La Fête de l’Aviation était organisée par le Cluster aéronautique de Mayotte et l’association M’safara. Parmi les membres du cluster on retrouve MFS (Mayotte Fly Services), ITH CENTER, MidzoFly, NAWA AERO, DroneGO, l’Académie de Mayotte, EDEIS, DGAC DSAC, la CCI Mayotte et la Communauté de communes de Petite-Terre. De nombreux partenaires de cet événement : Hydrofly Mayotte, les Ailes Mahoraises, l’Office de Tourisme de Petite-Terre, l’Office de Tourisme du Centre-Ouest, Further Agency et le Conseil Départemental de Mayotte.
L’événement regroupait plusieurs acteurs du secteur aéronautique, dans un but commun : promouvoir et développer les métiers liés à l’aviation. Cette journée, dédiée à la découverte du monde aéronautique, a réuni des passionnés, des professionnels du secteur et le grand public autour d’activités enrichissantes et innovantes.
Les coulisses de l’aéroport de Mayotte : un univers méconnu mais essentiel
Le stand d’Edeis Aéroport de Mayotte, gestionnaire de la plateforme aéroportuaire, présentait aux visiteurs les dispositifs de balisage de piste. Ce système, essentiel pour la sécurité des vols, assure une visibilité optimale sur la piste pour aider les avions à se diriger, notamment en conditions nocturnes ou par mauvais temps.
Parmi les rôles présentés, le poste de commandement, et le service AFIS (Aerodrome Flight Information Service), un type de service de la circulation aérienne correspondant aux services d’information de vol et d’alerte sur des aérodromes, dont nous avions couvert l’inauguration. « Les jeunes ne connaissent souvent que quelques métiers de l’aéronautique, mais en réalité, c’est un secteur riche et diversifié qui offre de nombreuses opportunités de carrière », expliquait une représentante du stand.
Formation et métiers de l’aéronautique
L’autre enjeu crucial mis en avant était la formation. Si certaines comme le BTS Tourisme sont disponibles localement, d’autres, notamment celles liées à la mécanique d’aviation, nécessitent de se former en métropole. Le pôle aéronautique a récemment mis en place une session de mécanique d’aviation, afin de combler les besoins croissants dans ce domaine à Mayotte. « Nous devons recruter des compétences locales ou faire revenir des mahorais formés en métropole », a-t-elle expliqué, insistant sur l’importance de développer des filières de formation adaptées aux besoins du territoire.
Grâce à des stands riches en informations et des démonstrations interactives, cette journée a permis de découvrir la diversité des métiers liés à l’aviation à Mayotte. Du technicien de maintenance au contrôleur aérien en passant par les agents de sécurité, la gestion aéroportuaire est un secteur plein d’opportunités, encore peu exploité sur l’île. Le défi reste de sensibiliser et former les jeunes aux multiples carrières possibles pour répondre aux besoins croissants du secteur aérien à Mayotte.
Le stand de drones
Le stand de drones a été présenté par Jérome Mathey, gérant de DroneGo. Chaque drone avait une utilité spécifique, allant de la topographie à la surveillance environnementale : “ Nous sommes des acteurs des métiers de l’aéronautique puisque nous travaillons dans l’exploitation des drones. Notre société est active à Mayotte depuis 2014 et nous faisons partie des membres fondateurs du Cluster aéronautique de Mayotte parce qu’on pense que les métiers du drone sont des métiers qui se développent de plus en plus.”
Le gérant de DroneGo présentait ses différents drones. Les premiers dotés de lidars, ces drones permettent de mesurer avec précision les terrains, une fonction essentielle pour les travaux de topographie. Le drone 2, plus innovant encore, et expérimental, est utilisé pour améliorer la sécurité sur les pistes d’aviation en effrayant les oiseaux pour prévenir des collisions avec les avions.
Les drones se sont aussi avérés utiles lors de la pandémie de Covid-19, pour transmettre des messages de sensibilisation aux populations des zones isolées, grâce à un système de haut-parleur embarqué.
Le lien entre aviation et protection de l’environnement a également été mis en avant. L’ONF (Office National des Forêts) assure le suivi écologique des forêts de Mayotte grâce aux drones qui aident à surveiller l’état des forêts, identifier les atteintes à la biodiversité et même découvrir de nouvelles espèces animales et végétales.
« C’est important de faire connaître aux jeunes les nombreuses opportunités qu’offre ce domaine. Beaucoup connaissent les drones comme des outils de loisir, mais ils ignorent souvent qu’ils sont utilisés également pour des applications techniques cruciales », expliquait-il encore.
