Cette année les organisateurs du colloque Mayotte en Santé ont choisi trois thématiques : les maladies infectieuses émergentes et ré-émergentes ; santé sexuelle et reproductive ; et addictions. Ces trois thématiques ont en commun de vouloir faire une place centrale à la réduction des risques. Pour l’ouverture officielle de ce colloque, plusieurs intervenants ont prononcé un discours afin de poser les bases des réflexions qui vont être menées ces prochains jours lors des tables rondes.
Une vaste campagne de dépistage du cancer du sein sera lancée dès le mois d’octobre
Sergio Albarello, Directeur Général de l’Agence Régionale de Santé de Mayotte, s’est félicité tout d’abord des thèmes choisis cette année et qui sont essentiels à Mayotte. « Les échanges qui vont être menés, ainsi que les travaux universitaires des scientifiques et des chercheurs présents à ce colloque vont permettre d’améliorer la mise en œuvre des politiques publiques face aux problèmes de santé que connaît notre territoire. Les publications scientifiques seront regardées attentivement et des actions en découleront », a-t-il déclaré. Puis, il a annoncé qu’une grande campagne de dépistage du cancer du sein allait se faire dès le mois d’octobre prochain car « le dépistage du cancer du sein est faible à Mayotte… En 2022, la campagne du dépistage du diabète et de l’hypertension a permis de dépister plus de 10.000 personnes », a-t-il salué. Avant d’insister sur les actions qui ont été menées sur le territoire pour faire face à la crise de l’eau et à l’épidémie de choléra.
Le vice-président du Conseil départemental en charge de la solidarité, l’action sociale et la santé, Madi Velou, a quant à lui plaidé pour une totale transparence des informations et des données concernant le VIH sur notre territoire qui semble faire défaut, et ce en dépit des actions et du travail menés par l’association Nariké M’sada, par ailleurs co-organisatrice de ce colloque. « En 2022, 39 millions de patients dans le monde avaient un traitement à vie contre le VIH… Mais combien de personnes sont touchées à Mayotte ? Il n’y a pas de communication officielle. Je ne comprends pas. Il y a la nécessité de connaître ces chiffres. De plus, quels sont les profils des patients suivis. Qui sont ces personnes ? Là aussi nous devons avoir des données ». Il a ensuite rappelé que le Conseil départemental avait mis en place de nombreuses actions de prévention, notamment en 2023 où « 69 actions collectives d’information sur le VIH et les MST avaient permis de sensibiliser plus de 1.530 personnes ».
La jeunesse comme cible prioritaire pour la prévention en matière de santé
Ce fut autour du préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, de prendre la parole et de constater que l’engagement sur la prévention n’était pas suffisant dans notre territoire. « La prévention est essentielle. Notre cible prioritaire, c’est la jeunesse. C’est auprès d’elle que nous devons faire de la prévention et de la sensibilisation. Les jeunes, ce sont les forces vives de demain. Aussi, nous devons nous poser la question de la jeunesse à la fois d’un point de vue scolaire, sociale mais aussi sanitaire. C’est l’enjeu principal ». Le préfet s’est par la suite félicité d’une part de l’absence d’explosion de l’épidémie de choléra à Mayotte, contrairement à certains de ses voisins, et d’autre part que les actions de prévention menées conjointement par les services de l’État, l’ARS, et les associations, ont permis de contrer l’épidémie. François-Xavier Bieuville a assuré que les mêmes dispositions étaient prises pour éviter l’introduction de la variole du singe (mpox) à Mayotte. « Un plan d’actions est mis en place pour éviter l’arrivée de cette maladie sur le territoire ».
Le pôle de santé publique du CHM renforcé
Jean-Mathieu Defour, Directeur général du Centre hospitalier de Mayotte a également salué le travail des professionnels de santé concernant la gestion de l’épidémie de choléra. « La réactivité et la bonne coordination de l’ensemble des acteurs et des services de l’État ont permis d’éviter la propagation de la maladie », et d’assurer lui aussi que « tout était mis en œuvre pour éviter la variole du singe à Mayotte ». Puis il annoncé la mise en place prochainement d’un projet de département « maladies infectieuses et tropicales » au sein du CHM. « J’ai la volonté de booster ce service, mais je souhaite aussi développer davantage le pôle santé publique du CHM qui pour moi est une pépite car il permet une prise en charge des maladies infectieuses, du VIH ou bien encore de la lèpre ».
Enfin, en réponse aux questions de Madi Velou concernant le manque d’informations sur la prise en charge des patients atteints par le VIH, Jean-Mathieu Defour a indiqué la mise en place d’une unité de recherche clinique au sein du CHM afin de diffuser les publications faites par les médecins de l’hôpital. « Nous allons recueillir et développer les publications du CHM. Avant elles n’apparaissaient pas car elles étaient noyées parmi d’autres publications et se perdaient…À l’avenir elles seront estampillées CHM et seront diffusées plus largement », a-t-il conclu.
Les différents acteurs, qui vont se réunir durant les 4 jours de ce colloque Mayotte en Santé, vont pouvoir échanger, prendre le temps de croiser leurs pratiques, de partager leur expertise, afin d’offrir des solutions pérennes aux difficultés en matière de santé que connaît notre territoire.
B.J.
Le programme des prochains jours