Ces DCP s’ajoutent ainsi à la liste de ceux dérivants échoués sur la barrière entre décembre 2023 et Mars 2024. Ils ont engendré une grande quantité de déchets plastiques sur certaines des plus importantes plages de ponte de tortue de Mayotte. En effet, les DCP dérivants peuvent être des obstacles à la ponte ou aux émergences. L’échouage de deux de ces dispositifs sur les plages de Charifou au mois de mai, en pleine saison de ponte, peut constituer un risque pour les tortues fréquentant la zone.
De plus, déjà fortement impactées par les activités humaines, l’échouage d’engins de pêche industriel dans ces palétuviers induit une pression supplémentaire sur un écosystème déjà fragile, indique le Parc naturel marin de Mayotte (PNMM) dans un communiqué
L’identification des auteurs est en cours
Les Affaires maritimes et le Parc mènent des enquêtes pour identifier le ou les propriétaires de ces DCP échoués (nationalité et navire). Le ou les armateurs responsables de la dérive de ces DCP encourent des poursuites pour les conséquences de l’échouage notamment pour atteinte à l’environnement par dégradation des habitats marins, pollution et non-respect des prescriptions d’un APB (l’abandon de déchets y est proscrit).
L’activité de la pêche thonière mise en cause
A Mayotte, comme dans une grande partie de l’océan Indien, les thoniers senneurs ont majoritairement recours à l’utilisation de dispositifs de concentration de poissons dérivants sous lesquels ils prélèvent l’intégralité des espèces ainsi attirées.
Or, selon le PNMM, cette méthode a des impacts importants sur l’environnement :
– La pollution (au moins 529 t. de déchets/an sont issus des DCPd des thoniers français),
– L’amenuisement de la ressource en poissons (la majorité des thons obèses et albacore péchés sous DCP sont immatures, ce qui signifie qu’ils ne se sont jamais reproduits)
– La mise en danger d’espèces protégées et/ou emblématiques (enchevêtrement de tortues, requins, mammifères marins…)
– La destruction d’habitats marins (enchevêtrement et casse de coraux, arrachage d’herbiers, …), ce qui met en danger l’ensemble des écosystèmes associés à ces habitats!
Ainsi, depuis 1990, ce sont en moyenne 4.400 tonnes de thons migrateurs (thon albacore, thon germon, thon obèse, bonite à ventre rayée) qui sont pêchés chaque année dans les eaux mahoraises par des navires de différentes nationalités (française, espagnole et seychelloise principalement). Faute d’infrastructure de taille suffisante pour accueillir ces navires et transformer leur marchandise, les produits de cette pêche industrielle ne sont ni débarqués ni mis en conserve à Mayotte. C’est pourquoi le Conseil de gestion du PNMM soutient une pêche durable, côtière et semi-hauturière à l’échelle des eaux mahoraise et pourvoyeuse d’emplois pour le territoire.