Difficultés du CHU réunionnais : accusée, Mayotte a pourtant pris sa part

Alors que les difficultés du CHU de La Réunion font de nouveau la Une, pointant le coût des Evasan depuis Mayotte, un petit retour historique n’est pas inutile.

Sur un budget d’un milliard d’euros en 2022, le CHU de La Réunion accuse un déficit de 50 millions d’euros. Les faits ne sont pas nouveaux, en 2019 un rapport d’information de la Délégation aux Outre-mer faisait état de « graves difficultés mettant en cause le fonctionnement du CHU de La Réunion ». Étaient pointées des difficultés budgétaires importantes, et « la mise en place d’un plan de retour à l’équilibre qui se fait au prix des fermetures de sites, l’apparition de tensions sociales au sein de l’hôpital et de la population ».

Rebelote ce mardi 20 février, où le même déficit de 50 millions d’euros était constaté, auxquels s’ajoutaient 37 millions d’euros de charges sociales du personnel impayées.

L’année dernière déjà, la présidente de Région Huguette Bello était montée au créneau sur un défaut de participation du gouvernement de 12 millions au titre du Ségur de la Santé, et sur « l’aide apportée à Mayotte de 15 millions d’euros ».

Cette fois, selon nos confrères de Mayotte la 1ère, était notamment pointée une dépense non remboursée de 10 millions d’euros au titre des Evasan (évacuations sanitaires) depuis notre département.

Les Evasan des assurés sociaux étant pris en charge par la Sécurité sociale, il faut comprendre qu’on parle là du transport sanitaire des non affiliés. Pourtant, renseignement pris auprès de l’ARS, ces patients sont pris en charge par l’AME, l’Aide Médicale d’Etat, donc sur financement Etat, qui n’existe pas hélas à Mayotte, mais qui fonctionne à La Réunion.

Par ailleurs, Mayotte ne peut que déplorer une situation qui découle d’un sous-investissement dans la capacité de soins de son CHM qui date de l’accaparement par le CHU de La Réunion de l’enveloppe du Fonds d’Intervention Régional (FIR) au détriment de Mayotte, dénoncé en 2017 par l’IGAS, l’Inspection Générale des Affaires sociales. « La mission IGAS pointait ainsi que Mayotte ne recevait que 7,5 % au maximum des crédits de l’enveloppe FIR océan Indien, quand l’ARS revendiquait en 2016 un ‘rééquilibrage’», rappelait le Sénat dans un rapport. Ce qui avait provoqué une levée de bouclier à Mayotte, et la création d’une ARS de plein exercice, avec comme heureux corollaire, le triplement des crédits destinés à Mayotte.

A.P-L.

Partagez l'article :

spot_imgspot_img

Les plus lus

Publications Similaires
SIMILAIRES

Grève des barges : confusion, colère et tensions sur les quais

Ce lundi, une grève illimitée a fortement perturbé les traversées entre Dzaoudzi et Mamoudzou. Les rotations ont été réduites, l’information aux usagers a manqué et la tension est montée aux débarcadères. Passagers et conducteurs ont attendu plusieurs heures sous le soleil pour espérer embarquer, dans une atmosphère d’incompréhension, de fatigue et de colère.

Mayotte n’a pas « raflé » l’aide européenne : elle a encaissé le cyclone le plus dévastateur de son histoire

Derrière les chiffres de Bruxelles, une réalité physique et humaine saute aux yeux : Chido a pulvérisé un territoire déjà fragilisé. Si l’Union européenne accorde quatre fois plus à Mayotte qu’à La Réunion, c’est parce que le désastre y a été total — et structurel.

Du Togo aux Seychelles : six jeunes de Mayotte partent pour des missions internationales

Le Togo, Maurice et les Seychelles, dans quelques mois, 6 volontaires du programme Territoires Volontaires (TeVo), rejoindront l'une de ces destinations pour une durée de 8 à 12 mois. Ce lundi 6 et mardi 7 octobre, ils préparent leur voyage lors d'un stage de deux jours au Comité Régional Olympique et Sportif de Mayotte.

Des décombres à l’émotion : le cyclone Chido revisité par la création artistique

À l’Office du Tourisme de Mamoudzou, l’exposition “Les mémoires du vent” a été inaugurée vendredi soir. Elle a rassemblé peintures, photographies et installations sur le thème du passage du cyclone Chido, qui a dévasté Mayotte le 14 décembre 2024. Les artistes ont offert un espace de mémoire et de résilience à une population encore marquée par la catastrophe.