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Mamoudzou

Passage piétons : des bandes au sol devenues fictives

Sur une compétence communale de signalisation au sol, c’est la DEAL qui tient généralement le pinceau. Nous avons fait le point en constatant la déficience du marquage notamment dans la commune de Koungou.

Quel automobiliste n’a pas freiné au dernier moment alors que des piétons s’apprêtaient à traverser sur un passage dont les bandes ont complètement disparu ? Si certains sont annoncés par un panneau de signalisation, leur matérialisation au sol est un élément de sécurité indispensable. C’est le cas sur plusieurs communes, notamment celle de Koungou. Nous avons donc interpellé la mairie, qui nous a envoyés vers sa police municipale, qui nous a envoyés vers la DEAL, « c’est de sa compétence ».

A la Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement, anciennement Direction de l’Équipement ce qui était plus parlant, on est beaucoup plus nuancé. Daniel Runser, Chef du Service Infra Sécurité Transport (SIST) est même très précis sur le périmètre de chacun : « Tout ce qui relève de la signalisation à l’intérieur des panneaux d’agglomération, ceux où apparait le nom de la commune entouré d’un liserai rouge, relève de la police de la circulation, donc à la charge de la commune. C’est seulement pour les lieux-dits, inscrit en blanc sur fond noir comme ‘M’gombani’ à Koungou, que le gestionnaire de la voirie doit en assurer l’entretien, c’est-à-dire l’Etat sur les routes nationales, et le Conseil départemental sur les routes départementales. »  Le maire peut également prendre des arrêtés pour positionner des passages piétons ou les déplacer, avec l’accompagnement de la DEAL.

A l’intérieur des panneaux d’agglomération, c’est la police de la circulation qui est compétente

Le maire de Koungou est donc compétent pour l’entretien de ses routes. Mais ça, c’est en théorie. Car jusqu’à il y a peu, la DEAL était la principale structure à mettre en peinture le réseau routier. Or, la DEAL suit son planning et quand elle entreprend de renouveler les peintures sur un axe, par exemple Dzoumogné-Mamoudzou pour reprendre notre exemple, en refaisant notamment le trait central de séparation des deux voies, elle traverse les agglomérations, « nous en profitons pour repeindre les passages protégés. Les communes ont donc pris l’habitude qu’on fasse le travail ». Désormais, deux entreprises sont sur le marché, plutôt actives sur les voies communales. « Mais sur les routes nationales, nous faisons les travaux nous-mêmes ».

Les carrières nuisent à la santé des routes

Or, toujours selon le prévisionnel, la DEAL vient de terminer Petite-Terre, et travaille actuellement sur les routes du Sud, « nous sommes sur toutes les routes nationales et départementales entre Sada et Chirongui. Nous refaisons notamment les ‘dents de requin’ sur les dos d’âne, ces bandes triangulaires blanches pour les signaler ».

Mise en peinture par les agents de la DEAL (Photo : DEAL)

Il va donc falloir attendre à Koungou : « Nous passons environ une fois tous les trois ans sur chaque route, c’est-à-dire sur les 4 RN et les 4 RD. Mais nous sommes ralentis en saison des pluies, car la peinture n’accroche pas. »

La mairie de Koungou a donc le choix, soit elle a recours à une des deux entreprises qui va naturellement lui facturer l’opération d’entretien, soit elle attend son tour, « vraisemblablement l’année prochaine, mais avec des passages protégés non signalés, donc dangereux. « Surtout qu’elle fait partie des communes où les conditions de circulation attaquent davantage la peinture », souligne le chef de service. Les passages de camions en provenance du port de Longoni pour décharger à Mamoudzou, ainsi qu’au départ des carrières de Majikavo et Kangani accentuent l’usure. Une solution vient d’être trouvée : « Nous faisons venir de la peinture résine que l’on pose à la main, elle arrive dans quelques semaines. Elles seront appliquées sur les zones les plus abrasives. »

Loin du budget du PGTD

Se rajoutent à l’agenda les cas où le bitume est à réparer en urgence, « lorsqu’il faut refaire le tapis à la suite d’une usure, nous en profitons pour repeindre également. Comme en Petite-Terre où l’enrobé a été refait ».

Les enfants souvent livrés à eux-mêmes pour traverser

Pour la remise à neuf de la chaussée après les travaux Caribus, la CADEMA est maître d’œuvre, « la peinture fait partie des travaux budgétisés, nous sommes juste là pour contrôler leur normalité ».

La DEAL Mayotte dispose d’un budget de 1,2 million d’euros par an pour l’entretien des routes, « auquel il faut rajouter le financement des travaux de gros entretien de réfection du tapis, comme sur Mamoudzou-Sada où il s’agit de travaux d’investissement et non d’entretien courant ».

On est bien loin de ce que l’ensemble des acteurs Etat et Conseil départemental devraient mettre au panier pour l’entretien des routes puisque le Plan Global Transports et Déplacements (PGTD) l’évalue à 20 millions d’euros à dépenser chaque année.

Il va donc falloir redynamiser les énergies autour du pinceau, il en va de la sécurité des piétons comme des automobilistes.

Anne Perzo-Lafond

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