Ce sont 24% des agents de La Poste, sur un effectifs total de 220, qui se sont mis en grève ce mercredi matin à l’appel de la CGT-May Poste et de Sud PTT. Ils réclament une prime de 500 euros par agent pour compenser la distribution des plis électoraux en vue des élections législative, mais surtout la prime pour compenser la vie chère déjà mise en place depuis des années dans les autres départements d’outre-mer, sauf Mayotte. « Les agents de La Poste des autres DOM bénéficient de cette prime depuis 2009, mais ici comme d’habitude nous n’y avons pas droit alors que la vie est pourtant plus chère qu’à La Réunion », vitupère Anli Saïd, le Secrétaire Départemental de la CGT-May Poste, soutenu par son collègue de Sud-PTT. Après des années à avoir tenté d’obtenir ce qu’ils considèrent comme « leur dû » par voie de négociations, les syndicats ont appelé à cette grève illimitée, estimant qu’il s’agissait-là « de leur dernier recours pour faire valoir leurs droits » suite à l’échec des dernières négociations avec la direction de La Poste qui ont eu lieu ce mardi 25 juin au soir.
Le problème des primes est loin d’être leur seule revendication. Ils demandent également une réorganisation de la distribution des courriers et colis afin de l’adapter à la quantité réelle affluant sur le territoire, ainsi qu’une amélioration des conditions de travail. « Les climatisations dans les bureaux tombent régulièrement en panne et ne sont jamais réparées, de même pour les véhicules de distribution du courrier. Nous ne pouvons plus continuer à travailler dans ces conditions ! », s’exclame Anli Saïd, bien déterminé à poursuivre la grève jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée. Enfin, last but not least, les agents de La Poste partis à la retraite depuis 2 ans n’ont toujours pas touché un seul centime de leur pension de retraite. « Il manque toujours un papier dans les dossiers, on nous les renvoie systématiquement et ces allers-retours prennent énormément de temps. En attendant, les agents ne sont pas payés. Certains sont obligés de vendre leurs animaux pour pouvoir survivre », explique le syndicaliste.
Seul le siège de La Poste à Paris a le pouvoir d’agir
Pour les retraites, certaines solutions avaient été trouvées en amont de la grève comme ne pas laisser partir un agent à la retraite tant que son dossier n’est pas complet ou accepter le retour au travail de certains agents retraités ne pouvant pas survivre sans leur pension de retraite. La caisse de retraite des fonctionnaires de Mayotte ayant été dissoute, tout est désormais géré à un niveau national, ce qui pose de nombreux problèmes. Sur cette question les négociations ne peuvent plus se faire avec la direction outre-mer de La Poste, qui n’a pas la main sur ces questions, mais doit passer par le siège de La poste à Paris. La direction régionale est donc chargée de faire le lien, mais les grévistes affirment que tant qu’un contact ne sera pas établi, la grève se poursuivra d’une manière illimitée.
Ce mercredi matin, environ 70 grévistes se sont réunis dès 6h devant le centre de tri de Kaweni et ont déambulé en cortège jusqu’à la direction située en face d’EDM pour revenir tenir un piquet de grève jusqu’à midi. Demain jeudi, ils réitéreront l’opération jusqu’à ce qu’une réunion soit tenue avec les responsables du siège, seules personnes à pouvoir répondre à leurs revendications. De son côté la direction de la Poste nous a fait savoir, via un communiqué, qu’elle avait mis en place des mesures pour assurer une continuité de service et que 75% des tournées de distribution ont pu être assurées normalement. Par ailleurs, 11 bureaux de poste sur 14 étaient ouverts et ont pu accueillir des clients. Au contraire des syndicats, la direction estime que « les négociations de mardi soir se sont déroulées dans un climat constructif » et que « la direction avait fait un certain nombre de propositions ». Elle affirme souhaiter « trouver une issue rapide à ce conflit » en « poursuivant le dialogue constructif et de qualité entamé avec ses partenaires sociaux ».
N.G