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Justice : « Je vais te tuer comme j’ai tué ton père » 

Lundi, un homme a été jugé en comparution immédiate pour avoir menacé de mort sa nièce. 

« Je vais te tuer, je te le redis, je vais vraiment te tuer, comme j’ai tué ton père », assure un homme de 58 ans à sa nièce, le 27 juillet 2024 à Bandrélé. Tremblante de peur, la jeune femme s’empresse de déposer plainte à la gendarmerie contre son oncle pour des menaces de mort qu’il avait déjà mis à exécution quelques années plus tôt. 

Un homme au lourd passé judiciaire 

En 1998, l’homme avait été condamné pour atteinte sexuelle sur une jeune femme de quinze ans, puis pour des faits de violence commis avec une arme et pour conduite sous l’emprise de l’alcool entre 2006 et 2007, jusqu’à un drame. Le 11 juin 2014, il est condamné à quinze années de réclusion criminelle pour avoir tué son frère. Pourtant, même après sa sortie de détention le 17 novembre 2022, le comportement de l’ancien détenu inquiète et une mesure d’éloignement de six mois lui est assignée pour protéger sa nièce victime de nouvelles menaces de mort : « J’étais interdit de contact avec ma nièce, ça prenait fin le 7 juillet 2024, j’ai respecté cela. », soutient-il calmement.

Des menaces de mort plus graves dans la bouche d’un ancien criminel  

À la barre du tribunal, l’homme, bien connu des services de justice, reconnaît placidement les faits : « Je ne peux pas le nier, c’est sorti de ma bouche. Je l’ai dit sous l’effet de la colère, il n’y a rien d’inquiétant là-dedans (…) Je m’excuse pour ce que j’ai fait. » Pourtant menacer de mort sa nièce, déjà endeuillée et traumatisée par la perte de son père, décédé sous ses coups, ne semble pas freiner l’individu. S’il estime depuis sa sortie de détention, que les relations avec sa nièce « n’étaient pas trop mauvaises », il estime qu’un prêt d’argent serait à l’origine d’une nouvelle discorde. 

Le parquet met le paquet 

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D’après l’article 222-17 du Code pénal, la menace de mort peut être punie de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende

Le moins que l’on puisse dire c’est que les excuses du prévenu n’attendrissent pas le parquet : « Quand ces propos sont tenus par un homme qui a tué, évidemment que ces menaces n’ont pas la même connotation que des menaces dites par n’importe qui sur n’importe qui. » Alors que le prévenu avait déjà reçu plusieurs avertissements pour « contrecarrer ses pulsions violentes », c’est surtout la voix tremblante d’une femme craignant à nouveau l’homme qui a tué son père quelques années plus tôt, qui frappe le public. Pour le parquet, cet homme est l’exemple-même de quelqu’un que la prison n’aurait pas fait réfléchir : « Le naturel revient au galop. À nouveau, Monsieur va revenir chez sa nièce, repasser devant chez elle, puis s’imposer à elle et faire acte de violence sur elle et ses soeurs (…) quand il parle de la mort de son frère, il présente presque cela comme un accident (…) voilà quelqu’un que la prison n’a pas fait réfléchir (…) Il est presque la victime d’une erreur judiciaire. Souhaitant que la victime sorte « rassurée de ce tribunal », le parquet a requis trois ans d’emprisonnement, assortis d’un sursis probatoire de deux ans, ainsi qu’une interdiction d’entrer en contact avec la victime, une interdiction de porter une arme pendant cinq ans, une obligation de soins et de dédommager la victime. 

« On ne peut pas le faire payer du passé », s’exclame la défense 

L’accusé pas plus droit de rentrer en contact acec la victime

Mais pour l’avocate de la défense, Me Cooper, ce procès ne ferait pas table rase du passé : « Parce qu’on est en comparution immédiate, on monte d’un cran sur la durée de la peine. Monsieur reconnaît les faits. Il a un recul sur la commission des actes répréhensibles qu’il a commis (…) On est quand même sur un début de réflexion (…) J’ai l’impression qu’on veut le faire payer du passé (…) Il a déjà été jugé pour cela (…) Je vous demande de ne pas lui faire payer ce qui a déjà été payé auparavant, quinze ans de réclusion criminelle ce n’est pas rien (…) On n’a pas plus d’informations que les faits rappelés (…) Cela fait deux ans que Monsieur travaille en CDI à Bandrélé comme chauffeur-livreur. Il est en capacité de respecter une interdiction d’entrer en contact avec la victime. »

Après avoir délibéré, le tribunal a déclaré coupable le prévenu. L’homme a été condamné à une peine de six mois d’emprisonnement assortie d’un sursis probatoire de trois ans avec une exécution provisoire. Il a en plus une obligation de soins, un dédommagement de 3.000 euros en réparation du préjudice moral, une interdiction de port d’arme pendant trois ans, et une interdiction de contact avec la victime. 

Mathilde Hangard

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