Le futur des drones : livraisons et nouveaux usages
Les drones sont également déployés pour des missions spécifiques comme l’inspection technique de bâtiments et d’infrastructures, ou encore la captation d’images aériennes pour des événements culturels, notamment pour Mayotte La 1ère. « Quand on filme des événements à Mayotte avec des drones, ces images voyagent dans le monde entier. C’est une belle manière de montrer la beauté de notre île », se réjouit-il.
Au-delà de l’exploitation des drones, DroneGo contribue à la formation des professionnels locaux. L’entreprise a déjà formé des géographes et des agents environnementaux à l’utilisation des drones pour des missions de surveillance et de gestion des ressources naturelles. « Nous formons des pilotes de drones à l’université, ainsi que des professionnels du secteur de l’eau, pour surveiller les forages, et des membres d’associations locales », souligne-t-il
La sécurité est un autre aspect crucial de l’utilisation des drones. « L’espace aérien est très réglementé. Il y a une véritable culture de la sécurité dans l’aéronautique, bien plus exigeante que sur la route. Nous devons constamment respecter des normes strictes pour éviter tout risque », explique-t-il.
Si les drones de livraison en sont encore au stade expérimental dans de nombreuses régions, ils offrent de nouvelles perspectives d’usage à Mayotte. « On peut imaginer des drones livrant des médicaments dans les zones isolées, comme cela se fait déjà au Rwanda ou à Madagascar » rapporte le gérant de DroneGo. Cependant, il souligne que ces nouvelles technologies sont coûteuses et complexes à déployer, ce qui nécessite une analyse rigoureuse pour garantir la viabilité des opérations.
Le Stand des Pompiers de l’Aéroport en Action
Le stand des pompiers de l’aéroport, dirigé par le commandant Christophe Deschamps, a rendu hommage à l’engagement de ces professionnels membres du Service de Sauvetage et de Lutte contre les Incendies des Aéronefs (SSLIA). Les pompiers de l’aéroport ont mis en avant leurs équipements et leur rôle majeur dans la sécurité des passagers et des avions. Leur mission principale est de veiller à ce que les voyageurs arrivent en toute sécurité à l’aéroport, et cela inclut notamment la gestion des risques d’incendie sur la plateforme aéroportuaire.
Leur principal véhicule présenté, le VIM (Véhicule Incendie des Mousses), est un élément central de leurs interventions. Ce camion est spécialement conçu pour répondre aux incendies d’aéronefs et protéger les passagers en cas d’urgence. « Nous avons pour mission de protéger les avions et leurs passagers, ainsi que d’intervenir rapidement en cas d’incendie », explique Hassani Harithi, pompier de l’aéroport de Mayotte.
Les pompiers ont présenté les équipements de protection individuelle utilisés pour assurer leur propre sécurité lors des interventions. Ils ont également montré des démonstrations avec des mannequins, permettant aux visiteurs d’apprendre des gestes de premiers secours essentiels. Ces démonstrations ne sont pas uniquement utiles pour les professionnels, mais peuvent également servir aux visiteurs pour des interventions d’urgence à domicile, avant l’arrivée des secours.
Hassani Harithi a salué l’amélioration des conditions de travail et de l’ambiance au sein du service grâce au commandant Deschamps. « Il a rehaussé le niveau, tant humainement que professionnellement », souligne-t-il.
Stand de l’aéroclub
La fête de l’aviation a aussi offert l’opportunité aux visiteurs de découvrir de plus près des avions bimoteurs et d’expérimenter des vols de découverte. Ces vols, proposés à un large public, permettent de survoler l’île de Mayotte et de découvrir des paysages splendides vus du ciel.
La compagnie aérienne EWA
Le stand d’EWA a permis au public de découvrir de manière interactive le métier de pilote. Fernand Keisler, pilote de la compagnie aérienne a pris le temps d’expliquer aux visiteurs, des plus jeunes aux adultes, la réalité de son métier, en démystifiant certaines idées reçues. « Beaucoup pensent qu’il faut être un génie des mathématiques pour devenir pilote, mais ce n’est pas le cas. Il suffit d’avoir une bonne base et une compréhension des situations météorologiques et aériennes », explique-t-il.
À travers une tablette, le commandant Keisler montrait l’observation des conditions météorologiques, notamment l’étude des particularités des vents dans les différents hémisphères. Il a notamment démontré comment l’orientation des vents diffère entre le nord et le sud via windy.com, un site de carte de vents et de prévisions météo utiles pour les pilotes.
