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Mamoudzou

Tribunal judiciaire : dénoncer ses complices ne paye pas toujours !

Le tribunal de Mamoudzou a jugé ce lundi le 5ème auteur du vol des armes des gendarmes survenu le 13 juillet dernier sur les crètes de Bandrélé. Ayant dénoncé spontanément ses complices lorsqu’il s’était aperçu de la présence d’armes dans « le butin », cela ne l’a pas empêché d’écoper de 3 ans de prison ferme à l’issue de l’audience.

L’affaire avait fait grand bruit en juillet dernier : plusieurs gendarmes, en mission sur les crètes de Bandrélé, s’étaient fait violemment agresser par un groupe de 5 individus masqués et armés de machettes. Ces derniers leur avaient dérobés un sac-à-dos contenant deux pistolets, 3 chargeurs et une grenade de désencerclement. Pris de panique à l’idée que les « délinquants du coin » soient désormais munis d’armes à feu, les villageois de Miréréni avaient aidé les forces de l’ordre à retrouver les malfrats. Grâce à l’audience de ce lundi 23 septembre, on sait désormais que la personne ayant précisément dénoncé les voleurs était en réalité leur complice. En découvrant les armes dans le sac-à-dos de ceux qu’il prenait pour de simples randonneurs, le dénommé Moto a pris peur et a préféré tout dire aux autorités, provoquant automatiquement sa propre dénonciation par ceux qu’il venait de dénoncer. Ces derniers ont même affirmé qu’il était « le chef de la bande ». Le tribunal devait donc démêler ce « méli-mélo » afin de déterminer de quoi Moto était exactement coupable.

agression de gendarmes, crètes de Bandrélé, vol d'armes à feu
De nombreuses agressions ont malheureusement lieu sur le sentier des crêtes de Bandrélé

La première audience relative à cette affaire s’était déroulée le 22 juillet dernier. Les 4 prévenus avaient été condamnés à 4 ans de prison dont 1 avec sursis. Le cas de Moto étant un peu différent, ce n’est que ce lundi qu’il a comparu devant le tribunal. « Comme je les ai dénoncés, je savais qu’ils allaient me dénoncer aussi », a expliqué calmement Moto en ajoutant que le qualificatif de « chef de bande » qu’ils lui avaient attribué était tout simplement de la vengeance. Il a expliqué qu’en découvrant les armes dans le sac-à-dos, il se serait rendu compte que le délit commis était plus grave que prévu. Il aurait alors demandé à ses complices de rendre les armes, ce qu’ils auraient refusé de faire. Il a alors préféré les dénoncer, de peur que les conséquences de ce délit ne prennent des proportions incontrôlables.

« Je ne sais pas ce qu’il m’a pris ce jour-là »

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Laurent Bayon, l’avocat de la défense, a estimé que les dénonciations de Moto méritaient une peine plus légère que celle requise par la substitute du procureur

Inconnu de la justice jusqu’à présent, le dénommé Moto n’est âgé que de 19 ans et est arrivé des Comores en 2015. Orphelin, il a été recueilli par de la famille à Mayotte et vit actuellement de « petits boulots », souvent de nature agricole. Devant le juge et ses assesseurs, il a d’ailleurs prétendu qu’il n’était présent sur les crètes de Bandrélé ce 13 juillet que pour cela à l’origine. Exceptionnellement (selon ses dires) alcoolisé et drogué ce jour-là, il se serait « laisser entraîner » par des amis. Une défense que Thyphaine Colliot, l’une des assesseurs, a du mal à « avaler » : « Vous dites que vous ne faites jamais cela et là, d’un coup, vous vous mettez à agresser des gens, le visage masqué ? Vous comprendrez qu’on a du mal à vous croire… », a-t-elle fait remarquer. « Je ne sais pas ce qu’il m’a pris ce jour-là » a été la seule réponse de Moto, visiblement à court d’arguments. La première audience avait déjà établi que le vol des armes à feu n’était pas volontaire, les agresseurs ne sachant pas qu’ils avaient à faire à des gendarmes. Ces derniers étaient en effet habillés en civil ce jour-là pour accomplir leur mission…une mission qui avait justement pour objectif de repérer les traces des détrousseurs de randonneurs sévissant sur les crètes de Bandrélé !

Qualifiant l’agression et le vol de « faits simples, mais graves », la substitut du procureur, Delphine Mousny, a requis 4 ans de prison dont 1 avec sursis et une interdiction de fouler le sol du territoire français pendant 5 ans. Soit exactement la même peine que pour ses 4 complices. Son avocat, Me Laurent Bayon, a évidemment axé son plaidoyer sur le fait que Moto était allé de son propre chef à la gendarmerie pour dénoncer ses complices. « Ce n’est pas un chef, c’est un suiveur et il a eu un comportement exemplaire depuis son arrestation ainsi qu’au cours de l’audience, cela mériterait qu’on revoie sa peine un peu à la baisse », a-t-il argumenté. Un plaidoyer qui a peu joué sur la décision du tribunal puisque Moto a été condamné à 3 ans de prison ferme sans sursis et à une interdiction de territoire français pendant 5 ans. Soit à peine moins que ses complices…

N.G

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