivées et des départs des professionnels au sein de cabinets libéraux ou à l’hôpital épuise les équipes pérennes.</p>

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<p style="text-align: justify;">Durant l’hiver austral, seuls deux médecins urgentistes étaient en poste au CHM, sur les trente-sept nécessaires. Désormais, trente-deux urgentistes se relaient pour faire tourner le service des Urgences du CHM. Pour certains, ce résultat est déjà le fruit de cette vaste opération de séduction. Chasseurs, sachez chasser !</p>
<p style="text-align: left;">Mathilde Hangard</p>

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