Les voies pour devenir pilote
Fernand Keisler a également détaillé les différentes options pour ceux qui souhaitent se lancer dans une carrière de pilote. Il en existe trois principales : L’ENAC (École Nationale de l’Aviation Civile), formation gratuite, mais sélective, nécessitant une préparation rigoureuse, l’Armée de l’Air, également très sélective, elle permet de devenir pilote militaire avec une formation physique plus intensive, et la voie autodidacte, financée par soi-même, cette option est souvent plus difficile, car les aides sont rares et le coût élevé.
Il existe aussi des écoles de cadets, comme celles d’Air France, mais elles n’ouvrent pas tous les ans et sont très compétitives. « Il est donc important de bien se préparer et d’explorer les différentes options disponibles », a-t-il précisé aux visiteurs.
Atelier de simulateur virtuel de pilotage d’avion
Djoussouf Sajid, adhérent de l’association M’safara et pilote récemment diplômé de l’école de pilotage présentait son atelier de simulateur virtuel de pilotage d’avion, le but étant de proposer des journées immersives avec les jeunes mais également pour tout le public. “ On essaie vraiment de faire des ateliers ludiques de mécanique, leur montrer comment un avion vole, leur montrer les structures mécaniques et les cellules. On fait aussi des séances de simulateurs afin de leur montrer la base de pilotage, les mouvements en lacets, en tangage et en roulis et les effets de portance. C’est vraiment de leur montrer comment un avion vole et en toute sécurité ”.
Tour de contrôle
Lors de cet événement la Tour de contrôle de l’aéroport a pu être accessible au grand public. Une opportunité unique pour faire découvrir aux petits et aux grands comment est géré le trafic aérien. Cette visite encadrée a permis de mieux comprendre les responsabilités des contrôleurs aériens, un métier minutieux qui demande beaucoup de concentration pour assurer la coordination sécurisée des vols. Le moindre bruit ou distraction peut provoquer une mauvaise interprétation de l’environnement aérien, ce qui peut avoir des conséquences graves.
Sensations fortes avec VEWUHA
Les amateurs de sensations fortes n’ont pas été en reste avec le stand de VEWUHA société de sauts en parachute à Mayotte qui a vu le jour en 2019, dirigé par son fondateur Anli Abdallah Djaha, un ancien parachutiste militaire : “J’ai passé 18 ans dans l’armée en tant que parachutiste. J’ai participé à des compétitions et je suis devenu instructeur en parachutisme, et aussi instructeur tandem ”, explique-t-il. Après avoir quitté l’armée en 2016, il est retourné à Mayotte avec l’idée d’introduire cette activité inédite sur l’île.
L’entreprise propose des sauts spectaculaires au-dessus de Mayotte avec des options de saut : depuis l’aéroport, au-dessus de l’îlot de sable blanc ou encore au-dessus de l’îlot Choizil. L’expérience promet une montée d’adrénaline et des vues imprenables.
Avant de pouvoir proposer les premiers sauts en parachute, il a fallu deux ans de préparation pour mettre en place toute la logistique nécessaire. « De 2016 à 2018, j’ai travaillé sur les démarches administratives et la logistique pour pouvoir lancer l’activité à Mayotte », confie-t-il. En 2019, l’entreprise effectue son premier saut en parachute à Mayotte, marquant un moment spécial pour le fondateur, qui a même eu l’opportunité de faire participer son père.
Les sauts se déroulent généralement en hélicoptère, par manque d’avion disponible sur l’île. Cependant, en ce moment, l’hélicoptère utilisé pour l’activité est en maintenance, ce qui a temporairement interrompu les sauts. « Nous avons toujours utilisé un hélicoptère pour les sauts, mais tant qu’il n’est pas réparé, nous ne pouvons pas reprendre l’activité », explique le fondateur.
Le recours à un avion pour les sauts pourrait être une solution, mais cela pose des défis logistiques et financiers importants. « Il n’y a pas d’avion disponible localement, donc il faudrait en louer un et le faire venir d’un autre pays, comme le Kenya, la Tanzanie ou l’Afrique du Sud. C’est une logistique coûteuse et complexe », précise-t-il. C’est pourquoi, jusqu’à présent, VEWUHA Parachutisme a privilégié l’hélicoptère, une option plus accessible malgré les défis actuels.
Cette journée dédiée à l’aviation a su allier sensibilisation, découverte technologique et divertissement pour le plus grand plaisir des petits et grands. Avec un programme varié, des innovations technologiques, et des professionnels passionnés, la Fête de l’Aviation 2024 a su mettre en avant l’importance stratégique de l’aviation pour le développement de l’île tout en ouvrant des perspectives prometteuses pour l’avenir.
Nayar SAID OMAR