Accueillant des jeunes de toutes les religions et de toutes les origines, la fondation catholique Apprentis d’Auteuil, se consacre à l’accueil, la formation et l’aide à l’insertion des jeunes en difficulté sociale, ainsi qu’à l’accompagnement de leurs familles.
Le père Bienvenu Kasongo, curé de la paroisse Notre-Dame de Fatima et administrateur d’Apprentis d’Auteuil Mayotte, livrait un message de compréhension des actions de la fondation, parfois compliquées à appréhender dans le contexte mahorais. Et un message d’espoir. C’est à son arrivée en 2007 qu’il découvre l’implantation à Mayotte des Apprentis d’Auteuil. « Je veux avant tout évoquer le Psaume* 125, ‘Si la maison n’est pas bâtie par le Seigneur, les bâtisseurs peinent en vain. Si le Seigneur ne garde pas la ville, la garde veille en vain.’ C’est donc une chance pour nous d’avoir cette fondation catholique des Apprentis d’Auteuil. Ils sont là pour donner leur chance aux jeunes, par l’éducation et la formation, ils participent à construire la vie. Et ils le font avec la foi en plus, le Christ est venu sauver tout homme et tout l’Homme dans toutes ses dimensions. Nous catholiques, nous restons ouverts sur l’universalité, nous composons avec tout le monde dans le but de former ces jeunes pour un avenir meilleur ».
La kermesse était ouverte, sur la scène défilent les jeunes offrant spectacles de danses, de contes, ou de messages. Et des messages, ces garçons et filles qui n’ont pas choisi d’être « nés quelque part », en ont à livrer: « Chaque jour à mon réveil, vous m’exposez au soleil, vous me privez d’un abri, et je ne vis que des débris, je suis un enfant comme les autres, sans éducation, mon avenir est sombre, je suis un enfant comme les autres ». Leur éducatrice Gladys, de Msayidié, pointait les chances « en diminution constante » pour les jeunes d’être scolarisés à Mayotte, « ils ne demandent qu’une seule chose dans la vie, être scolarisé ».
Un homme monte sur scène, Toianmidine, qui déclame sa réalité, « je suis parmi ces jeunes le plus chanceux, car j’étais celui qui avais besoin d’être aidé, et aujourd’hui je fais partie de ceux qui sont en train d’aider ».
Autant de cris de révolte d’enfants soumis à la fatalité de choix de vie de leur entourage proche à leur naissance.
Construction et balades en laka
Pour Nicolas Truelle directeur général d’apprentis d’Auteuil, c’est en 15 ans une montée en puissance de ce qui n’était que le Centre de formation continue Agepac au départ, « quand nous sommes arrivés, c’était une association tenue par des sœurs. Nous avons mené en parallèle le développement de la prévention et la protection et celle de la formation et de l’insertion professionnelle, avec toutes les difficultés que présentent un territoire comme Mayotte. Par moment, on a l’impression que le défi est énorme avec tous ces jeunes, mais j’ai le sentiment que nous apportons notre contribution. Nous avons voulu pour ça multiplier les points d’accès à nos accompagnements sur l’ensemble du territoire. Nous avons également lancé un partenariat avec la Protection judiciaire de la jeunesse pour prendre en charge les jeunes sous-main de justice. »
Une des actions phare d’Apprentis d’Auteuil c’est la lutte contre la déscolarisation, avec le centre M’Sayidié qui a ouvert l’année dernière un 2ème centre d’accueil de jour, et le LEA, le lycée d’enseignement adapté, qui accueille 240 jeunes de la 6ème au CAP. Des élèves qui sont en majorité en grande précarité.
Plusieurs des actions sont cofinancées par les fonds européens, avec des difficultés de bouclage cette année en raison d’un changement de méthode de Bruxelles, nous avions suivi la visite d’une Délégation de la commission européenne dans les locaux de M’sayidié.
En 2023, ils sont 4.422 jeunes et leurs familles à avoir été accompagnés par Apprentis d’Auteuil Mayotte sur les 13 dispositifs d’accueil des jeunes de 8 à 25 ans.
Et d’autres sont en réflexion, comme nous en informe Nicolas Truelle, « Apprentis d’Auteuil Mayotte a lancé le projet d’un atelier chantier de construction de pirogues, qui va permettre d’élargir l’ouverture de ces jeunes vers les métiers de la mer et du tourisme, et ainsi mettre en valeur cette belle île plutôt que de véhiculer la seule image des violences. »
Guillaume Jeu passe la main à Gwénola Coulange mais gardera un œil sur la structure depuis l’île de La Réunion.
* Recueil de chants d’Israël pour le culte : louanges, supplications, demande de pardon, action de grâce
Anne Perzo-Lafond