Ce mercredi, comme tous les matins le bus de ramassage scolaire du Nord se dirige vers le lycée des Lumières pour y acheminer les élèves quand vers 5h30, en arrivant au niveau de Talus 2 à Majikavo Koropa, une vitre éclate sous l’impact d’un caillou, puis un deuxième, alors qu’il fait nuit dehors. Le conducteur ne perd pas son sang-froid et continue sa route vers l’établissement scolaire. Une élève a été néanmoins blessée à l’œil par un débris de verre, et a été conduite au CHM.
La gendarmerie assure pourtant être présente dans la zone jugée sensible, mais ne peut évidemment pas l’être tous les 100m du trajet des bus. « A peine l’incident s’est-il produit que les gendarmes étaient sur place », assure le Chef d’escadron de la gendarmerie nationale Bertrand Bidet que nous avons contacté.
Le dispositif d’élèves pairs mis en place avec le Rectorat permet aux forces de l’ordre de recevoir des informations en direct des bus, « sur une boucle WhatsApp », le meilleur des renseignements. La Maison de protection des familles (MPF) créée à l’échelle nationale pour un accompagnement des familles par la gendarmerie notamment dans le cadre de violence conjugales, transmet également des informations, dont une vidéo qui a également été diffusée sur les réseaux sociaux. On y voit les élèves, impuissants, recevoir des débris de verre sous l’impact des cailloux, « il y aura un dépôt de plainte des victimes et de l’entreprise de transport du conducteur », rapporte Bertrand Bidet.
Des bus qui tombent par séries à Tsoundzou 1
L’addition de ce mercredi est lourde, fait savoir Frédéric Delouye, directeur de Transdev Mayotte, gestionnaire du marché des transports scolaires : « C’est une hécatombe !, lâche-t-il pour évoquer cette journée de mercredi, nous avons eu 19 véhicules caillassés, 13 à Tsoundzou 1, 3 à Vahibé, un au rond-point Baobab et un en zone gendarmerie, à Majikavo Koropa, le 19ème vient juste d’arriver, il a été attaqué vers 15h à Passamainty », précise-t-il lors de notre échange téléphonique de mercredi après-midi.
Certains bus ont une vitre brisée, d’autres trois, « surtout on compte trois blessés parmi les élèves ».
Un mercredi noir donc pour les bus qu’il a du mal à expliquer, « les caillassages n’ont pas vraiment cessé même pendant le ramadan. Nous en comptions deux à trois par jour, mais là, c’est par série ». Difficile pour autant de savoir s’il s’agit d’une action concertée entre bandes sur plusieurs points du territoire.
Treize bus caillassés à Tsoundzou, cela relève de l’acharnement ! « Au début, trois cars ont été attaqués les uns derrière les autres, nous avons alors sollicité l’action de la police, et quand ils nous ont dit que la situation était réglée, nous avons refait partir des cars, mais qui ont été caillassés à leur tour. Il y a eu trois vagues comme cela jusqu’à 7h20. »
Des vitres plus résistantes
Tout en saluant le travail de la police et de la gendarmerie, le responsable de la gestion du marché est inquiet sur la pérennité du service : « Même si nous aurions préféré ne pas rouler ce mercredi, heureusement que l’Aïd tombe ce jeudi, car si nous faisons tous les efforts possibles, la mise hors service de 19 bus va forcément impacter le ramassage vendredi. »
Trois des quatre transporteurs œuvrant sur le marché sont touchés, le quatrième ayant le lot de Petite Terre. Ce qui veut dire que sur les 278 bus en service sur Grande Terre, une vingtaine sont inopérant. Quand il n’y en a que dix en réserve.
La gendarmerie elle, assure veiller au grain « particulièrement sur les scolaires » : « Nous avons un escadron détaché à Mayotte uniquement sur la sécurisation des espaces scolaires, dont les bus et les établissements, sous forme de postes fixes et de patrouilles mobiles. La vigilance va être encore renforcée, nous restons mobilisés avec une priorité, les espaces scolaires. » Une présence renforcée également dans l’objectif de la mise en place de Wuambushu 2 et qui peut expliquer qu’il n’y ait en zone gendarmerie « que » un seul bus caillassé.
Le directeur de Transdev Mayotte mise sur les mesures annoncées par la ministre, « le remplacement des vitres par du polycarbonate résistant à l’impact des cailloux ». En espérant là encore que la délinquance ne s’adapte pas…
Anne Perzo-Lafond