Les personnes qui avaient un avion à prendre ce mardi après-midi « ont eu chaud » : aucune barge n’a circulé ce mardi matin jusqu’à 11h. Motif : les agents du STM avaient exercé leur droit de retrait estimant que « les conditions de sécurité pour naviguer n’étaient pas respectées ». Ils exigeaient également le versement de différentes primes non payées par le Conseil départemental, en charge de la gestion du service, comme celles pour leurs astreintes et leurs permanences. La troisième, plus discutable, concernait le paiement d’une prime pour avoir assuré « de force » un service minimum pendant les barrages, les responsables du Conseil départemental étant parfois venus les chercher jusqu’à chez eux pour qu’ils viennent travailler.
Certains voyageurs ont attendu patiemment de 7h à 11h que le service reprenne, en sachant que cela n’était absolument pas assuré, d’autres se sont tournés vers les taxis boat. La navette de la société Mayotte Explo a tourné à plein régime ce mardi matin, créant une fois de plus des tensions et des mouvements de foule sur les ports de plaisance côté Grande-Terre et Petite-Terre, chacun se bousculant pour être sûr d’avoir un bateau. Il faut dire qu’un avion en direction de la métropole devait s’envoler en fin d’après-midi et que beaucoup de voyageurs étaient paniqués à l’idée de le rater. D’autres opérateurs maritimes sont venus renforcer la navette de Mayotte Explo, certains en profitant très largement puisqu’un témoin nous a affirmé avoir accepté de payer 70 euros pour monter de manière certaine sur un taxi boat ! Si ce cas est extrême, plusieurs autres voyageurs ont quand même payé 30 euros au lieu des 10 habituels. « C’était pour les voyageurs qui avaient beaucoup de bagages car c’est nous qui nous occupons de la manutention : c’est du travail ! Sans compter que la place des bagages nous empêche de prendre des voyageurs supplémentaires », se justifie l’un des patrons des entreprises privées assurant occasionnellement les navettes entre Grande-Terre et Petite-Terre. Certes, mais quand on pense que le tarif d’une traversée en barge pour un piéton est de 75 cents, il y a de quoi comprendre la colère des voyageurs !
Après des négociations constructives avec le Conseil départemental, le service a repris normalement à 11h
Ali Omar, le 3ème vice-président en charge des transports et de la mobilité, a reçu une délégation de salariés du STM dans la matinée et des compromis ont été trouvés pour qu’ils acceptent de reprendre le travail. Une barge était quand même arrivée à 11h, mais les voyageurs craignaient qu’elle ne soit l’unique de la journée. Heureusement, les négociations avec l’élu ont semble-t-il été constructives. « Il est vrai que nos barges ont perdu leur permis de navigation depuis plusieurs années, mais cela ne signifie pas qu’elles ne peuvent plus du tout naviguer », explique Ali Omar. « Nous sommes justement en train de travailler les prescriptions pour remplir les conditions d’obtention du permis », ajoute-il. Ce problème effraie les agents du STM et notamment les capitaines des barges dont la responsabilité est engagée si jamais il arrive malheur à un voyageur, d’où ce droit de retrait. Interrogé sur les raisons de ces manquements depuis plusieurs années, Ali Omar nous confie « ne pas réussir à trouver de cadres techniques compétents à mêmes d’assurer cette mission ». Selon lui il y aurait même « un gros manque de qualification » au sein de tout le personnel du STM, d’où cette incapacité à mettre les barges aux normes de sécurité au niveau national, mais aussi au niveau européen.
« Avant, tout le monde fermait les yeux, mais avec l’augmentation du trafic d’année en année, les agents ont peur de finir par avoir des ennuis, ce qui est compréhensible », révèle-t-il. Afin de résoudre le problème, le Conseil départemental a d’ores et déjà recruté un cabinet spécialisé dans les questions maritimes, « Chess Maritime », déjà venu deux fois en mission à Mayotte. Sur la question des primes, Ali Omar a assuré aux agents qu’il y était favorable, mais qu’il fallait d’abord « étudier la question ». « On ne sait pas qui a le droit à la prime d’astreinte, qui a le droit à celle de permanence et qui a « travaillé de force » pendant les barrages. Nous n’avons aucune visibilité pour l’instant, tout est flou, donc il faut nous laisser du temps, mais ces primes seront payées à terme », a-t-il affirmé. Selon lui un comité de suivi est justement en train d’être créer pour étudier cette question au cas par cas.
Satisfait des promesses du 3ème vice-président, les agents du STM ont donc repris le travail et les rotations ont pu être assurées normalement après la première « barge de l’espoir » à 11h. Le préavis de grève déposé par la CGT pour la semaine prochaine a également été levé.
N.G