Mais alors que son communiqué détaille les embûches, crainte d’envoyer ses enfants à l’école par peur qu’ils ne se fassent caillasser, frilosité des entreprises à répondre aux marchés publics « de crainte que leur matériel soit dégradé, volé ou détruit », baisse de leur chiffre d’affaires par incapacité de se rendre au travail pour leurs salariés « car les routes et les usagers sont pris en otage par les délinquants », etc., c’est le stade de Cavani qui fait l’objet de son appel à mobilisation, dont il estime que les abords ne sont plus sécurisés : « Chaque week-end, les fédérations sportives hésitent à maintenir leurs rencontres par peur de se faire agresser. Depuis plusieurs semaines, elles hésitent aussi à jouer au stade départemental de Cavani occupé par un campement insalubre. »
Pour rappel, l’enceinte sportive relevant du conseil départemental, est devenu le lieu d’implantation des abris de fortune des demandeurs d’asile, majoritairement issus de l’Afrique des Grands lacs. Et ceci en raison d’une absence de mesures de droit commun à Mayotte: insuffisance de logements, non mise en place de l’Allocation pour demandeurs d’asile (Ada). Comme pour le scolaire ou d’autres secteurs à Mayotte, la loi s’applique partiellement en ordonnant d’accueillir, mais sans en donner les moyens.
Après avoir réuni les agents de la Ville le lundi 4 décembre 2023, le maire de Mamoudzou Ambdilwahedou Soumaïla lance un appel général à la mobilisation « à compter du mercredi 6 décembre 2023 et jusqu’à nouvel ordre contre la banalisation de la violence au quotidien et l’installation d’un camp indigne dans la ville chef-lieu. »
Ils sont appelés à se réunir précisément au stade de Cavani, sous le slogan « Non à la violence banalisée ». On imagine la mairie de Mamoudzou se vider de ses agents qui investiraient ledit stade. Ou pas. Comment contrôler la désertion de poste en contrepartie d’une mobilisation ? D’autre part, inciter à s’investir dans l’éducation des enfants, les leur ou ceux des autres, seraient aussi une réponse à la délinquance.
La mairie fonctionnerait donc à partir du 6 décembre de façon dégradée et de manière illimitée donc, avec quand même, indique le maire, un service minimum « de façon à ce que les missions régaliennes de police, l’enregistrement des décès et des naissances, les services liés à la propreté urbaine, la voirie, l’éclairage public ou à la distribution des bouteilles d’eau puissent se poursuivre a minima ». Un pari risqué.
A.P-L.