« J’ai appris la nouvelle dimanche matin quand la fédération d’athlétisme a publié la liste des athlètes sélectionnés. C’est un rêve de gosse qui devient réalité. Je suis grave content, c’est une véritable récompense que d’être sélectionné pour les JO, encore plus quand ils ont lieu en France, à Paris », confie le hurdler (ndlr : coureur de 110m haies), Raphaël Mohamed. Il faut dire que c’était loin d’être gagné d’avance vu ses performances réalisées cette saison. Même s’il était rapide, ses chronos ne lui permettaient pas d’être dans les minima afin se qualifier pour les JO. « Avec la saison hivernale que j’ai faite, c’était quasi impossible pour moi de penser pouvoir être sélectionné aux JO de Paris. Pouvoir les faire c’est vraiment incroyable ! », peine encore à réaliser le licencié du club d’athlétisme de Mamoudzou.
En effet, le médaillé d’or sur 110m haies au JIOI à Madagascar à l’été 2023 et champion de France du 4x100m, nous confiait en novembre dernier, juste avant d’effectuer un « stage de haute performance » avec l’équipe de France, « Ça va être chaud pour le JO… Il n’y a que 3 places et il faut faire moins de 13,27 secondes pour se qualifier. Je ne suis pour l’instant qu’à 13,49… et il y a de la concurrence. Mais on ne sait jamais ! ». Le président du club d’athlétisme de Mamoudzou et du comité d’athlétisme mahorais Sébastien Synave, plus pragmatique, estimait alors que « s’il va effectuer ce stage c’est qu’il a été identifié par les cadres de la fédération comme un potentiel athlète olympique, donc capable de… ».
Une meilleure préparation
Entre-temps beaucoup de chemin, d’efforts et de sacrifices ont été consentis ainsi qu’une préparation sur-mesure. « Cette année je me sens plus fort grâce sans doute à une meilleure préparation physique, mais ce qui a beaucoup joué je pense c’est le fait de bénéficier également d’une préparation mentale depuis maintenant plusieurs mois ». Il faut croire que cela l’a libéré puisqu’au dernier championnats d’Europe à Rome, en juin dernier, il était confronté aux meilleurs athlètes européens dans sa discipline, le 110 m haies, et Raphaël a réalisé une très belle 4e place, malgré un départ très moyen pour ne pas dire mauvais.
« C’était les premiers championnats d’Europe en équipe de France auxquels je participais… En terminant 4e de la finale je pense que c’est une place plus qu’honorable ». Et pour cause, Raphaël était à seulement à 2/100 du podium… « C’est vrai que j’étais un peu déçu au début d’avoir rater la médaille et d’être passé si près de la 3e place, mais après coup j’étais content de moi et en sortant des championnats d’Europe à Rome j’étais heureux ». Le hurdler a renouvelé cet exploit aux championnats de France quelques semaines plus tard, mais comme il l’avoue, il avait la tête un peu ailleurs. « J’avais un autre objectif qui était de me qualifier pour les JO », raconte-t-il.
En ce qui concerne l’échéance qui va arriver d’ici quelques semaines à Paris, pour l’instant Raphaël est plutôt décontracté et savoure encore sa sélection tout en restant discret. « Je me sens plutôt léger, je ne me pose pas vraiment de grosses questions pour l’instant. Cela arrivera sans doute à l’approche de la compétition, quand la pression va commencer à monter ». Quant à ses objectifs, il ne souhaite pas pour l’instant faire de pronostic. « J’ai fait mon dernier meeting hier à Paris, le Diamond League, où j’ai fait un bon petit chrono en 13’45’’. Je n’ai plus de compétition jusqu’au JO, je vais me reposer et pour le résultat on verra bien ».
D’autres athlètes mahorais espéraient être sélectionnés pour les JO, à l’image de la sprinteuse Nasrane Bacar qui suscitait beaucoup d’espoirs, mais ses performances ne lui ont pas permis de se qualifier. « Ses résultats ont été largement en deçà… Elle n’a malheureusement pas le niveau, ses performances étaient insuffisantes pour intégrer le collectif relai et participer au JO », explique Sébastien Synave.
B.J.