(Actualisé dimanche 20h heure de Mayotte) Il y a un mois, les actionnaires publics et privés de la compagnie décidaient d’un apport de 10 millions d’euros supplémentaires. Bancale depuis la crise Covid, la survie d’Air Austral était passée par une restructuration de son actionnariat en janvier 2023, la Région Réunion qui détenait jusque-là 99% de la compagnie via la Sematra, cédait une partie ses parts à un groupement privé du secteur du tourisme et de la santé mené par le groupe Deleflie (Clinifutur). Ces derniers formaient la société RunAir, détenant désormais une majorité d’action, 55%, contre 44% à la Sematra.
Auparavant, elle avait reçu l’engagement de 137 millions d’euros de l’Etat français.
Les actionnaires avaient fait savoir en mars que 10 millions seraient remis au pot, sous condition de mesure de gestion internes « plus rigoureuses » et d’un allègement de la masse salariale. Restait à s’entendre sur l’ampleur de l’effort consenti par les 850 employés de la compagnie. C’est ce qui se joue actuellement, les syndicats et la direction sont depuis plusieurs jours autour d’une table pour trouver un « accord de performance collective ». Comme l’indique le terme, il s’agit de retrouver la voie de la rentabilité pour la direction avec des efforts acceptables pour l’ensemble du personnel.
Préavis de grève d’une partie personnel commercial
Or ces derniers jugent avoir déjà transigé beaucoup par le passé, avec leur mise en activité partielle lors de la crise sanitaire, puis le retrait de leur 13ème mois. Les actionnaires demandent un effort de 10% de baisse de rémunération pendant 2 ans contre l’apport de 10 millions d’euros supplémentaires. Car malgré un chiffre d’affaires record de 438 millions d’euros en 2023, la situation reste déficitaire. Air Austral exploite huit appareils, dont trois gros porteurs Boeing 777, sur plusieurs destinations, La Réunion, Mayotte, Madagascar, Tanzanie, Afrique du Sud, Thaïlande, la métropole, etc. Elle avait annoncé se reconcentrer sur les plus rentables.
Les négociations n’ont jusqu’à présent pas abouti*, incitant un des syndicats représentant les personnels naviguant commerciaux, SNPNC-Force ouvrière, à déposer un préavis de grève du 10 au 15 mai 2024. Face à l’affolement provoqué, à Mayotte notamment dont c’est la compagnie historique, territoire que dessert également Corsair mais pas quotidiennement, Air Austral tente de rassurer les passagers sur l’absence de perturbation « à ce jour ».
Joseph Bréma, Président du Directoire de la compagnie, officiellement nommé à ce poste en mars 2023, indique qu’une nouvelle réunion de négociations est prévue ce vendredi 3 mai 2024 dans laquelle il fonde « beaucoup d’espoir »*. Et indique que « Notre priorité à tous doit demeurer la pérennité de la compagnie. Je souhaite par ailleurs rassurer l’ensemble de nos passagers ayant programmé un voyage sur nos lignes pour la période de vacances scolaires du mois de mai, tout sera fait pour garantir la continuité de notre activité. Aucune perturbation n’est à ce jour à envisager. »
A.P-L.
* Face à l’échec des négociations, une nouvelle rencontre était prévue ce dimanche soir à 17h, heure de La Réunion. Mais le préfet ayant quitté la table des discussions après plusieurs heures, une nouvelle réunion est annoncée le mardi 7 mai