Connue pour être l’un des sites les plus fréquentés au monde par les tortues marines, l’île de Mayotte doit faire face depuis maintenant de nombreuses années à des actes de braconnage. Lors de la crise de la Covid en 2020, 45 tortues avaient été retrouvées mortes sur la plage de Moya, ce qui avait profondément choqué, et avait incité les pouvoirs publics à instaurer des mesures en faveur de la protection des tortues. Ainsi en décembre 2020, la préfecture avait mis en place un « Pacte de sauvegarde des tortues » que le Conseil départemental et les divers acteurs (État, communautés de communes du Sud et de Petite Terre, association Oulanga na Nyamba et Les Naturalistes) avaient signé pour tenter d’endiguer les actes de braconnage.
Plusieurs actions et thèmes avaient alors été recensés : connaître les pratiques de braconnage, accroître la présence sur les plages, améliorer la coordination du groupe de travail, renforcer la protection réglementaire des sites les plus sensibles, communiquer au grand public. En l’occurrence, le Département s’était engagé à renforcer ses équipes, équiper ses agents de moyens logistiques (véhicules, appareil à vision nocturne thermique, arrêté d’autorisation nominatif des agents par la préfecture effectué, …), et avait signé des conventions pour les utilisations partagées des maisons de Moya et Sazilé avec les partenaires notamment.
Un nouveau pacte pour renforcer davantage la protection des tortues marines
Une nouvelle version du Pacte de sauvegarde des tortues marine a donc été signée hier par les divers partenaires historiques (Conseil départemental, Communauté de communes du Sud, Communauté de communes de Petite-Terre, Oulanga Na Nyamba, Les Naturalistes de Mayotte) rejoints par le Conservatoire du Littoral, l’Office français de la biodiversité (OFB), la Communauté d’agglomération du Grand Nord et l’association « le regard du cœur ».
Madi Abdillah Madi Ali, coordonnateur du Pacte de sauvegarde des tortues marines au sein des Naturalistes de Mayotte, reconnait l’efficacité des mesures mises en place lors du 1er Pacte. « Notre présence sur les plages a pour but de dissuader les braconniers et de surveiller les tortues car nous faisons également un suivie scientifique, notamment à Saziley, explique-t-il. Grâce à ce nouveau pacte nous allons pouvoir renforcer notre surveillance des tortues ».
C’est ce que confirme aussi Jeanne Wagner, directrice de l’association Oulanga Na Nyamba pour qui ce 2e Acte va renforcer de manière plus importante la collaboration entre les forces de l’ordre et les différentes associations et parties prenantes « Ce 2e Pacte améliore le 1er qui a été ainsi revu… Nous allons être plus efficaces car nous allons pouvoir recruter d’avantage d’agents afin de surveiller les plages plus souvent et plus longtemps. Il scelle ainsi les engagements financiers de l’État ainsi que des différents partenaires. Ce sont une douzaine de personnes qui seront chargées de surveiller les plages les plus à risques à raison de deux nuits par semaine de 16h à 6h du matin. Elles seront réparties en deux équipes, une en Petite-Terre et l’autre en Grande-Terre. Nous sommes en quelque sorte les yeux des forces de l’ordre, notre rôle est de les prévenir afin qu’elles puissent intervenir rapidement ».
A en croire Jeanne Wagner, les effets du 1er Pacte ont été plus que positifs puisqu’ils ont permis, en seulement 2 ans, de baisser de 80% le braconnage en Petite-Terre et la condamnation de 12 braconniers. « C’est super efficace…ça marche ! On est vraiment content que cela se fasse ».
B.J.