Les manifestants boudent la rencontre avec les élus dont la communication est décalée

A moins d’être complètement déconnecté de la manifestation, il fallait s’y attendre : les « Forces vives » qui manifestent contre l’insécurité à Mayotte, ne se rendront pas à la réunion proposée par les élus dans une optique de « fin de conflit ». Ils justifient les trois préalables.

On se demande quelle mouche a piqué les conseillers départementaux qui titrent « Le Département à l’œuvre pour une fin de conflit social », pour un communiqué invitant les leaders du mouvement à une rencontre ce mardi à 13h « pour réfléchir ensemble à une fin de conflit et de préparer les prochaines rencontres ministérielles sur le territoire ». Si la 2ème partie de la proposition pouvait recueillir une approbation, la relier à l’abandon de la manifestation c’était demander à un mouvement très fédérateur ce dimanche, de se censurer. On espère que nos athlètes aux JO n’ont pas les mêmes conseillers en stratégie !

Sans surprise, c’est par la négative que répondaient les « Forces vives » : « Non, nous n’irons pas à la réunion prévue aujourd’hui avec les élus (…) Alors que nos démarches ont été sincères dans la volonté d’intégrer les élus, nous nous interrogeons aujourd’hui sur leurs véritables intentions. »

Alors que de nombreux habitants sont victimes d’agressions de plus en plus violentes, c’est en préalable une réponse de protection civile que demandent les leaders : « Nous rappelons que Mayotte vit une crise sécuritaire insoutenable rendant la vie impossible sur le territoire. »

L’échec de la lutte contre les arrivées de kwassa, faute de moyens suffisants, et nautiques et en détection (radars, drones, etc.), entretient la flambée démographique et sature les services publics auxquels n’ont plus accès les mahorais, alors que c’était notamment un des objectifs de leur maintien dans le giron de la France. Cette inefficacité dans la lutte contre l’immigration clandestine et dans l’offre sécuritaire aux citoyens, les incitent à se protéger eux-mêmes et à se faire justice, signe d’un déclin démocratique.

« Nous défendons l’équité législative »

départementales, Mayotte
Des élus pas assez « meneurs » et force de proposition

« Les résidents qui ne sont pas autorisés à rester légalement sur l’île doivent la quitter, tandis que ceux qui en ont le droit doivent pouvoir circuler sur l’ensemble du territoire national. Si nous sommes arrivés à cette situation critique c’est parce que Mayotte a toujours été administrée par des lois injustes, différentes de celles appliquées sur le reste du territoire national. Ce mouvement n’a rien à voir avec un mouvement contre des migrants, dont nous reconnaissons les difficultés. Nous défendons l’équité législative pour tous les résidents de l’île, par l’alignement des pratiques juridiques de Mayotte avec celles de la France métropolitaine », soulignent les collectifs dans le même communiqué.

Il s’adresse aux élus en rappelant les trois préalables avant toute levée du mouvement : La fin de l’apartheid réglementaire et juridique appliqué à Mayotte comme le titre de séjour territorialisé, La mise en place de l’état d’urgence sécuritaire avec « une obligation de résultat », et l’Interdiction des camps de migrants à Mayotte.

Or, pour que la situation se règle, le gouvernement ne reconnait que les élus comme interlocuteurs. On se retrouve dans un contexte similaire à 2018, où les élus ne veulent pas entrer dans un mouvement hors la loi car bloquant la libre circulation, mais doivent quand même récupérer de la légitimité. Ça n’est pas passé cette fois, il faudra bien que le dialogue soit renoué.

A.P-L.

Partagez l'article :

Subscribe

spot_imgspot_img

Les plus lus

Publications Similaires
SIMILAIRES

Benoît Gars prend la direction du stratégique Établissement public de reconstruction de Mayotte

Son nom était attendu depuis que le gouvernement a décidé d’une mutation de l’EPFAM en un Établissement public de reconstruction et de développement de Mayotte (EPRDM) : Benoît Gars prend les commandes d’une structure aux pouvoirs élargis

Petite-Terre privée d’eau depuis mercredi : l’usine de dessalement enchaîne les pannes

Petite-Terre est privée d’eau ce vendredi 29 août après un nouvel incident nocturne à l’usine de dessalement, annonce la SMAE.

TMCO : le Centre-Ouest de Mayotte s’offre son réseau de bus

Après Caribus lancé par la CADEMA, la 3CO riposte avec un projet structurant qui veut rééquilibrer l’île.

(Re)construction : publication des premiers arrêtés sur les aides aux collectivités

Enfin de l’aide sonnante et trébuchante ! Alors que la visite de Manuel Valls est confirmée pour ce lundi 1er septembre, il était temps de rassurer. La situation devenait intenable pour les maires qui avaient engagés des investissements sur promesse de l'Etat. Mamoudzou, Chiconi, Petite Terre et Sada sont les premières servies.