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Abdou Mrendada, un des plus jeunes Directeurs de cabinet mahorais

Tout juste diplômé de l’École nationale des Directeurs de cabinet, Abdou Mrendada s’est confié au JdM dès son retour dans l’île au lagon après avoir reçu son diplôme au Sénat en compagnie de quatre autres Mahorais. Retour sur un parcours exemplaire.

Abdou Mrendada est né à Koungou en 1997 et a passé toute sa scolarité à Mayotte avant de poursuivre ses études supérieures en métropole. D’abord scolarisé au collège de Koungou, il a ensuite effectué ses années de lycée à Chirongui où il a obtenu un bac littéraire en 2015 avec mention Assez Bien (AB). « J’ai toujours aimé la Philosophie…, explique-t-il. Du coup après l’obtention de mon bac je suis allé en métropole à l’université d’Aix-Marseille pour faire une licence de philosophie », qu’il a obtenue sans jamais redoubler ! En 2018, à la suite de l’obtention de sa licence, le jeune mahorais se dirige alors vers la voie du professorat.

« Après ma licence je me suis inscrit à l’Institut national supérieur du professorat et de l’éducation, toujours à l’université d’Aix-Marseille, en master de l’ingénierie de la formation avec une spécialisation en management, environnement et développement durable. Cela a pour finalité de devenir professeur mais aussi de faire du pilotage de formation et de la conception », raconte-t-il. Deux ans passent et Abdou obtient son master brillamment, une fois de plus sans redoubler. Ayant ainsi acquis de nombreuses compétences, le jeune homme décide de revenir dans son île natale pour y être enseignant. « J’avais plusieurs cordes à mon arc…En multipliant les années d’études supérieures j’augmentais mes chances de réussir », confie Abdou.

Une ascension fulgurante

La mairie de Koungou

En 2020, il est ainsi nommé professeur au lycée de Kawéni où il y enseigne la philosophie. Mais il garde quand même un œil bien veillant sur la commune qui l’a vu naître. Ainsi à partir de 2021, il s’engage dans le tissu associatif en devenant community manager du club de foot de Koungou. « C’était une formidable expérience, on a envie de faire plein de choses ! Je m’occupais de la promotion, du partenariat ou encore du mécénat. De plus, cela m’a permis de rencontrer beaucoup de monde, dont notamment le maire de Koungou avec lequel j’ai eu de nombreuses discussions ». En effet, c’était l’époque où a eu lieu l’incendie de l’Hôtel de ville. « Cela a choqué beaucoup de monde… J’ai eu pas mal d’échanges avec le maire, je lui ai proposé des idées, j’avais envie de contribuer à mon niveau pour aider ma ville. C’est à ce moment notamment que j’ai proposé de mettre en place un projet pour les jeunes de Koungou avec les Assises de la jeunesse ».

Plusieurs mois s’écoulent, quand en novembre 2022, le maire de Koungou décide d’étendre plus largement sa collaboration avec Abdou qui est âgé de seulement 25 ans. « Il m’a proposé de devenir Directeur de cabinet de la ville de Koungou ! se rappelle encore avec enthousiasme Abdou. Une proposition de la sorte, ça ne se refuse pas, sourit-il. C’est un maire ouvert, pour qui j’ai beaucoup de respect. Il a vu mon parcours et il a décidé de faire confiance à un jeune de Koungou pour qu’il devienne son Directeur de cabinet ». A la suite de cette proposition, le jeune mahorais n’avait d’autre choix que de quitter l’Éducation nationale, au grand dam de ses élèves.

L’envie d’aller toujours plus loin

Peu de jeunes de 25 ans, que ce soit à Mayotte ou même en métropole, peuvent se targuer d’être Directeur de cabinet d’une commune de plus de 50.000 habitants. « J’ai laissé une situation professionnelle confortable de professeur de philosophie pour un poste avec beaucoup de pression. J’ai accepté en sachant les difficultés qui pouvaient se présenter. Vous êtes sollicités quotidiennement, c’est souvent très lourd car vous avez énormément de responsabilités et de poids sur vos épaules ». Si Abdou a accepté la proposition du maire c’est qu’il a vu en lui quelqu’un d’ambitieux. « Il fait confiance aux jeunes… Je n’ai jamais vu un maire qui fasse confiance aux locaux pour bâtir ensemble l’avenir de la commune. Il est ouvert et preneur d’idées… Je viens et je donne tout mon cœur car c’est vous, lui ai-je dit ». Aussi, Abdou a rapidement été plongé dans le grand bain puisque sa première action en tant que « Dircab » a été la gestion de crise. « Il y avait pas mal de tensions entre les élus après l’incendie de l’Hôtel de ville. J’ai mis en place une stratégie et j’ai ainsi montré mes capacités, tout en me disant que ce poste était fait pour moi ».

En 2023, le kounguai fait alors la rencontre de Zaïdou Tavanday, un des premiers mahorais à avoir été diplômé de l’École nationale des Directeurs de cabinet. « En discutant avec lui j’ai décidé de renforcer mes compétences et d’approfondir mes connaissances. C’est alors que j’ai entrepris de m’inscrire à l’École nationale des Directeurs de cabinet, et mon dossier a été accepté ». Un nouveau challenge se profilait pour Abdou qui a eu la bénédiction du maire de Koungou pour suivre cette formation. « Il a été compréhensif, il avait envie que je réussisse… Il m’a ainsi laissé du temps pour que je puisse m’organiser afin de concilier mon travail de Dircab et la poursuite de ma formation ». Trois jours par mois Abdou avait cours de 9h à 17h en distantiel. « C’était généralement en fin de semaine, du jeudi au samedi. Je devais être à 100% pour la commune mais aussi à 100% pour la formation. Malgré ma forte motivation je reconnais que c’était très dur… ».

Au total 5 Mahorais ont été diplômés cette année de l’École nationale des Directeurs de cabinet

Depuis maintenant une petite semaine, Abdou fait partie des 5 Mahorais de la promotion Simone Veil qui ont été diplômés sur une soixantaine d’étudiants ayant suivi cette formation. En plus de sa licence et de son master, Abdou a également deux autres diplômes, celui de l’École nationale des Directeurs de cabinet et un DU (diplôme universitaire) de manager de cabinet. Aussi, il n’en demeure pas moins satisfait de cette réussite. « C’est un honneur ! C’est un message d’espoir, ça fait du bien. Si les conditions sont réunies, qu’on est déterminé et que l’on a de la force psychologique, on peut y arriver ». En bon philosophe, Abdou aurait pu faire sienne la citation de saint Thomas d’Aquin disant : « À l’impossible, nul n’est tenu ».

Le jeune « Dircab » a aussi conscience de ce qu’il représente pour la jeunesse mahoraise. « Je suis un peu comme une vitrine. J’ai fait un parcours sans fautes. C’est une image que je dois gérer, c’est un honneur mais avec beaucoup de vigilance ». En dépit de cette ascension fulgurante, Abdou n’en demeure pas moins lucide quant à ses responsabilités en décidant d’être acteur du développement de sa ville, et travaille déjà pour 2026. « Le maire est ambitieux…Nous allons continuer les travaux en cours. Nous devons construire une commune plus harmonieuse, plus agréable et mettre tous les moyens nécessaires pour y arriver. Nous devons ouvrir les champs du possible… »

B.J.

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