Les archives, c’est notre mémoire collective. Surtout en l’absence de musée et en attendant que la préfiguration du MuMa réouvre, chacun a l’opportunité d’avoir entre les mains des bribes de l’Histoire de Mayotte et de sa région. En cette Semaine internationale des Archives, plusieurs actions sont mises en place, dont les portes ouvertes de ce vendredi aux scolaires, et de ces samedi et dimanche au grand public.
Le thème de l’année, « Renforcer les archives », trouve sa pleine expression dans la formation en cours des agents des collectivités et de l’Etat à la gestion de leurs propres stocks de documents. C’est la 3ème année que les Archives départementales proposent ce service. « Nous accueillons 70 agents qui sont envoyés par les communes, les services de l’Etat, les intercos, le conseil départemental, les syndicats mixtes, etc. C’est une évolution précieuse pour nous que cette montée en puissance pour ensuite, pouvoir archiver les documents chez nous », nous rapporte Charly Jollivet, docteur en archivistique, spécialiste de l’Histoire des archives de Madagascar, de Mayotte et sa région. Il connait pour avoir déjà travaillé aux archives de Mayotte de 2009 à 2012, qui l’a incité à axer son doctorat sur la région en 2016.
Dans la salle de formation, les agents expliquent leurs besoins, « nous avons beaucoup de documents qui s’entassent dans les pièces, il faut qu’on apprenne à les gérer ». Le formateur nous explique les objectifs : « Nous abordons la base du bon archivage, les bonnes pratiques, trier les documents en fonction de ceux qu’il faut garder et ceux qu’il faut éliminer, le classement, les inventaires, etc. »
Le projet du nouveau bâtiment sortira-t-il des archives ?…
Les archives reçoivent assez peu de visiteurs. Le bâtiment enclavé aux Hauts-Vallons, et son côté exigu ne facilitent pas les accueils de masse comme les écoles. Chaque année, le conseil départemental annonce le lancement du processus de délocalisation des archives départementales à M’roale, mais rien de neuf apparemment, et lors de notre visite, nous ne pouvons que constater l’accélération du délabrement du bâtiment. « C’est certain que dans le futur bâtiment, nous aurons davantage de place pour mettre en place des actions culturelles, notamment en faveur des jeunes ».
Les visiteurs des archives ont tous des objectifs différents : « Nous avons des particuliers lecteurs, environ 150 par an, qui viennent essentiellement pour des démarches administratives dans le domaine du foncier. Ils veulent confirmer des limites de parcelles ou prendre des renseignements sur les mariages en consultant notamment les archives des cadis en vue de jugements supplétifs*, ou des éléments pour prouver leur résidence de longue date à Mayotte. » Pour consulter plus facilement, la numérisation se poursuit, « déjà 50.000 pages de faites », mais « pas encore de site en ligne ».
Bientôt l’enseignement de l’Histoire locale
Du côté du public de professionnels, « nous avons des juristes sur le thème de la propriété toujours, et l’université nous sollicite aussi beaucoup. » Et naturellement, un public d’étudiants et chercheurs. « On peut dire que la moitié de notre public se consacre à des démarches administratives et l’autre, universitaires. »
Un public manque au menu, « nous n’avons pas de généalogistes, ici, les informations se passent par oral. J’aimerais que certains se penchent sur l’histoire de leur famille, car nous avons un petit fond de bibliographie sur la fin du XIXème et début du XXème siècle. Nous avons les archives cadiales jusque dans les années 80 des quatre anciens bureaux de cadis, ainsi que des documents notariaux anciens. «
Un partenariat a été noué avec l’Éducation nationale en vue d’enrichir les programmes d’Histoire-géographie locales : « Un enseignant relais est dans nos murs 6 heures par semaine, pour travailler sur l’adaptation des programmes. L’Histoire et géographie de Mayotte doivent être enseignés aux élèves, une directive du ministère de l’Éducation nationale. Tout devrait être finalisé fin 2024. » Le travail une fois bouclé, sera présenté à l’équipe pédagogique du rectorat.
Pénétrer dans les Archives départementales, c’est gagner en sérénité par le calme de lieux, mais aussi, tomber sur des passionnés qui vous orienteront d’un document à l’autre.
Nous reviendrons dans un autre article sur le programme de ces JPO.
Anne Perzo-Lafond